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Les Libyens de nouveau dans la rue à Tripoli pour dénoncer la corruption

Les manifestants dénoncent la corruption qui vient s’ajouter au calvaire d’une population épuisée par plusieurs années de conflit
Des Libyennes manifestent contre la médiocrité des services publics sur la place des Martyrs, au centre de Tripoli, le 25 août 2020 (AFP)
Des Libyennes manifestent contre la médiocrité des services publics sur la place des Martyrs, au centre de Tripoli, le 25 août 2020 (AFP)

Des centaines de Libyens, principalement des jeunes, ont manifesté mardi à Tripoli pour le troisième jour consécutif, contre la corruption et la détérioration de leurs conditions de vie, dans un mouvement de protestation étroitement encadré par les forces de l’ordre.

La nouvelle manifestation a eu lieu malgré une intervention lundi du chef du Gouvernement d’union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, qui s’est dit déterminé à combattre la corruption et a promis un prochain remaniement ministériel.

Sous une chaleur accablante, les manifestants ont défilé dans les rues avant de converger sur la place des Martyrs, dans le centre de Tripoli, selon un journaliste de l’AFP sur place.

Des manifestations similaires ont eu lieu dimanche et lundi pour protester contre la détérioration des services publics, les fréquentes coupures de courant et d’eau et les longues files d’attente devant les stations d’essence dans un pays qui dispose pourtant des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique.

https://www.facebook.com/watch/?v=325532418595569&extid=PGLMg9dqh94YTEw6

Traduction : « Les manifestations se poursuivent à Tripoli et le nombre des manifestants augmentent. »

Surtout, les manifestants dénoncent la corruption qui vient s’ajouter au calvaire d’une population épuisée par plusieurs années de conflits.

« Il faut juger les corrompus ! », peut-on lire sur l’une des pancartes brandies par les manifestants.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 après une révolte populaire, la Libye est minée par l’insécurité et les luttes d’influence. Elle est dirigée aujourd’hui par deux entités rivales : le GNA, basé à Tripoli et reconnu par l’ONU, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen.

Le rassemblement était encadré par les forces de l’ordre, pour éviter des heurts, comme ce fut le cas dimanche lorsque des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur les protestataires et blessé certains d’entre eux.

Des blessés pendant les manifestations

L’ONU avait appelé lundi le GNA à une « enquête immédiate » sur ces incidents.

Des vidéos et photos ayant circulé sur les réseaux sociaux montraient des hommes en tenue militaire, fusils dirigés contre les manifestants, dans l’une des avenues de la capitale.

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Pour le ministre de l’Intérieur du GNA, Fathi Bashagha, il s’agit de « hors-la-loi qui se sont infiltrés parmi les forces de l’ordre » chargées d’encadrer et de sécuriser la manifestation.

Le ministère de l’Intérieur a affirmé dimanche soir dans un communiqué avoir organisé la sécurité de la manifestation et a indiqué que les responsables des violences, « qui n’appartiennent pas aux forces de l’ordre », allaient être arrêtés.

« Ces manifestations sont motivées par des frustrations liées à des conditions de vie médiocres, à des pénuries d’électricité et d’eau et à un manque de services dans tout le pays », a déploré la mission onusienne. 

« Il est grand temps que les dirigeants libyens mettent de côté leurs divergences », a ajouté l’ONU qui a réitéré l’appel à la reprise d’un dialogue politique « pleinement inclusif ».

Dans son allocution télévisée lundi soir, Fayez al-Sarraj a tenté l’apaisement en soulignant « le droit légitime » de tout Libyen de s’exprimer. « Nous reconnaissons notre part de responsabilité » dans la détérioration de la situation mais cette crise « dure depuis des années. »

Il a promis un remaniement ministériel. « Partant de mes responsabilités politiques et nationales, je prendrai certaines décisions, notamment la modification de certains portefeuilles ministériels. »

« Le choix des nouveaux ministres se fera sur la base de leurs compétences, leurs capacités et leur intégrité », a-t-il souligné. Si ce projet est contesté, il a prévenu qu’il était prêt à recourir à des « mesures exceptionnelles » pour effectuer ce remaniement.

Vendredi, ces deux autorités ont annoncé la cessation des hostilités et l’organisation prochaine d’élections dans le pays. Ces annonces ont suscité à la fois espoir et méfiance compte tenu des précédents dans ce pays où des acteurs étrangers sont directement impliqués.

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