La mort d’Abou Jouleibib porte un sérieux coup à al-Qaïda en Syrie
Il s’appelait Ayad al-Tublasi, alias Abou Jouleibib. Selon plusieurs sources de l’opposition syrienne, il a été tué avec sa garde prétorienne le 29 décembre en Syrie.
De nationalité jordanienne, Abou Jouleibib est le beau-frère d’Abou Moussab al-Zarqaoui, ancien commandant d’al-Qaïda en Irak et inspirateur de Daech.
Al-Tublasi a été l’un des premiers chefs de Jabhat al-Nosra (groupe islamiste armé affilié à al-Qaïda de 2013 à 2016) et avait commandé les opérations dans le sud de la Syrie. C’est sous son commandement que le Front al-Nosra s’est emparé de l’ensemble de la bande frontalière séparant la Syrie de la Jordanie. Sous la pression du groupe État islamique (EI), il quittera ensuite le sud pour se réfugier dans la région d’Idleb en 2016.
À LIRE ► Pourquoi le Front al-Nosra représente le juste milieu pour de nombreux Syriens
Il vivra très mal la mue de Jabhat al-Nosra en Hayat Tahrir al-Cham, qui avait entrepris, pour garder ses soutiens internationaux, de vider ses rangs des membres d’al-Qaïda. Il se retire plus tard pour établir début 2018 une branche officielle d’al-Qaïda en Syrie, connue sous le nom de Tanzim Hurras ad-Din.
En avril 2018, l’organisation prêtera officiellement allégeance à Ayman al-Zawahiri puis se transformera en Nusrat al-Islam après la fusion avec le groupe Ansar al-Tawhid.
Selon des sources de l’opposition, Abou Jouleibib serait rentré à Deraa récemment pour organiser une insurrection contre l’Armée arabe syrienne (forces militaires terrestres syriennes) et les anciens combattants de l’Armée syrienne libre (ASL, force armée opposée à Damas) dans le sud de la Syrie.
« Que Dieu accepte le muhajir jordanien [terme utilisé pour décrire les combattants étrangers] cheikh Abou Jouleibib, tué en martyr avec ses frères muhajiroune à Deraa. La vie est devenue plus difficile à Idleb, alors ils sont allés reprendre la marche du djihad à Deraa », écrit Abou Suraqa al-Shari, un ancien commandant de Hayat Tahrir al-Cham sur son compte Telegram.
Les autorités syriennes ont rétabli le contrôle sur l’ensemble du sud du pays début 2018 suite à une opération militaire éclair qui a débouché sur un accord de réconciliation, suite auquel les combattants de Hayat Tahrir al-Cham ont été autorisés à se retirer à Idleb.
Le plan d’Abou Jouleibib d’implanter un maquis islamiste dans le sud syrien n’aura finalement pas fonctionné. Les services de renseignement syriens ont pu retrouver sa trace, ainsi que celle de ses camarades, notamment Abou Talha al-Muhandis et Salman al-Tunisi, peu de temps après leur arrivée à Deraa.
La liquidation d’Abou Jouleibib porte un sérieux coup à al-Qaïda en Syrie, car adoubé par al-Zawahiri, il bénéficiait de la crédibilité d’al-Zarqaoui, ce qui lui conférait une crédibilité dont très peu de combattants peuvent se prévaloir.
Dans le nord-ouest de la Syrie, des affrontements entre islamistes armés et rebelles ont fait par ailleurs depuis mardi plus de trente morts dans les deux camps
Dans le nord-ouest de la Syrie, des affrontements entre islamistes armés et rebelles ont fait par ailleurs depuis mardi plus de trente morts dans les deux camps, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Hayat Tahrir al-Cham y affronte une puissante coalition de factions rebelles soutenue par la Turquie, le Front national de libération (FNL).
Les combats d’abord limités aux territoires rebelles de la province d’Alep, ont embrasé les provinces voisines de Hama et d’Idleb, ultime grand bastion insurgé du nord-ouest syrien.
Les deux formations sont à couteaux tirés depuis deux ans et s'affrontent régulièrement pour prendre le contrôle de territoires.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].