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Houellebecq distingué par Macron : la médaille de la polémique

Le célèbre auteur français aux déclarations incendiaires sur l’islam et les musulmans s’est vu désigné chevalier de la Légion d’honneur par l’Élysée
L’auteur français Michel Houellebecq à la Foire du livre de Francfort en 2017 (AFP)
Par MEE

L’écrivain français Michel Houellebecq a été fait chevalier de la Légion d’honneur par le président Emmanuel Macron. Cette importante consécration, qui coïncide avec la sortie, vendredi 4 janvier, se son nouveau roman, Sérotonine, a créé la polémique.

Houellebecq, un des auteurs français contemporains les plus importants, prix Goncourt 2010 pour son roman La Carte et le territoire, reste surtout celui qui a écrit Soumission

Sorti en 2015, imaginant l’arrivée au pouvoir en France d’un parti musulman, ce roman a été brocardé par une partie de l’opinion française. Même Manuel Valls déclarait à l’époque : « La France, ça n’est pas Michel Houellebecq (…) Ça n’est pas l’intolérance, la haine, la peur ». 

Michel Houellebecq, admirateur du président américain Donald Trump, n’a jamais caché son aversion pour l’islam et les musulmans. « La religion la plus con, c’est quand même l’islam. Quand on lit le Coran, on est effondré… effondré ! La Bible, au moins, c’est très beau, parce que les juifs ont un sacré talent littéraire… Ce qui peut excuser beaucoup de choses », déclarait l’écrivain au magazine Lire en 2001. 

Poursuivi par plusieurs ONG de défense des droits de l’homme pour racisme et islamophobie, Houellebecq est innocenté par la justice qui lui reconnaît le droit de la critique des religions. 

En 2015, le Guardian lui demande s’il est islamophobe. « Probablement, oui », répond-t-il. « Mais le mot ‘‘phobie’’ signifie ‘‘peur’’ plutôt que ‘‘haine’’ ». La peur du terrorisme, précise-t-il ensuite. 

« Globalement, Israël emploie des moyens plus moraux que les Palestiniens » 

-  Michel Houellebecq

En mars 2011, il provoque encore une nouvelle polémique. L’écrivain, invité de l’Institut français d’Israël à Tel-Aviv, accuse les écologistes français de « collaboration » avec « l’islamisme ».

« Il y a quand même un surcroît revendicatif de la part des musulmans depuis quelques années, on ne peut pas le nier. Il faut dire qu’il y a des gens de nature collaborationniste, les écologistes représentent le cas le plus flagrant, qui sont un peu embêtés avec ces histoires de voile parce qu’ils ont un vague côté féministe. Donc, comme ils ne peuvent pas donner satisfaction aux musulmans sur tout, ils leur donnent au moins satisfaction sur le cas d’Israël en laissant tomber les juifs, comportement de collaborationniste typique », assène Houellebecq. 

« Il faudrait tous les brûler »

Ce dernier se déclare également « pro-israélien » et affirme : « Globalement, Israël emploie des moyens plus moraux que les Palestiniens. Et je suis du côté de la morale, fondamentalement. Du côté du bien contre le mal. »

L’auteur semble avoir du mal à cacher ses sentiments racistes. Face à sa propre mère, ancienne militante communiste, il éclate, commentant la guerre du Golfe de 1991, en virulente diatribes contre les Arabes. « Nous parlions de la guerre du Golfe. Là, il est parti dans une diatribe insensée sur les Arabes, qu’il faudrait tous les brûler », raconte Lucie Ceccaldi, qui s’est brouillée, depuis, avec son fils.    

https://twitter.com/askolovitchC/status/1080002017433714688?ref_src=twsrc%5Etfw

Dès l’annonce de sa désignation par l’Élysée comme chevalier de la Légion d’honneur, le journaliste et auteur français Claude Askolovitch a réagi sur Tweeter en rappelant cette phrase de Houellebecq : « Je vais donner une interview où j’appellerai à une guerre civile pour éliminer l’islam de France. Je vais appeler à voter pour Marine Le Pen ! ». 

Il s’agit d’une déclaration de l’écrivain que son ami et traducteur vers l’anglais, Gavin Bowd, a repris dans un livre autobiographique, Mémoires d’Outre-France, paru en 2016  

« [Les] Français de confession musulmane doivent se faire à l’idée que leur tristesse ne compte pas, c’est la vérité d’une médaille que la République accorde à Michel Houellebecq, et la littérature n’en est que le masque commode », écrit sur Slate Claude Askolovitch.

« L’islamophobie, cette banalité de l’air du temps, est ce qui autorise, au nom de la France, à détester des Français et Françaises pour leur manière de croire, ou d’être, ou de prier, et on peut, celles-là, les écorcher sans même y penser, d’une phrase, d’une autre, d’une breloque, leur souffrance ne compte pas. Michel Houellebecq, de grand talent, excelle en la matière », poursuit Askolovitch.

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