Affaire beIN Sports : la guerre froide entre l’Arabie saoudite et le Qatar continue
« Choqué mais pas surpris » : c’est ainsi que la chaîne qatarie beIN Sports, un des plus grands diffuseurs de sport au monde, a accueilli la dernière décision, mardi, de l’Arabie saoudite de définitivement suspendre la licence de la chaîne, déjà interdite de diffusion dans le royaume depuis la mi-2017 en raison d’un différend diplomatique entre les voisins du Golfe.
L’Autorité générale de la concurrence saoudienne (GAC) a déclaré mardi qu’elle condamnait également beIN Sports à une amende de 2,3 millions d’euros pour des pratiques « monopolistiques ».
« Le GAC a mené des enquêtes après les plaintes déposées contre beIN Sports. Les résultats de ces investigations ont montré que beIN Sports a abusé de sa position dominante par le biais de « plusieurs pratiques monopolistiques » concernant la diffusion exclusive des matchs de l’Euro 2016 », indique un communiqué sur le site internet de l’Autorité.
Le communiqué précise que ces pratiques incluaient le regroupement des chaînes en bouquet et l’obligation pour les abonnés d’avancer le renouvellement pour une année complète pour pouvoir regarder le tournoi de 2016.
Pour BeIN, cette décision est « absurde à tous les niveaux ». Le groupe de chaînes évoque « un simulacre de procédure judiciaire » et contre-attaque : « Nous demandons comment les citoyens saoudiens peuvent regarder la Premier League légalement depuis trois ans, étant donné que beIN Sports détient les droits de ce championnat pour la région. »
Droits de propriété intellectuelle
BeIN Sports exploite des chaînes au Moyen-Orient, en Asie, en Europe et en Amérique du Nord, et détient les droits sur un éventail d’événements sportifs, en particulier des droits exclusifs sur plusieurs tournois clés.
Mais depuis juin 2017, lorsque l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte ont imposé un blocus contre le Qatar, des événements sportifs pour lesquels beIN détient des droits exclusifs au Moyen-Orient ont été largement diffusés, y compris en ligne, par le réseau de pirates saoudien, beoutQ.
En juin, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a statué en faveur du Qatar après un dépôt de plainte par Doha en 2018 concernant les violations présumées des règles commerciales et des pratiques commerciales illégales de l’Arabie saoudite.
L’OMC a fermement condamné l’Arabie saoudite pour avoir enfreint les droits de propriété intellectuelle et a déclaré que de hauts responsables et « d’éminents ressortissants saoudiens » avaient fait la promotion du réseau pirate.
La prise de contrôle controversée de 380 millions de dollars de Newcastle United par le Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite, dirigée par le prince héritier Mohammed ben Salmane, a été retardée en raison des allégations de piraterie.
Les plans de rachat, qui verraient le PIF détenir une participation majoritaire de 80 %, ont été critiqués par Amnesty comme un exercice de sportwashing (blanchiment par le sport) pour renforcer la réputation de la monarchie saoudienne.
Traduit de l’anglais (original).
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