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Une princesse saoudienne portée disparue implore le roi et le prince héritier de la libérer

La princesse Basmah a twitté qu’elle était détenue sans explication ni charge et que sa santé se détériorait
La princesse Basmah bint Saoud ben Abdelaziz al-Saoud à l’Institut du Moyen-Orient à Washington, le 12 avril 2017 (AFP)

Une princesse saoudienne, portée disparue depuis plus d’un an, a pris publiquement la parole pour la première fois, implorant son oncle, le roi Salmane, et son cousin, le prince héritier Mohammed ben Salmane, de la libérer de prison.

Dans une déclaration publiée sur son compte Twitter certifié, la princesse Basmah bint Saoud ben Abdelaziz al-Saoud explique : « Je suis actuellement détenue arbitrairement dans la prison d’al-Hayer sans aucune charge, criminelle ou autre, contre ma personne. Ma santé se détériore gravement, et cela pourrait entraîner ma mort. »

Elle déclare également avoir été enlevée « sans explication » avec l’une de ses filles et n’avoir reçu aucun soin médical ni réponse aux lettres qu’elle a écrites depuis la prison.

« J’implore mon oncle, gardien des deux saintes mosquées, le roi Salmane ben Abdelaziz al-Saoud, et mon cousin, Son Altesse Royale le prince héritier Mohammed ben Salmane, de revoir mon cas et de me libérer car je n’ai rien fait de mal. Mon état de santé actuellement est TRÈS critique. »

« J’implore mon oncle, gardien des deux saintes mosquées, le roi Salmane ben Abdelaziz al-Saoud, et mon cousin, Son Altesse Royale le prince héritier Mohammed ben Salmane, de revoir mon cas et de me libérer car je n’ai rien fait de mal. Mon état de santé actuellement est TRÈS critique »

- Basmah bint Saoud ben Abdelaziz al-Saoud

Elle tague en outre un certain nombre de politiciens américains, dont le président Donald Trump et la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, mais aussi des organisations de défense des droits de l’homme, comme Amnesty International et Human Rights Watch, ou encore divers médias et journalistes.

Son thread a été retweeté sur le compte officiel du bureau de presse de la princesse, à partir duquel un certain nombre d’articles liés à son arrestation ont également été partagés.

« L’arrestation d’une princesse saoudienne ne devrait pas être une surprise », a déclaré à Middle East Eye Rothna Begum, chercheuse sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord auprès de la division Droits des femmes de l’ONG Human Rights Watch (HRW).

« Par le passé, la princesse Basmah a ouvertement critiqué le bilan du royaume en matière de droits des femmes et son arrestation montre qu’aucune femme, quelle que soit son origine, est intouchable si elle est considérée comme une menace potentielle. 

« D’éminentes militantes des droits des femmes, comme Loujain al-Hathloul et Samar Badawi, sont toujours détenues depuis leur arrestation, il y a près de deux ans, et d’autres femmes sont encore en instance de jugement, risquant d’être de nouveau emprisonnées. » 

La princesse, âgée de 55 ans, est le plus jeune enfant de l’ancien roi Saoud ben Abdelaziz al-Saoud, le deuxième monarque d’Arabie saoudite, et la petite-fille du roi Abdelaziz ben Abderrahmane al-Saoud, dit Ibn Saoud, le fondateur du royaume saoudien. 

Elle s’est bâtie dans la famille royale une réputation de personne au franc-parler. Dans une interview accordée à The Independent en 2012, elle a critiqué la police religieuse pour avoir imposé une ségrégation entre hommes et femmes et produit du « fanatisme », et s’est prononcée contre l’inégalité de la répartition des richesses dans le pays. 

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« Je ne me tairai jamais sur ce qui se passe sur le terrain. L’injustice de la répartition des richesses, le pouvoir qui a été inégalement donné aux gens parce qu’ils obéissent complètement à ceux au-dessus d’eux », a-t-elle dénoncé. 

En janvier 2018, elle a appelé à la fin de l’intervention militaire saoudienne au Yémen lors d’une interview avec BBC Arabic. Elle ne semble pas avoir fait de grandes apparitions dans les médias depuis.

Selon une source proche de la princesse Basmah, qui s’est confiée au média allemand DW, elle a été arrêtée en mars 2019, soupçonnée d’avoir tenté de fuir l’Arabie saoudite avec l’une de ses filles. 

Son avocat, Leonard Bennett, a expliqué qu’en dépit d’une autorisation selon laquelle la princesse pouvait se rendre en Suisse pour recevoir des soins médicaux d’urgence, son avion a été immobilisé à Djeddah et elle n’a pas été autorisée à partir. 

« Elle était sortie des écrans radars. Personne ne savait où elle était. En fait, nous craignions le pire », a-t-il ajouté. 

Le plaidoyer de la princesse intervient à peine un mois après l’arrestation, révélée par MEE, d’au moins vingt princes saoudiens dans le cadre d’une vaste purge menée par Mohammed ben Salmane

Des sources ont déclaré à MEE que la répression faisait partie du plan du prince héritier pour devenir roi avant le sommet du G20 qui doit se tenir à Riyad en novembre.

Traduit de l’anglais (original).

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