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L’ambassade du Maroc au Pakistan soupçonnée d’évasion fiscale

Une affaire d’importation abusive de produits détaxés en violation avec l’étiquette diplomatique vient s’ajouter à la liste des scandales qui touchent les représentations diplomatiques marocaines depuis quelques années
L’ambassadeur marocain au Pakistan, Mohamed Karmoune (à gauche), en présence de Farogh Naseem, ministre pakistanais du Droit et de la Justice, en octobre 2018 (Twitter/Radio Pakistan)

Le quotidien pakistanais Pakistan Today a révélé, dans son édition du 25 août, que la représentation diplomatique du Maroc à Islamabad, la capitale, était au cœur d’un scandale d’évasion fiscale et d’abus d’avantages liés à des exonérations douanières.

Les Affaires étrangères pakistanaises ont demandé des informations aux services des douanes sur une importation abusive de produits détaxés en violation avec l’étiquette diplomatique. Cette enquête devrait également prouver s’il y a eu revente sur le territoire pakistanais ou ailleurs de marchandises exonérées de frais de douanes.

Selon un document récupéré par le quotidien, l’ambassade du Maroc à Islamabad aurait importé, le 16 août 2019, 26 tonnes de marchandises de la zone franche de Jebel Ali aux Émirats arabes unis. Les documents douaniers démontrent que les deux transitaires qui se sont chargés de l’importation n’avaient pas obtenu au préalable l’autorisation du ministère pakistanais des Affaires étrangères.

Sollicité par l’auteur de l’article, l’ambassadeur marocain, Mohamed Karmoune, a démenti : selon lui, la mission diplomatique chérifienne n’a ni commandé ni importé autant de marchandises. « L’ambassadeur a déclenché une enquête », a affirmé par ailleurs Javed Anwer, responsable administratif de l’ambassade au journaliste. 

De Belgique jusquà Madagascar

Ce n’est pas le premier scandale qui secoue une ambassade marocaine. En novembre 2008, la communauté marocaine au Danemark avait organisé des sit-in pour dénoncer l’attitude du consul général ainsi que de l’ambassadeur (une femme) du Maroc. Les mis en cause étaient accusés de corruption et de harcèlement sexuel envers des ressortissantes marocaines. L’ambassadeur et le consul ont été relevés de leurs fonctions.

Cinq ans plus tard, l’espion en chef de l’ambassade marocaine en Guinée-Bissau a été accusé de tentative de viol sur une collègue. Il fut renvoyé, en compagnie de la victime, au Maroc. À Bruxelles en 2013, 300 plaintes ont été déposées contre certains employés de l’ambassade, là encore accusés de « harcèlement sexuel et de pratique anarchique des frais de dossiers et procédures », affirmait l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) en Belgique.

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En 2016, c’est le premier diplomate marocain à Madagascar qui suscite la polémique. Mohamed Amar, ambassadeur à Antananarivo, fait l’objet d’une enquête « suite à des informations recoupées selon lesquelles ce dernier aurait procédé notamment à des détournements de fonds à l’occasion d’opérations humanitaires décidées en faveur du peuple malgache », affirment des médias marocains. Il aurait « agi de manière discriminatoire à l’égard des communautés non musulmanes du pays ». Le scandale avait coïncidé avec la visite du roi du Maroc, Mohammed VI, sur l’île.

Plus récemment, en janvier 2019, une fonctionnaire de l’ambassade du Maroc à Accra au Ghana a été obligée de démissionner suite au harcèlement sexuel dont elle se disait victime de la part de l’ambassadeur. 

En juillet 2019 à Bruxelles, un responsable de l’ambassade a aussi été accusé par une enseignante d’arabe affectée par la fondation Hassan II en Belgique, de harcèlement sexuel. 

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