Les Tunisiens réclament plus de transparence sur la santé de leur président
Le suspense est terminé. La présidence a annoncé lundi soir que le président tunisien Béji Caïd Essebsi (BCE), hospitalisé jeudi après un grave malaise, était sorti de l’hôpital.
« Le chef de l’État a quitté l’hôpital militaire pour son domicile à Carthage après avoir reçu le traitement nécessaire et après son rétablissement », a indiqué la présidence de la République dans un communiqué sur Facebook.
BCE – à 92 ans, il est le plus âgé des chefs d’État après la reine Elisabeth d’Angleterre – est aussi apparu sur une photo publiée lundi soir par la présidence, souriant, au milieu de son équipe médicale.
Jeudi, après son transfert en urgence à l’hôpital militaire de Tunis et alors qu’il se trouvait dans un état « critique », de nombreuses rumeurs avaient évoqué son décès.
L’absence d’informations précises sur sa santé ont amené des citoyens et des activistes tunisiens à réclamer une plus grande transparence sur ce dossier.
Sur les réseaux sociaux, le hashtag « Nous avons le droit de savoir » a été diffusé, accompagné d’un communiqué exigeant que les autorités tunisiennes « informent en toute transparence sur la situation de santé du président de la République et les répercussions sur ses fonctions et l’exercice de ses pouvoirs de manière régulière. »
Des documents médicaux
Les initiateurs de la campagne ont également exigé que « cette information soit basée sur des documents médicaux, préservant la dignité du président de la République et le secret médical, ainsi que le droit des citoyens à l’information et à la transparence ».
Plusieurs hommes politiques, dont le député Ghazi Chaouachi, ou le secrétaire général du mouvement nationaliste Echaab, Zouhair Maghzaoui, ont aussi réclamé sur les réseaux sociaux ou dans des médias locaux une plus grande transparence.
« Il faut trancher sur la question de l’état de santé et de la situation constitutionnelle du chef de l’État dans les deux ou trois jours prochains maximum, après la situation va se compliquer à tous les niveaux », a de son côté estimé Jawhar Ben Mbark, président de l’ONG Réseau Doustourna.
« Le manque de transparence et d’informations précises sont un terrain fertile pour les rumeurs qui ont fini par évoquer le décès du président », dénonce encore le communiqué. « Ces rumeurs ont semé l’inquiétude au sein du peuple et ont conduit à la déstabilisation des institutions étatiques, surtout en l’absence d’une Cour constitutionnelle », critiquent les initiateurs de la campagne.
Huit ans après la révolution, la Tunisie n’a toujours pas de Cour constitutionnelle, seule institution habilitée à constater la vacance du pouvoir.
Les présidents des groupes parlementaires à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) se sont réunis ce mardi 2 juillet pour examiner le parachèvement de l’élection des membres restants de la Cour constitutionnelle.
Le fils du président, Hafedh Caïd Essebsi, également chef de file du parti présidentiel Nidaa Tounes, a indiqué lundi soir sur Facebook que l’état de son père était « normal et si Dieu le veut, il reprendra ses activités dans les jours prochains ». « Après tous ces événements nous avons de nouveau une occasion pour dépasser tous les désaccords politiques avec toutes les parties pour l’intérêt de pays », a-t-il ajouté.
Le président Béji Caïd Essebsi s’est entretenu mardi, par téléphone avec le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur, le rassurant, ainsi que les députés de l’ARP, sur sa santé.
Deux décrets doivent être promulgués sous peu : celui prolongeant l’état d’urgence en vigueur depuis 2015, et celui qui déclenche le processus électoral en appelant les Tunisiens aux urnes pour les élections législatives prévues le 6 octobre.
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