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L’émir du Qatar assiste au sommet du Golfe en Arabie saoudite : le début de la réconciliation

Les États-Unis, soucieux d’unifier les pays arabes face à l’Iran, ont fait pression pour réconcilier les pays en froid dans le Golfe
Arrivée à al-’Ula, en Arabie saoudite, de l’avion de la délégation qatarie menée par le prince Tamim, le 5 janvier 2021 (AFP)
Arrivée à al-’Ula, en Arabie saoudite, de l’avion de la délégation qatarie menée par le prince Tamim, le 5 janvier (AFP)

Le 41e sommet des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui se tient ce mardi dans la ville d’Al-’Ula, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, avec la présence de l’émir du Qatar, signe le début de la résolution de la crise dans le Golfe.

Dans une déclaration télévisée, le ministre koweïtien des Affaires étrangères, Ahmed Nasser al-Sabah, a annoncé qu’il avait été convenu de rouvrir lundi soir l’espace aérien et les frontières terrestres et maritimes entre l’Arabie saoudite et le Qatar, à la veille du sommet.

Al-Sabah a souligné qu’il avait été également décidé de traiter toutes les questions connexes, en référence aux répercussions de la crise du Golfe.

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Le bureau de l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, a annoncé dans un communiqué que le dirigeant se rendrait au sommet du CCG, une première en trois ans de froid diplomatique dans la région et un signe prometteur de réconciliation.

L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte ont rompu en juin 2017 leurs liens avec le Qatar, l’accusant de soutien aux islamistes, de connivence avec l’Iran ou encore de semer le trouble dans la région.

Le riche et ambitieux émirat gazier a toujours démenti et dénoncé le « blocus » dont il se dit victime.

Les États-Unis, soucieux d’unifier les pays arabes face à l’Iran, ont fait pression pour réconcilier les pays en froid dans le Golfe, tous étant des partenaires stratégiques de Washington.

« Un pas important »

« Nous avons obtenu une percée dans le différend au sein du Conseil de coopération du Golfe », s’est ainsi félicité un responsable américain sous couvert d’anonymat, précisant que Jared Kushner, gendre et conseiller du président Donald Trump, serait présent mardi en Arabie saoudite.

« Les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe plus l’Égypte se rassembleront pour signer un accord qui mettra fin au blocus ainsi qu’aux actions en justice du Qatar », a ajouté le responsable américain.

La rupture avec le Qatar s’est accompagnée de mesures de rétorsion : fermeture des frontières et de l’espace aérien aux avions du Qatar et restriction sur les déplacements de Qataris, ce qui a parfois conduit à la séparation de familles mixtes.

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Le quatuor anti-Qatar avait formulé treize conditions à la reprise des relations avec Doha, notamment la fermeture d’Al Jazeera, chaîne de télévision honnie par de nombreux régimes arabes, des engagements sur la fin du financement de groupes extrémistes ou encore la fermeture d’une base militaire turque sur le sol qatari.

L’émirat a toujours refusé de se plier à ces demandes qu’il juge attentatoires à sa souveraineté.

Le conseiller américain à la sécurité nationale Robert O’Brien a déclaré en novembre qu’autoriser les avions du Qatar à survoler l’Arabie saoudite était une priorité pour le président Trump, dans le cadre de sa politique de pression maximale envers Téhéran.

Selon les médias iraniens, le Qatar – dont les avions sont obligés de contourner l’Arabie saoudite – paye plus de 100 millions de dollars par an pour pouvoir utiliser l’espace aérien de la République islamique d’Iran, une manne pour ce pays étouffé par les sanctions américaines.

La Turquie, qui a soutenu le Qatar durant toute la crise du Golfe, a « salué » la décision de l’Arabie saoudite de rouvrir ses frontières. Il s’agit d’« un pas important vers la résolution du conflit », a jugé le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

Pressions de Washington

« Nous sommes à la veille d’un sommet historique par le biais duquel nous allons rétablir la cohésion dans le Golfe », a de son côté tweeté le ministre d’État émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash.

Pourtant, en décembre dernier, Anwar Gargash avait accusé des médias du Qatar de « saper » les efforts de réconciliation.

Par ailleurs, plusieurs incidents ont opposé les garde-côtes de Bahreïn et du Qatar ces dernières semaines. Et Doha a accusé l’aviation de guerre de Bahreïn d’avoir violé l’espace aérien du Qatar.

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Mais Bahreïn a formellement démenti un tel survol.

« Bahreïn agit par procuration. Alors que les Émiratis et les Saoudiens se sentent obligés de céder à la pression des États-Unis, ils peuvent utiliser Bahreïn comme un perturbateur pour continuer de montrer leur mécontentement à l’égard du Qatar », a souligné Andreas Krieg, professeur adjoint au King’s College de Londres.

Le chef de la diplomatie saoudienne Fayçal ben Farhan avait assuré en décembre qu’un règlement était en vue. Et le Koweït, principal médiateur régional, avait déclaré que toutes les parties en conflit avaient exprimé leur souhait de parvenir à un « accord final » lors des récentes discussions en présence des États-Unis.

Mais pour l’analyste Michael Stephens, les divisions restent toutefois très profondes : « Je pense qu’aucun accord n’a été trouvé. Mais c’est une bonne nouvelle. C’est un grand pas, et le premier pas important », a-t-il déclaré à l’AFP.

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