Iran : les candidats à la succession du président Ebrahim Raïssi
Alors que les politiciens iraniens avaient en tête l’élection présidentielle de 2025, la mort soudaine du président Ebrahim Raïssi a modifié la situation politique en Iran et déclenché une course à laquelle personne ne s’attendait dès maintenant.
Conformément à la Constitution, Mohammad Mokhber, le premier vice-président, est désormais le président par intérim de l’Iran. Selon la loi, Mokhber, ainsi que les chefs du Parlement et du pouvoir judiciaire, doivent préparer et organiser une élection présidentielle dans un délai de 50 jours.
Les noms de diverses personnalités politiques de poids ont circulé comme potentiels successeurs de Raïssi.
Mais les récentes élections suggèrent que l’establishment pourrait empêcher plusieurs des plus éminents parmi eux de se présenter.
Premièrement, ils doivent avoir l’approbation du Conseil des gardiens, un organe dont les membres sont nommés directement et indirectement par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.
Lors de l’élection présidentielle de 2021, par exemple, le Conseil des gardiens avait rejeté les qualifications de nombreux candidats éminents afin d’ouvrir la voie à Raïssi, soutenu par Khamenei et les Gardiens de la révolution.
Les modérés, dont Ali Larijani, conseiller de Khamenei, et les réformistes comme Eshaq Djahanguiri, premier vice-président sous l’administration de Hassan Rohani de 2013 à 2021, ont été exclus de la course.
Middle East Eye se penche sur certains des candidats susceptibles de succéder à Raïssi :
Mohamed Mokhber
Un conservateur modéré qui est actuellement président par intérim de l’Iran.
Mokhber n’était pas populaire dans l’entourage de Raïssi, selon une source gouvernementale.
Cette dernière a expliqué que l’entourage de Raïssi, y compris son gendre Meqdad Nili, avait cherché à destituer Mokhber et à le remplacer par l’ancien commandant des Gardiens de la révolution Parviz Fattah, avant la mort prématurée du président.
Pourtant, la source a également déclaré que Mokhber avait initialement été nommé vice-président sur recommandation de Khamenei, et que si le guide suprême le pressait de se présenter, il le ferait.
Saïd Jalili
Membre du camp des principalistes, souvent appelés partisans de la ligne dure, Jalili a été le négociateur en chef sur le nucléaire pendant plusieurs années à partir de 2007.
Jalili est une figure radicale qui s’oppose à toute interaction avec les États-Unis et à tout accord avec Washington. Il a lancé deux tentatives infructueuses pour devenir président en 2013 et 2021.
Selon une source parmi les conservateurs, l’entourage de Raïssi, y compris son gendre et les principalistes qui l’entourent, sont proches de Jalili et se rallieront sûrement à lui.
Mehrdad Bazrpash
Actuellement ministre de la Voirie et de l’Urbanisme, il est connu pour sa grande ambition. Bazrpash a occupé des postes de direction au sein du gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad de 2005 à 2013.
Selon la même source conservatrice, il est soutenu par des principalistes puissants et riches à l’intérieur et à l’extérieur de l’administration Raïssi. La moitié de l’équipe de Raïssi soutiendrait Bazrpash, tandis que l’autre aurait opté pour Jalili.
Mohammad Bagher Ghalibaf
Ancien commandant de l’armée de l’air des Gardiens de la révolution et ex-maire de Téhéran, l’actuel président du Parlement a tenté à plusieurs reprises de se présenter aux élections présidentielles.
Avant la mort de Raïssi, il était considéré comme son plus grand adversaire, et l’équipe du défunt président a tenté de l’empêcher d’être élu président du Parlement.
Aujourd’hui, il est probablement plus proche que jamais de son rêve de devenir président, puisque son plus grand rival est mort et qu’il peut attirer les conservateurs anti-Jalili et certains électeurs modérés.
Ali Larijani
Modéré aux opinions libérales en matière de politique étrangère et allié de Rohani. En tant que président du Parlement entre 2008 et 2020, Larijani a joué un rôle clé dans l’adoption de l’accord sur le nucléaire, en dépit de vives critiques.
Lors des élections de 2021, malgré sa fidélité à Khamenei, Larijani a été exclu de la course. Une source proche de Larijani a déclaré à MEE que s’il recevait un signal positif de l’establishment, il se présenterait.
Javad Zarif
L’un des hommes politiques les plus populaires d’Iran. Ses opinions en matière de politique étrangère, y compris la nécessité d’un accord avec les États-Unis, ainsi que ses compétences dans le domaine des négociations pour parvenir à l’accord en 2015 ont contribué à sa popularité.
Cependant, cette dernière a quelque peu diminué avec le retrait unilatéral de Donald Trump de l’accord en 2018.
Les principalistes voient en Zarif leur plus grande menace, mais beaucoup pensent qu’il n’obtiendra pas l’approbation du Conseil des gardiens, car l’establishment ne lui fait pas suffisamment confiance, à moins que Khamenei n’intervienne.
En 2021, de nombreux dirigeants réformistes ont exhorté Zarif à se présenter, mais il a refusé. Les choses ont été compliquées par la divulgation d’un enregistrement audio dans lequel on l’entend faire des remarques controversées sur les Gardiens de la révolution. La fuite semblait destinée à empêcher Zarif de se présenter.
Ali Akbar Salehi
Malgré son âge (75 ans), Salehi jouit d’un soutien considérable parmi les conservateurs traditionnels, les réformistes et les modérés. Il est le père du programme nucléaire iranien et a joué un rôle clé dans le succès de l’accord de 2015.
Salehi envisageait de se présenter en 2021 mais a décidé de se retirer.
Abdolnaser Hemmati
Ancien gouverneur modéré de la banque centrale et économiste autorisé à se présenter aux élections de 2021, sa performance s’est révélée prometteuse et inattendue, dans la mesure où il n’est pas une personnalité politique.
Hemmati a des opinions libérales en matière de politique étrangère et économique et souhaitait nommer Zarif au poste de premier vice-président s’il gagnait en 2021.
Un ancien responsable iranien a déclaré à MEE que dans l’incertitude actuelle, aucune décision n’avait été prise mais que quand la situation politique s’éclaircirait, il pourrait décider de se présenter.
Ali Shamkhani
Ancien chef du Conseil suprême de sécurité nationale, Shamkhani a attiré l’attention l’année dernière en signant un accord, négocié par la Chine, avec l’Arabie saoudite pour rétablir les relations entre les deux poids-lourds de la région.
Il est également un ancien commandant des Gardiens de la révolution et ancien ministre de la Défense.
Une source proche des réformistes a déclaré à MEE que Shamkhani se trouvait désormais dans une position favorable car il avait amassé des richesses considérables dans la contrebande de pétrole et le contournement des sanctions américaines.
Cependant, réformistes et modérés ont tendance à entretenir une mauvaise opinion de Shamkhani car il s’est opposé aux efforts visant à relancer l’accord sur le nucléaire lors du deuxième mandat de Rohani.
Il est peu probable que Khamenei lui donne le feu vert pour se présenter aux élections.
Parmi les autres candidats potentiels figurent :
Mohammad-Javad Azari Jahromi – Un ancien ministre des Communications populaire qui pourrait avoir de grandes chances de gagner s’il était approuvé par le Conseil.
Alireza Zakani – Le maire controversé de Téhéran.
Saïd Mohammad – Un jeune commandant des Gardiens de la révolution démis de ses fonctions.
Traduit de l’anglais (original).
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].