EN IMAGES : La jeunesse oubliée de Zaouïa, ville pétrolière libyenne
Le pétrole est l’élément vital de l’économie libyenne et les tuyauteurs de la grande raffinerie de Zaouïa, à l’ouest de Tripoli, connaissent la valeur de leur travail. « Nous, les tuyauteurs, sommes spécialisés dans la construction et l’ingénierie dans le domaine des systèmes à haute pression, ce qui rend notre travail essentiel à la distribution des ressources ici à Zaouïa », explique Ali Khalifa, tuyauteur et photographe. Cet homme de 24 ans est né dans une famille d’agriculteurs à Bir Terfas, une banlieue de Zaouïa. Depuis 2014, il travaille à plein temps comme tuyauteur à la raffinerie (MEE/Ali Khalifa).
La raffinerie de Zaouïa est le centre économique de la ville depuis sa construction en 1974. Elle est devenue un champ de bataille stratégique dans la guerre civile de 2011 entre forces pro-Kadhafi et rebelles. Depuis, ses installations sont tombées entre les mains de divers groupes armés. La Libye est elle-même divisée depuis 2014 en deux camps militaires et politiques rivaux, établis dans la capitale Tripoli et dans l’est. « La question la plus fréquemment posée à Zaouïa est “De quelle tribu êtes-vous ?” », explique Khalifa (MEE/Ali Khalifa).
Un groupe de jeunes apprentis de l’usine a récemment participé à une cérémonie de remise de diplômes, mais les possibilités ne sont plus les mêmes qu’avant. « C’est extrêmement frustrant pour les jeunes Libyens de Zaouïa », explique Khalifa. « Des professions autrefois stables, comme la forge, la menuiserie ou l’agriculture, ne fournissent plus un revenu suffisant. La région continue de subir des coupures de l’approvisionnement en essence et en électricité, les guichets automatiques et les banques sont souvent vides, même la centrale électrique s’arrête parfois. » (MEE/Ali Khalifa)
L’un des plus proches de Khalifa, Abdul Hamid Ali Bin Isa, ou Abdo, faisait autrefois un détour de 170 kilomètres le long de la route de montagne légèrement plus sûre pour aller de Zaouïa aux gisements pétroliers à Oubari, au sud. Ce détour était suivi d’un vol de trois heures depuis l’aéroport principal de Tripoli. Il travaille maintenant avec Khalifa à la raffinerie de pétrole. De nombreuses autres personnes moins chanceuses qu’Abdo, faisant face à des difficultés pour conserver un emploi, quel qu’il soit, ont rejoint des groupes armés ou tenté de traverser la Méditerranée, selon Khalifa. (MEE/Ali Khalifa)
Ce terrain est l’un des seuls terrains de football entretenus de la ville. « Les jeunes d’ici n’ont pas vraiment de vie sociale », raconte Khalifa. Zaouïa n’est pas comme Tripoli. Dans la capitale, il y a des choses à faire pour les jeunes, des endroits où vous pouvez aller avec votre moitié, par exemple… « Bien sûr, il y a beaucoup de cafés dans la ville. Les cafés Yamen et Panorama sont très populaires. Mais au-delà de ça, il n’y a rien. » (MEE/Ali Khalifa)
Il est difficile d’échapper à la crise politique plus large qui engloutit le pays. De récentes frappes aériennes ont manqué de peu le site de la raffinerie. De nouvelles attaques pourraient mettre en péril l’avenir de la raffinerie tout comme celui de Khalifa. (MEE/Ali Khalifa)
Pendant son temps libre, Khalifa descend sur les quais pour pêcher avec des amis. Riyad, un ancien entrepreneur qui a brièvement travaillé avec Ali, figure sur beaucoup de ses photos, même s’il affirme ne pas connaître son nom de famille. (MEE/Ali Khalifa)
« En réalité, je fais partie d’une poignée de chanceux . », confie Khalifa. « J’ai obtenu mon diplôme d’études secondaires en 2011 et j’ai trouvé un emploi stable avec un salaire décent. Je ne suis pas un soudeur ordinaire comme Riyad [photographié ici avec le dos tourné vers la Méditerranée], qui fait des va-et-vient avec des contrats à temps partiel. » (MEE/Ali Khalifa)
Khalifa dit que le travail lui prend la majeure partie de son temps en semaine, même s’il voit ses amis de temps en temps autour d’un barbecue et d’embakebka, un plat traditionnel libyen à base de pâtes. « J’apprécie particulièrement les activités solitaires comme le dessin, la lecture de livres scientifiques et les jeux vidéo. » (MEE/Ali Khalifa)
Un des plus jeunes cousins de Khalifa joue dans la ferme familiale juste au sud de Zaouïa. « Pendant des années, j’ai voulu fuir la Libye et m’installer aux États-Unis. Mais récemment, j’ai changé d’avis et aujourd’hui, je veux rester et aider à apporter la stabilité. De plus, je dois aider à soutenir ma famille. » (MEE/Ali Khalifa)
Deux hommes pêchent sur le rivage à côté de la raffinerie au coucher du soleil. « En été, le littoral grouille de gens, jeunes et plus âgés », indique Khalifa. « Les plages d’al-Motred et de Jod De’am sont des endroits particulièrement populaires. Les gens viennent pour profiter de la brise fraîche mais aussi parce qu’il n’y a pas grand-chose d’autre à faire. » (MEE/Ali Khalifa)
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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