Iran : les médias annoncent la mort du président Raïssi dans un accident d’hélicoptère
Un hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi et son ministre des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian s’est écrasé alors qu’il traversait un terrain montagneux dans un épais brouillard, selon des officiels iraniens.
L’épave a été découverte à l’aube et les secours ont rapidement indiqué qu’il n’y avait « aucun signe montrant que les passagers de l’hélicoptère » étaient en vie, selon la télévision d’État.
Le ministre de l’Intérieur du pays, Ahmed Vahidi, a confirmé aux médias d’État que l’appareil avait passé un atterrissage difficile.
Selon les médias d’État, en plus d’Hossein Amir Abdollahian, le gouverneur de l’Azerbaïdjan oriental Malek Rahmati et Mohammad Ali Ale-Hashem, le représentant du leader suprême iranien dans la province, se trouvaient dans le même hélicoptère que Raïssi.
شرایط جوی نامناسب و مه سنگین در منطقه
— خبرگزاری تسنیم 🇮🇷 (@Tasnimnews_Fa) May 19, 2024
شرایط جوی نامناسب و مه سنگین در منطقه شرایط جستوجو را با سختی مواجه کرده است pic.twitter.com/7UNQ63KHfR
Traduction : « Mauvaises conditions météorologiques et brouillard épais dans la région [...] rendent les recherches difficiles. »
L’avion se trouvait dans la province iranienne de l’Azerbaïdjan oriental au moment de l’accident. Ce dernier s’est produit près de la ville de Jolfa, à environ 600 km au nord-ouest de la capitale iranienne.
Avant que l’épave ne soit retrouvée, un officiel iranien, qui a préféré rester anonyme, a déclaré à Reuters que Raïssi et Amir Abdollahian étaient « en danger à la suite du crash ».
« Nous gardons espoir mais les informations provenant du site du crash sont très préoccupantes », a déclaré l’officiel sous couvert d’anonymat.
Le président Raïssi, âgé de 63 ans, visitait la province de l’Azerbaïdjan oriental dimanche 19 mai, pour inaugurer un projet de barrage avec son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, à la frontière entre les deux pays.
Au cours d’une conférence de presse, il a de nouveau apporté son soutien aux Palestiniens dans la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza. « Nous pensons que la Palestine est la première question du monde musulman, et nous sommes convaincus que les peuples d’Iran et d’Azerbaïdjan soutiennent toujours les peuples de Palestine et de Gaza et détestent le régime sioniste », a-t-il déclaré.
Un ancien commandant de l’armée de l’air dans le Corps des Gardiens de la révolution islamique (IRGC) a mentionné à Middle East Eye que les hélicoptères utilisés par les officiels du pays étaient « très vieux ».
Les équipes de secours en route vers le site ont été entravées par des conditions météorologiques difficiles, selon Ahmed Vahidi.
Toutes les ressources de l’armée
L’agence de presse Tasnim a rapporté que la zone du crash se trouvait dans un terrain difficile d’accès, posant des défis pour les équipes de secours.
Un porte-parole des services d’urgence a déclaré à Tasnim qu’une ambulance aérienne d’urgence avait été envoyée dans la zone, « mais malheureusement, en raison du brouillard dense, d’autres opérations aériennes n’étaient pas possibles ».
« Plus de vingt équipes de secours dotées d’un équipement complet, notamment de drones et de chiens de sauvetage », ont « été envoyées sur place », selon Irna.
It’s getting dark in Iran…the sun set about 20 minutes ago.
— Yashar Ali 🐘 (@yashar) May 19, 2024
And it has started raining in the area where the Islamic Republic’s president’s helicopter crashed. pic.twitter.com/kQQaCMDmIu
Traduction : « Il fait nuit en Iran… Le soleil s'est couché il y a environ 20 minutes. Et il a commencé à pleuvoir dans la zone où s’est écrasé l’hélicoptère du président de la République islamique. »
Le porte-parole a ajouté que huit ambulances d’urgence de la ville de Tabriz avaient été envoyées sur place, ainsi que des équipes de secours d’urgence pour effectuer une recherche dans la zone et fournir des services médicaux urgents.
Le chef d’état-major de l’armée iranienne, Mohammad Bagheri, a ordonné l’utilisation de toutes les ressources de l’armée et de l’IRGC pour aider aux efforts de sauvetage et de recherche, ont encore rapporté les médias d’État.
L’agence de presse Fars et la page Instagram de Raïssi ont appelé les Iraniens à prier pour le président, en fonction depuis juin 2021. Les médias d’État ont également diffusé des prières tenues pour la sécurité du président à travers le pays.
En cas de décès, place au vice-président, Mohammad Mokhber
La télévision d’État iranienne diffusait en début de soirée des images de fidèles en train de prier pour la santé du président dans plusieurs mosquées, dont celle de la ville sainte de Mashhad (nord-est).
S’adressant à l’agence de presse Mehr, le chef de l’organisation iranienne de secours et de sauvetage a demandé aux Iraniens de suivre les nouvelles sur les médias officiels et de « ne sous aucun prétexte se rendre dans la zone pour éviter d’interférer avec l’opération de sauvetage ».
Les médias d’État ont également rapporté que le gouvernement iranien avait annulé une réunion du cabinet prévue et avait à la place convoqué une réunion d’urgence avec son comité de gestion de crise.
Selon la Constitution iranienne, en cas de décès, de destitution, de démission, d’absence ou de maladie (durant plus de deux mois) du président, le vice-président, avec l’approbation du leader suprême de l’Iran, est chargé d’assumer les responsabilités du président.
Le vice-président, Mohammad Mokhber, a quitté Téhéran en fin d’après-midi pour rejoindre Tabriz en compagnie de plusieurs ministres, selon le porte-parole du gouvernement. C’est lui qui prendrait les fonctions de président en cas de décès de Raïssi, en attendant la tenue d’une élection présidentielle dans les 50 jours.
EN CAS D’ABSENCE du président iranien, c’est à son premier vice-président Mohammad Mokhber d’assurer l’intérim avant l’organisation d’élections présidentielles en #Iran sous 50 jours. pic.twitter.com/VhSSNBagxe
— Armin Arefi (@arminarefi) May 19, 2024
Un conseil composé du président du Parlement, du chef du pouvoir judiciaire et du vice-président est alors requis pour organiser l’élection d’un nouveau président dans un délai maximum de 50 jours.
Ebrahim Raïssi, qui a le titre d’ayatollah, était président de la République islamique depuis près de trois ans.
Considéré comme un ultraconservateur, il avait été élu le 18 juin 2021 dès le premier tour d’un scrutin marqué par une abstention record pour une présidentielle et l’absence de concurrents de poids.
Toujours coiffé de son turban noir et vêtu d’un long manteau de religieux, il avait succédé au modéré Hassan Rohani, qui l’avait battu à la présidentielle de 2017 et ne pouvait plus se représenter après deux mandats consécutifs.
Ebrahim Raïssi est sorti renforcé à l’issue des législatives qui se sont tenues en mars, premier scrutin national depuis le mouvement de contestation qui a secoué l’Iran fin 2022 à la suite du décès de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict de la République islamique.
Le président iranien s’était alors félicité d’ « un nouvel échec historique infligé aux ennemis de l’Iran après les émeutes » de 2022.
Né en novembre 1960 dans la ville sainte chiite de Mashhad (nord-est), Ebrahim Raïssi a effectué l’essentiel de sa carrière dans le système judiciaire, en étant notamment procureur général de Téhéran puis procureur général du pays.
Il figure sur la liste noire américaine des responsables iraniens sanctionnés par Washington pour « complicité de graves violations des droits humains », des accusations réfutées par les autorités de Téhéran.
Âgé de 60 ans, Hossein Amir Abdollahian a été nommé à la tête de la diplomatie iranienne par le président Raïssi en juillet 2021.
Farouche soutien des groupes pro-Iran au Moyen-Orient, ce diplomate a été proche du puissant général Qasem Soleimani, le chef de la force al- Qods des Gardiens de la Révolution tué en Irak en 2020 par une frappe américaine.
La mort soudaine de Raïssi a suscité de nombreuses réactions à l’international. La Turquie a dit « partage[r] la douleur du peuple iranien ami et frère », tandis que le Hamas palestinien a salué un « soutien à la résistance palestinienne ».
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