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« Des candidats en mal d’idées et de programmes » : la présidentielle vue du Maroc

Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères (AFP)

« Le royaume marocain a décidé de se tenir à une attitude de non-ingérence par rapport aux récents développements en Algérie », a déclaré en mars Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères, à l’AFP. Et s’écarter de la position officielle marocaine se paye cher.

En mai, les propos du chef du gouvernement, Saâdeddine el-Othmani, qui s’était hasardé à dire : « Avec la nouvelle équipe dirigeante en Algérie, nous espérons trouver des solutions et nous espérons qu’elle n’adoptera pas le même comportement hostile vis-à-vis du Maroc », lui ont valu des réprimandes.

« Le chef du gouvernement n’a lancé aucun appel, mais il a formulé un souhait pour l’ouverture des frontières entre les deux pays, et ce dans une discussion en privé », s’était alors empressé de préciser le porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi.

Le patronat marocain, avant tout au service du Palais
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Autre victime : Salaheddine Mezouar, chef du patronat, a été poussé à la démission pour avoir violé la règle décrétée par le Palais en commentant la situation en Algérie. « Le Maroc s’abstient de tout commentaire à ce sujet. Il n’a ni à se mêler des développements internes que connaît ce pays voisin, ni à les commenter de quelque manière que ce soit », lui rappelait le ministre des Affaires étrangères.

D’ailleurs, la très officielle agence de presse officielle, la MAP, d’ordinaire peu amène envers le voisin algérien, ne s’est livrée à aucune analyse du hirak ni de la présidentielle du 12 décembre.

Une règle dont ne s’embarrassent pas certains journaux réputés proches du pouvoir. Lorsque, par exemple, le candidat algérien Abdelmadjid Tebboune a demandé, le 24 novembre, des excuses au Maroc en déclarant que « les Algériens avaient été humiliés lors de la fermeture de la frontière algéro-marocaine », le site d’information Le360, réputé proche du secrétaire particulier du roi, Mohamed Mounir Majidir, n’avait pas manqué de riposter.

« Les relations algéro-marocaines sont appelées à se compliquer davantage après la sortie, dimanche 24 novembre à Alger, du candidat septuagénaire à la présidentielle contestée du 12 décembre, Abdelmadjid Tebboune », écrivait le journal en ligne le 25 novembre.

« Décidément, les candidats à l’élection présidentielle algérienne, en mal d’idées et de programmes – et tournant en rond dans une campagne pratiquement à huis clos, le scrutin étant rejeté en bloc par la population –, font une fixation sur le royaume. Des accusations de trafic de drogue aux frontières fermées, ils ne savent plus quoi inventer pour attirer une population totalement désintéressée », s’emportait à son tour Hespress en français le 2 décembre.

Sur les réseaux sociaux, les élections algériennes ne passionnent pas les Marocains qui notent que les candidats à la présidentielle sont tous issus du « système ». Certains comparent l’Algérie et le Maroc à l’aune de la répression qui frappe les voix dissidentes, comme le journaliste Ali Lmrabet qui réagit sobrement à l’arrestation du bédéiste Nime.

Pour certains, les élections se réduisent à la candidature d’Abdelmadjid Tebboune : « Caporal Tebboune, même si vous êtes élu par les résidus de la issaba [la bande], vous ne représenterez que vos généraux mais jamais le peuple algérien qui a une tout autre opinion sur un bloc maghrébin fort, uni et enfin débarrassé des casseroles que vous traînez, qui appauvrissent le peuple maghrébin et enrichissent les fils des généraux. Vos magouilles pour faire du Maroc un bouc-émissaire, un ennemi, ne fonctionnent plus », commente un internaute en réaction à un article de Yabiladi.

Pour d’autres, l’ouverture des frontières constitue le seul enjeu du scrutin du 12 décembre. Ainsi, Hijra Express, compte Twitter qui « aide à l’installation au Maroc par le biais de la hijra », va jusqu’à « implorer Allah » de faciliter « l’ouverture de la frontière Algérie/Maroc car il en découlera énormément de bienfaits économiques, sociaux et religieux ».

Par Amine Saadani à Rabat