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« Cher Tayyip » : échange de lettres entre Erdoğan et Macron pour réparer les liens

Le président turc a fait le premier pas, et les deux dirigeants cherchent désormais à se rencontrer en personne
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et son homologue turc Recep Tayyip Erdoğan lors d’une réunion bilatérale en marge du sommet du G20 à Osaka (Japon), le 28 juin 2019 (AFP)
Par Ragip Soylu à ANKARA, Turquie

Les présidents turc et français ont échangé des lettres visant à aborder leurs différends personnels et diplomatiques, contribuant ainsi à la création d’une feuille de route en vue de l’amélioration des relations entre les deux pays, a déclaré vendredi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, à un groupe de journalistes.

Çavuşoğlu a indiqué que le président turc Recep Tayyip Erdoğan avait d’abord envoyé une lettre à son homologue français pour lui souhaiter une bonne année et lui faire part de sa tristesse face aux récentes attaques terroristes sur le territoire français.

Après cette lettre, le gouvernement français a proposé quatre domaines de collaboration : des consultations bilatérales, la lutte contre le terrorisme, des questions régionales comme la Syrie et la Libye, et un partenariat sur l’éducation, a ajouté le ministre.

« Plus tôt cette semaine, nous avons reçu la lettre de Macron. Très positive. Macron a commencé sa lettre par une salutation turque, manuscrite, ‘‘Cher Tayyip’’ », a précisé Çavuşoğlu. « Macron a exprimé sa volonté de rencontrer le président pour approfondir les relations et discuter des [questions] européennes. »

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Si Erdoğan, d’après Çavuşoğlu, aimerait rencontrer Macron en personne, les deux dirigeants devraient tout d’abord se parler prochainement par vidéoconférence.

Ces développements constituent un changement radical pour les deux parties, compte tenu des attaques personnelles qu’elles se sont lancées tout au long de l’année dernière.

En décembre dernier, Erdoğan a déclaré que la France devait se débarrasser immédiatement de Macron. Le président turc a même suggéré à deux reprises que son homologue français devait subir des examens de santé mentale parce qu’il impliquait la France dans des conflits régionaux dans lesquels le pays n’a aucun intérêt.

Emmanuel Macron a pour sa part appelé à maintes reprises à des sanctions contre la Turquie pour ses actions en Libye et en Méditerranée orientale, où, l’année dernière, les navires turcs ont réalisé des recherches sismiques dans des eaux contestées.

Le différend s’est intensifié en octobre avec l’appel d’Erdoğan au boycott des produits français, à la suite du soutien publique de Macron aux caricatures du prophète Mohammed publiées par le magazine Charlie Hebdo.

Les responsables turcs souhaiteraient améliorer leurs relations avec la France en raison de l’arrivée de l’administration Biden aux États-Unis, laquelle devrait avoir des relations plus amicales avec Paris que celles qu’entretenaient Donald Trump et Emmanuel Macron.

Recep Tayyip Erdoğan a déjà fait une série de gestes d’ouverture envers Israël, l’Union européenne, l’Arabie saoudite et la Grèce afin de se forger une marge de manœuvre, avant la prestation de serment de Joe Biden mercredi prochain.

Traduit de l’anglais (original).

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