Le Koweït inaugure l’un des ponts maritimes les plus longs au monde
Le pont « Jaber », du nom du défunt émir Jaber al-Ahmad al-Sabah, reliera la capitale koweïtienne à Subbiya, une région du nord de l’émirat, future zone d’activité économique proche des frontières maritime et terrestre avec l’Irak et l’Iran.
Appelée Silk City, cette zone sera un espace de libre-échange entre l’Asie centrale et l’Europe, et nécessitera plus de 100 milliards de dollars d’investissements, selon le gouvernement koweïtien.
L’émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, a assisté à la cérémonie d’inauguration du pont avec le Premier ministre sud-coréen Lee Nak-Yeon et le président du Sénat français Gérard Larcher.
Conçu par le groupe d’ingénierie SYSTRA, basé en France, et exécuté par le géant sud-coréen Hyundai Engineering and Construction, le pont a nécessité cinq ans d’études et de construction.
Son coût a été estimé à 3,6 milliards de dollars, soit 3,2 milliards d’euros.
L’ouvrage est l’un des ponts maritimes les plus longs au monde, souligne SYSTRA dans un communiqué.
Il est soutenu par quelque 1 190 piliers d’un diamètre atteignant jusqu’à 3 mètres et dont la fondation a été creusée pour certains à une profondeur de 72 mètres.
Il s’élève entre 9 et 23 mètres au-dessus de la mer.
Défi technique
La construction de cet ouvrage a été un défi technique, souligne SYSTRA.
« Le recours à une option audacieuse en proposant des monopieux pour supporter l’ouvrage a permis d’en assurer la stabilité dans un contexte géologique défavorable », a déclaré Mohamed Akraa, directeur du projet SYSTRA.
Le chantier a permis, selon l’entreprise, de tenter une première mondiale : la fabrication sur terre, dans une usine spécialement construite, de travées entières longues de 40 et 60 mètres et de 950 et 1 600 tonnes respectivement.
L’ouvrage comporte 36 km de pont en mer en incluant les rampes, deux îles artificielles de 30 hectares chacune et deux polders de 30 et de 60 hectares.
Le pont mettra la capitale koweïtienne à moins de 30 minutes de la prochaine Silk City, au lieu de 90 minutes actuellement, selon des responsables koweïtiens.
La ministre koweïtienne des Travaux publics, Jenan Bouchehri, a souligné à l’occasion l’« importance stratégique » de l’ouvrage, essentiel, selon elle, au développement futur de Koweït.
Membre de l’OPEP, le Koweït dépend étroitement des exportations de pétrole. Le pays a une production quotidienne d’environ 3 millions de barils.
L’émirat peine à diversifier son économie et le projet de Silk City est conçu comme l’un des piliers d’une nouvelle stratégie visant à développer le commerce et l’innovation.
Dans le passé, le Parlement koweïtien, l’un des rares de la région à être élu au suffrage universel, a bloqué des projets de développement, dont un grand complexe pétrochimique, après des enquêtes sur des affaires de corruption présumées de hauts fonctionnaires.
Le choix du nom de Silk City (ville de la soie) pour la future zone de libre-échange rappelle l’ancienne route de la soie entre l’Asie et l’Europe.
Cette zone n’est toutefois pas directement liée au projet de Pékin de « Nouvelles routes de la soie », défendu par le président chinois Xi Jinping.
par Salima Lebel
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