Le prince héritier saoudien rejoint la liste des « prédateurs » de la presse
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane fait partie des nouveaux venus sur la liste des « prédateurs de la liberté de la presse » publiée par Reporters sans frontières (RSF) et actualisée pour la première fois depuis la dernière liste en 2016.
La liste comprend 37 chefs d’État – dont six au Moyen-Orient – qui ont réprimé la liberté de la presse, créé un appareil de censure étouffant et emprisonné arbitrairement des journalistes ou incité à la violence à leur encontre.
Les gouvernements de tous ceux qui figurent sur la liste ont été jugés fondamentalement dangereux pour les journalistes.
Près de la moitié des dirigeants de cette liste apparaissent pour la première fois, tandis que sept d’entre eux, dont le président syrien Bachar al-Assad et le président russe Vladimir Poutine, y figurent depuis longtemps.
Parmi les autres dirigeants du Moyen-Orient répertoriés, on trouve le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le président turc Recep Tayyip Erdoğan et le roi de Bahreïn Hamed ben Issa al-Khalifa.
« Chacun de ces prédateurs a une méthode particulière »
« Personne ne saurait dire que cette liste est exhaustive », explique le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire.
« Chacun de ces prédateurs a une méthode particulière. Certains font régner la terreur à coup d’ordres irrationnels et paranoïaques, d’autres mettent en place des stratégies très construites sur la base de lois liberticides. Un enjeu majeur aujourd’hui est que ces prédateurs paient le prix le plus élevé possible pour la répression. Ne laissons pas leurs manières de faire devenir le “new normal”, la nouvelle normalité », a-t-il ajouté.
L’inclusion de Mohammed ben Salmane (MBS) intervient à la suite de l’assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Expliquant sa décision de classer MBS comme « prédateur », RSF a déclaré que le prince héritier dirigeait une « monarchie ne tolérant aucun média libre ». « Il exerce une répression multiforme, faite d’espionnage, de menaces qui conduisent parfois à des enlèvements, des actes de torture, voire à l’inimaginable. »
Parmi les autres nouveaux entrants figurent le Brésilien Jair Bolsonaro, dont l’agressivité envers les médias s’est intensifiée au cours de la pandémie de COVID-19, et le Hongrois Viktor Orbán.
Pour la première fois, deux femmes dirigeantes ont rejoint la liste : Carrie Lam, directrice générale de la Région administrative spéciale de Hong Kong depuis 2017, accusée de soutenir les politiques répressives du président chinois Xi Jinping envers les médias ; et la Première ministre bangladaise Sheikh Hasina, qui a adopté une loi sur la sécurité numérique en 2018 qui a conduit à la poursuite de plus de 70 journalistes et blogueurs.
RSF a commencé il y a vingt ans à constituer la galerie des « prédateurs de la liberté de la presse ».
Traduit de l’anglais (original).
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