EN IMAGES : Le célèbre musée et galerie d’art Istanbul Modern rouvre ses portes
La mosquée Nusretiye est située au bord du Bosphore, dans le quartier de Tophane à Istanbul, à deux pas du quartier touristique de Sultanahmet et de l’embouchure de la Corne d’Or. Elle fut bâtie en 1826 par le sultan Mahmoud II, un souverain ottoman considéré comme un réformateur, qui entreprit de moderniser un État ottoman qui commençait à prendre du retard par rapport à l’Europe sur le plan technologique et militaire. Sous le règne de Mahmoud, les Ottomans importèrent un certain nombre d’éléments culturels d’Europe, y compris des styles architecturaux. La mosquée se distingue de l’ère ottomane classique par sa combinaison d’éléments architecturaux traditionnels et de styles baroques d’inspiration européenne, ce qui en fait une structure contemporaine remarquable pour l’époque. Quelques décennies plus tard, une tour de l’horloge fut ajoutée à la façade de la mosquée : celle-ci indiquait l’heure aux passants, contrairement aux autres horloges publiques à travers l’empire qui ne donnaient que les heures de prière. Aujourd’hui, le secteur entourant la mosquée fait l’objet d’un vaste programme de rénovation initié par les autorités turques, comprenant l’ouverture de boulevards commerciaux et surtout la réouverture du célèbre musée et galerie d’art Istanbul Modern. (Photos : Cemal Emden/Istanbul Modern)
Inauguré en 2004, Istanbul Modern s’est rapidement imposé comme l’un des centres culturels les plus importants de Turquie et comme un musée de calibre international. Sa rénovation récente, entreprise par le cabinet d’architectes Renzo Piano, a duré cinq ans jusqu’à sa réouverture en mai 2023. L’édifice abrite des milliers de pièces contemporaines dans des expositions temporaires et permanentes, réparties sur 10 500 m².
Les architectes ont conçu le bâtiment en s’inspirant de la situation du quartier de Tophane, notamment des eaux scintillantes du Bosphore. Étant donné que le site a servi de port pendant plus d’un millénaire, la forme du bâtiment évoque les lignes gracieuses de navires de différentes tailles. Mimant l’interaction entre la lumière du soleil et les eaux du Bosphore, la façade du bâtiment se compose d’une série de panneaux d’aluminium formés en 3D pouvant refléter la lumière à des degrés variables en fonction de l’heure de la journée.
Le bâtiment de cinq étages abrite non seulement de vastes salles d’exposition, mais aussi une bibliothèque, des espaces événementiels, une salle de cinéma et un restaurant offrant une vue imprenable sur le Bosphore, Sainte-Sophie et la Mosquée bleue.
Le design et l’emplacement de l’édifice suscitent des critiques, dans la mesure où il cache la mosquée Nusretiye. L’une des plus célèbres architectes turques, Seda Özen Bilgili, a déclaré dans un tweet qu’elle boycotterait Istanbul Modern, affirmant que le site « obstrue » la vue sur la mosquée depuis la mer.
Les critiques entourant la construction du musée sont liées à la vague de contestation visant Galataport, un projet de grande envergure initié dans le quartier. Au cours des dernières années, de vastes pans du littoral de Tophane ont été fermés pour permettre aux promoteurs de construire un centre commercial au bord de l’eau. La population locale a condamné ce projet, estimant qu’il ne respectait pas le patrimoine et les styles architecturaux historiques de la région. En outre, la nécessité pour les visiteurs de passer deux contrôles de sécurité pour accéder au musée est considérée comme inhabituelle par rapport aux autres grands musées dans le monde.
Pourtant, même en semaine, de longues files d’attente se forment à l’entrée du musée, dont la réouverture attire les amateurs d’art et les jeunes. Le musée propose à ses visiteurs plusieurs expositions, chacune accompagnée d’une publication et de ressources pédagogiques. Présentant plus de 280 œuvres de 110 artistes et deux duos artistiques, l’exposition permanente Floating Islands retrace l’histoire artistique contemporaine de la Turquie de 1945 au XXIe siècle. L’exposition Always Here présente uniquement des artistes féminines contemporaines, dans le droit fil de l’engagement du musée à soutenir et défendre leur travail.
L’exposition In Another Place (photo ci-dessus) rencontre un franc succès : elle propose 22 portraits inédits réalisés par le cinéaste Nuri Bilge Ceylan, lauréat de la Palme d’or en 2014.
Le musée est ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h (heure locale). L’entrée coûte 120 livres turques (environ 5,60 euros) pour les citoyens turcs et 200 livres turques (environ 9,30 euros) pour les visiteurs internationaux.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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