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Assassinat du garde du corps du roi Salmane : doutes sur la version officielle

Plusieurs éléments semblent indiquer que le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, serait mêlé à cette sombre affaire
Les hommages se multiplient en Arabie saoudite pour saluer la mémoire du général Abdel Aziz al-Faghm (Twitter)
Par MEE

Le garde du corps personnel du roi Salmane d’Arabie saoudite, le général Abdel Aziz al-Faghm, tué par un de ses amis lors d’une « dispute personnelle » à Djeddah, le soir du 28 septembre, selon des médias saoudiens, aurait en réalité été assassiné dans un des palais officiels de la ville et non pas chez un ami, selon l’activiste anonyme Mujtahidd.

D’après Mujtahidd, le général et l’assaillant auraient été tués par le même groupe car ils étaient « un obstacle gênant à l’exécution d’un ordre de Mohammed ben Salmane ». 

Traduction : « Al-Faghm se trouvait dans le palais et non pas chez un de ses amis. Mohammed ben Salmane le considérait  comme membre de la ''vieille garde'' et se méfiait de lui. MBS avait répété plusieurs fois qu’il voulait l’éloigner ».

Selon la version de la police saoudienne, le général al-Faghm rendait visite à un ami qui recevait plusieurs invités chez lui, à Djeddah, la grande ville portuaire de l’ouest saoudien.

À la suite d’une « dispute » verbale, l’un des invités, qui est également un ami d’Abdel Aziz al-Faghm, a quitté les lieux avant de revenir avec une arme, ouvrant le feu sur le général et le blessant mortellement.

L’assaillant serait un certain Mamdouh ben Machaal al-Ali, fils d’un membre du Majliss choura (conseil consultatif officiel), toujours d’après la police saoudienne.

L’information diffusée hors canaux officiels 

Mamdouh ben Machaal al-Ali a également blessé deux personnes, dont un autre Saoudien et un employé philippin, avant de se barricader et d’échanger des tirs avec des policiers, d’après le porte-parole de la police. Il a été abattu et cinq policiers ont été blessés.

Plusieurs twittos saoudiens doutent toutefois de la version officielle. Ils se demandent, par exemple, comme le fait l’activiste Yahia Ossayri, pourquoi les gardes du général assassiné, postés à l’extérieur de la maison, scène du crime, n’ont pas réagi. 

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Yahia Ossayri s’interroge aussi sur le fait que c’est le neveu d’Abdel Aziz al-Faghm, Baddah, qui a été le premier à annoncer la nouvelle sur Twitter avant même les autorités compétentes. 

Encore plus troublant, il y a cinq mois, l’opposant en exil à Londres Mohammed al-Massari, avait averti sur Twitter le défunt général en l’interpellant : « Ne subis pas le sort d’al-Otaibi », en allusion à l’ancien consul saoudien qui se trouvait à Istanbul au moment de l’assassinat de Khashoggi, il y a un an. Ce diplomate a, depuis, été éloigné des cercles officiels.

On se souvient des images surréalistes, le 6 octobre 2018, du consul invitant un journaliste de Reuters pour « inspecter » le consulat à Istanbul, lui ouvrant tiroirs et placards des différents bureaux pour affirmer que Khashoggi n’y était pas !

D’après Mujtahidd, le prince héritier saoudien a plusieurs fois répété qu’il voulait éloigner cet officier supérieur.   

Un parallèle avec l’assassinat de Khashoggi

Mujtahidd affirme aussi que le prince héritier Mohammed ben Salmane ne faisait pas confiance au général al-Faghm car il le considérait comme un membre de la « vieille garde » des al-Saoud.

L’activiste révèle aussi que le prince héritier a ordonné à la famille d’Abdel Aziz al-Faghm de relayer la version officielle dans les messages de condoléances publiés sur les réseaux sociaux.

« Quiconque croit que le régime saoudien est incapable de commettre de tels actes répréhensibles est fou »

- Abdul Rahman al-Mutairi, opposant saoudien en exil

Le militant politique de l’opposition Abdul Rahman al-Mutairi, qui vit aux États-Unis et qui est un parent du garde du corps décédé, a comparé la mort d’al-Faghm au meurtre de Khashoggi. 

« Ils ont d’abord affirmé que le meurtre de Khashoggi était le résultat d’une bagarre. Ils ont fait de même avec al-Faghm », relève al-Mutairi, en ajoutant : « Quiconque croit que le régime saoudien est incapable de commettre de tels actes répréhensibles est fou ».

Une délégation de la tribu Mutaïr, à laquelle appartient la famille du général assassiné, a demandé à rencontrer le souverain saoudien afin de s’enquérir des résultats de l’enquête alors que se multiplient les zones d’ombres, selon le journal publié à Londres Al-Araby al-jJdid

Le général al-Faghm, 48 ans, a remplacé son père comme garde personnel du défunt roi Abdallah, décédé en 2015.

Il a ensuite été chargé de la protection rapprochée du roi Salmane quand ce dernier a succédé à son demi-frère. Son père, Baddah, a protégé le défunt roi Abdallah pendant trois décennies. 

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