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La princesse Haya de Dubaï fuit son mari : l’infernale saga de la Maison des Maktoum

Encore une crise de famille chez les puissants souverains de Dubaï. Une énième princesse, demi-sœur du roi de Jordanie, fuit le pays, provoquant de multiples tensions diplomatiques… en plus de celles plus sentimentales
Mohammed ben Rachid al-Maktoum, en compagnie de son épouse la princesse Haya bint al-Hussein, à l'hippodrome d'Ascot, dans le sud de l’Angleterre, le 19 juin 2008 (AFP)
Par MEE

La princesse Haya bint al-Hussein, 45 ans, sixième épouse du cheikh Mohammed ben Rachid al-Maktoum, gouverneur de Dubaï, aurait, selon plusieurs médias, fuit l’émirat la semaine dernière pour trouver refuge en Allemagne avec ses deux enfants.

La princesse, demi-sœur du roi de Jordanie Abdallah II, aurait également demandé à divorcer de celui qui occupe les fonctions de vice-président, Premier ministre et ministre de la Défense des Émirats arabes unis (EAU). La fortune du cheikh, poète spécialiste en littérature nabatéenne et passionné (comme son épouse) de chevaux, s’élève à dix milliards d’euros.

Selon le tabloïd allemand Bild, «  l’épouse du cheikh aurait quitté Dubaï avec environ 35 millions d'euros et ses deux enfants, Zayed (7 ans) et sa fille Al Jalila (11 ans) ».

Crise diplomatique 

Pour sa part, le quotidien britannique Daily Mail raconte que « la princesse Haya, qui a fait ses études à Oxford, n'a pas été vue en public depuis le 20 mai et [que] ses comptes de réseaux sociaux sont inactifs depuis le mois de février ».

Le même journal précise qu’elle a été « étonnement absente » lors du souper du Royal Ascot, rendez-vous chic britannique des amateurs de courses de chevaux. « Cette cavalière accomplie », selon le même média,  « accompagne généralement son mari lors de sa visite annuelle à cette prestigieuse manifestation sportive ».

Selon plusieurs médias arabes, un diplomate allemand l’aurait aidée à « s’échapper » de Dubaï, « ce qui risquerait d’entraîner une crise diplomatique entre les deux pays », estime le Daily Mail, qui révèle en outre que « les autorités allemandes auraient refusé la demande de son mari, le cheikh Mohammed ben Rachid al-Maktoum, de faire rapatrier sa femme à Dubaï ».

La princesse jordanienne Haya, le 20 août 1999 lors de la neuvième édition de la Coupe des nations équestres des Jeux pan-arabes à Amman (AFP)

Mais selon The Guardian, il se pourrait que la princesse, « proche de la famille royale britannique et qui possède une maison de 85 millions de livres [95 millions d’euros environ] près du palais de Kensington », serait en fait réfugiée en Grande-Bretagne.

Pour d’autres médias britanniques, la princesse Haya aurait comparu devant un tribunal de grande instance à Londres pour demander l’asile au Royaume-Uni.

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« Des demandes auraient été adressées au Royaume-Uni par des canaux privés de Dubaï demandant son retour aux Émirats arabes unis alors qu’elle se serait inquiétée pour sa sécurité personnelle au Royaume-Uni. Le Foreign Office, cependant, est censé considérer l'affaire comme un différend privé », précise The Guardian.

« Elle ne se sent pas en sécurité »

« Cela soulève de sérieuses questions quant à ce qui l’a poussée à fuir… Après tout, elle est une femme adulte libre et la sœur du roi de Jordanie : mais apparemment, elle ne se sent pas en sécurité », a commenté pour le Guardian Radha Stirling, fondatrice du groupe Dubai Detained, qui défend les droits des personnes ayant tenté de fuir l’émirat.

La monarchie jordanienne se retrouve en plein milieu de ce conflit et tenterait de trouver une solution médiane

Selon le quotidien arabophone londonien al-Quds al-Arabi, le conflit entre les deux époux serait lié à des « pressions » de certaines institutions émiraties ciblant la princesse ; cette dernière, en pleine rupture sentimentale avec son mari, a décidé de quitter le pays avec ses enfants dans le but de les garder alors que l’époux voudrait les récupérer coûte que coûte.

La monarchie jordanienne se retrouve en plein milieu de ce conflit et tenterait de trouver une solution médiane : bien que les EAU soient un alliés précieux pour Amman, il s’agit de la demi-sœur du roi Abdellah II, une princesse très populaire en Jordanie, selon le quotidien de référence.

Certaines sources prêtent au cheikh éconduit Mohammed ben Rachid al-Maktoum ce poème publié sur Instagram : « Vous, traîtresse, vous avez trahi la confiance la plus précieuse, vous avez dévoilé vos jeux et votre nature […] Vous n'avez plus de place en moi, allez vers qui vous a occupée […] peu m'importe que vous viviez ou mouriez ». 

En mars de l'année dernière, la propre fille du dirigeant de Dubaï (avec son épouse algérienne), Cheikha Latifa Mohammed al-Maktoum, alors âgée 33 ans, tentait elle aussi de fuir l'émirat afin de, selon ses dires, pouvoir vivre librement sa vie. Elle révélait dans une vidéo avoir été emprisonnée durant trois ans après une première tentative de fuite en 2002.

Elle rappelait également l’histoire de sa sœur Shamsa, qui avait tenté de fuir Dubaï avant de se faire attraper et garder au secret un très long moment, sous « traitement » des médecins qui la droguaient, la rendant complétement « hystérique ».

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