Au Maroc, le concert d’Enrico Macias accueilli sous les huées des activistes pro-palestiniens
« Dégage Macias », pouvait-on entendre hier soir devant le Megarama. Plusieurs centaines de manifestants pro-palestiniens ont manifesté devant ce complexe culturel de Casablanca pour protester contre le concert d’Enrico Macias. Le chanteur français, âgé de 80 ans, est accusé de sionisme par les militants.
« Il est le fer de lance de l’avancée sioniste dans le monde. Il est engagé dans le projet sioniste et il soutient ouvertement l’armée israélienne », a déclaré à l’AFP Saadia El Ouallous, membre de la Coalition nationale pour la Palestine, lors de la manifestation.
Lorsque le concert avait été annoncé il y a quelques semaines, le Moroccan Academic and Cultural Boycott of Israel (MACBI), membre de BDS Maroc (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), avait publié un communiqué dénonçant le concert, le décrivant comme « une honte et une insulte envers le public casablancais ».
Ces dernières semaines, l’association avait, avec d’autres, appelé à boycotter le concert de Casablanca en présentant le chanteur de variétés comme un « défenseur inconditionnel de l’occupation de la Palestine ».
Dans son communiqué, le MACBI rappelle qu’Enrico Macias a participé à plusieurs événements et manifestations de soutien à Israël. En mai 2014, par exemple, le chanteur a donné un concert lors du 66e anniversaire de la déclaration d’indépendance d’Israël.
Le MACBI précise également que le chanteur a été décoré, en 2006, par le ministère israélien de la Défense « pour son soutien à l’État d’Israël et à son armée tout au long de sa carrière ».
Dans une vidéo relayée mardi 12 février sur Facebook, le Groupe national de travail pour la Palestine avait suivi en lançant un message aux citoyens marocains appelant à se mobiliser contre le chanteur. Dans cette vidéo, vues plus de 10 000 fois à ce jour, deux militants accusent Enrico Macias d’avoir « du sang sur les mains » et appellent le peuple marocain à manifester le soir de son concert.
Slogans, chants, drapeaux et caricatures… les manifestants, sous la surveillance de la police, se sont fait remarquer sans parvenir toutefois à perturber le concert.
Sur les pancartes, ces derniers dénonçaient également la possible venue au Maroc du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, évoquée en janvier dans les médias locaux sans aucune confirmation officielle.
Pour Sion Assidon, l’un des fondateurs de l’antenne BDS Maroc, présent ce soir-là sur place, cette manifestation est d’ailleurs « une première étape, une façon de montrer que si Netanyahou vient, il sera accueilli de la même façon ».
Du fait de ses positions, Enrico Macias, qui se revendique comme « juif berbère arabe », n’a jamais pu, à 80 ans, retourner en Algérie, son pays natal qu’il avait quitté avec sa famille en 1962, pendant l’exode des pieds-noirs.
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