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Comment le prix Nobel de la paix Abiy Ahmed a imprimé sa marque sur le Moyen-Orient

De sa médiation au Soudan à son appel personnel en faveur de la libération d’un magnat saoudien d’origine éthiopienne emprisonné au Ritz Carlton de Riyad, MEE passe en revue comment le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a influencé la région
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed (à droite) a signé un accord de paix historique avec le président érythréen Isaias Afwerki en septembre 2018 (AFP)

Sous un portrait du fondateur de l’Arabie saoudite à Djeddah, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et le président érythréen Isaias Afwerki ont signé un accord de paix qui allait mettre fin à vingt ans d’hostilité entre les deux pays.

Cette action diplomatique a pavé le chemin d’un nouvel espoir de stabilité en Afrique de l’Est et a conduit Abiy Ahmed à recevoir le prix Nobel de la paix vendredi. 

Depuis son arrivée au pouvoir en 2018, Abiy Ahmed a été acclamé comme un réformateur : de la libération de milliers de prisonniers politiques en Éthiopie à l’introduction d’une série de réformes politiques visant à ouvrir la société.

Sa présence s’est également fait sentir au Moyen-Orient et a suscité des réactions tant positives que négatives.

Voilà cinq actions par lesquelles Abiy Ahmed a imprimé sa marque sur la région :

Négociations de paix au Soudan 

Abiy Ahmed a joué un rôle crucial en 2019 en contribuant à négocier un accord de paix au Soudan, pays qui borde l’Éthiopie, entre l’armée et des activistes pro-démocratie. 

Il a contribué à inaugurer une administration dirigée par des civils et des militaires, et à apaiser les tensions au cours de la période de violence qui a suivi la chute du dirigeant soudanais de longue date Omar el-Béchir.

Toutefois, son rôle dans la recherche de la paix au Soudan n’est pas nouveau. En 2018, Abiy Ahmed avait joué un rôle dans les discussions entre le Soudan et son voisin, le Soudan du Sud, au sujet d’un différend territorial maritime.

Barrage de la Renaissance sur le Nil

Le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) a longtemps été une source de discorde entre l’Éthiopie et l’Égypte. 

En construction depuis 2011, ce barrage est situé sur le Nil Bleu en Éthiopie et représente 85 % des eaux du Nil. 

L’Égypte dépend du Nil pour 90 % de son eau douce et craint que le barrage ne restreigne l’approvisionnement en eau du pays. 

L’Éthiopie espère que l’ouvrage deviendra le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique.

Les récentes négociations entre le gouvernement d’Abiy Ahmed et Le Caire ont été rompues quand l’Égypte n’a pas obtenu l’assurance que le barrage n’affecterait pas le débit du fleuve dans le pays. 

Expulsion d’Érythréens d’Israël

Le mois dernier, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré à la presse qu’Abiy Ahmed avait soulevé l’idée d’expulser des demandeurs d’asile érythréens avec l’aide de l’Éthiopie lors de sa visite en Israël au début de l’année. 

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« J’ai la possibilité de vous aider avec des projets très novateurs sur la façon de renvoyer les gens en Érythrée et de les ramener dans de merveilleuses conditions », aurait déclaré le Premier ministre éthiopien, selon Netanyahou. 

Un employé de l’ambassade éthiopienne à Tel Aviv a toutefois démenti toute discussion portant sur des expulsions entre Abiy Ahmed et Benyamin Netanyahou au cours de sa visite. 

« Rien n’a été soulevé à ce sujet lors de la réunion. La discussion portait sur le renforcement des relations bilatérales », a déclaré ce responsable au Times of Israel.

Abiy Ahmed et l’Arabie saoudite

Mohammed Hussein al-Amoudi, un magnat d’origine éthiopienne de nationalité saoudienne, a été arrêté au Ritz Carlton de Riyad sur des accusations de corruption lancées par l’Arabie saoudite en 2018. 

Amoudi a finalement été libéré, mais son maintien en détention aurait pu poser problème en Éthiopie, étant donné qu’il est l’un des principaux investisseurs du pays.  

Abiy Ahmed a confirmé la libération d’Amoudi sur Twitter et a dit à ses partisans qu’il avait personnellement soulevé la question avec le prince héritier Mohammed ben Salmane lors d’un voyage à Riyad l’année dernière.

La relation des deux pays remonte à plusieurs décennies, de nombreux Éthiopiens s’étant installés en Arabie saoudite pour y travailler. 

Bien que l’accord de paix historique entre l’Érythrée et l’Éthiopie ait été signé à Djeddah, le rôle joué par les Saoudiens dans la conclusion de l’accord de paix reste obscur. 

L’implication des EAU dans l’accord de paix avec l’Érythrée 

Les Émirats arabes unis (EAU) sont des soutiens de longue date de l’Érythrée, où ils possèdent un port en eau profonde et leur première base militaire étrangère.

Quand Abiy Ahmed est arrivé au pouvoir en Éthiopie voisine, l’un de ses premiers discours a mis l’accent sur la paix avec l’Érythrée et a appelé les deux pays à adopter un accord de paix des Nations unies signé en 2000 mais ignoré par les deux parties.

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Pour concrétiser cela, la première visite à l’étranger d’Abiy Ahmed en tant que Premier ministre s’est faite en Arabie saoudite, où il a prié Mohammed ben Salmane de demander aux Émirats arabes unis d’amener l’Érythrée à la table des négociations. 

Pour les Émirats arabes unis, la paix entre l’Érythrée et l’Éthiopie est importante car elle permet à Abou Dabi de renforcer son influence dans la région, selon Camille Lions du Conseil européen pour les relations internationales. 

L’Éthiopie reste également fortement dépendante d’Abou Dabi, la majeure partie de ses exportations de viande étant destinée aux Émirats.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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