Concert de Soolking : après la mort de cinq personnes, la police critiquée pour sa gestion des foules
« C’est assez exceptionnel pour être relevé et c’est peut-être un des effets du hirak : pour une fois en Algérie, des responsables ont été sanctionnés », témoigne à Middle East Eye un cadre des services de sécurité.
Après la mort de cinq personnes, âgées de 13 à 22 ans, jeudi 22 août, dans une bousculade survenue lors d’un concert du rappeur Soolking à Alger, le directeur général de l’Office national des droits d’auteurs (ONDA), organisme public qui organisait le concert, a été limogé par le Premier ministre Noureddine Bedoui.
Samedi, il a été suivi par la ministre de la Culture, Meriem Merdaci, qui a officiellement démissionné, puis par le chef de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), Abdelkader Kara Bouhadba, remercié moins de sept mois après sa nomination.
Aucun motif officiel n’a été donné à ce changement à la tête de la DGSN, qui chapeaute les différents services de police mais une source de sécurité a affirmé à l’AFP que ce limogeage était « lié au concert de Soolking ».
Selon l’agence de presse officielle APS, la bousculade s’est produite vers 20 h « devant une des entrées secondaires du stade du 20-Août où la foule se pressait ». Le concert a commencé 30 minutes plus tard et duré quatre heures, devant « plus de 30 000 spectateurs ».
« Un goulot d’étranglement »
De nombreux internautes ont notamment mis en cause une défaillance des services de sécurité après la bousculade devant le stade du 20-Août, l’un des plus anciens du pays, où avait débuté le concert.
Le parquet d’Alger a annoncé l’ouverture d’une enquête devant « déterminer les responsabilités et les circonstances de cet accident ». Des proches des victimes et de nombreux Algériens ont critiqué l’organisation de ce concert dans ce stade, l’un des plus anciens du pays.
Mais après le limogeage du directeur de l’ONDA, des cadres de l’organisme ont affirmé « avoir accompli leur mission en respectant les procédures » au quotidien algérois Reporters, et que « plusieurs réunions ont été tenues avec les responsables des collectivités locales et les chefs de Sûreté pour assurer le bon déroulement » du concert.
Un cadre de l’ONDA précise également qu’une entreprise de sécurité privée « dont les agents ont de l’expérience dans les gestion des foules de ce genre de manifestation culturelle » avait été sollicitée pour l’occasion. Selon lui, le drame, survenu sur la voie publique, relève donc de la responsabilité des forces de l’ordre.
L’ex-directeur avait, selon le témoignage, demandé à ce que la circulation et le stationnement des voitures soient suspendus au niveau des principales portes du stade pour éviter l’entassement de la foule à l’entrée ». « Nous avons été surpris de constater que cela n’avait pas été appliqué et qu’en plus, il y avait des fourgons de police stationnés le long du mur, ce qui rendait l’accès au stade encore plus difficile en créant un goulot d’étranglement », ajoute-t-il.
« Nous sommes tous dévastés »
Critiqué sur les réseaux sociaux pour avoir poursuivi son spectacle, Soolking a expliqué sur Facebook vendredi en fin d’après-midi n’avoir pas eu connaissance du drame avant ou durant le concert, pas plus que les autres artistes se produisant.
« Aucun de nous n’aurait mis un pied sur scène ayant cette funeste nouvelle », assure le rappeur algérien. « Nous sommes tous dévastés et sous le choc, mais nous savons que ce n’est rien devant la douleur que peuvent ressentir les familles et proches des victimes. »
Le président par intérim Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Noureddine Bedoui, contestés par la rue, ont également publié des messages de condoléances.
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