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Barrage sur le Nil : Alger propose sa médiation

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, vient de boucler une tournée en Éthiopie, en Égypte et au Soudan pour tenter une médiation sur la question du barrage de la Renaissance
Vue satellitaire sur le barrage de la Renaissance, en Éthiopie, le 21 juillet 2020 (AFP)
Vue satellitaire du barrage de la Renaissance, en Éthiopie, le 21 juillet 2020 (AFP)
Par MEE

L’Algérie compte jouer le médiateur entre l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan pour parvenir à « des solutions satisfaisantes dans le dossier du barrage de la Renaissance ».

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a effectué, à partir du 30 juillet, des visites dans les trois pays du bassin du Nil et dévoilé « une initiative de médiation dans le conflit du barrage de la renaissance en Éthiopie, suite à une demande qui a été introduite, dans ce sens, par les autorités éthiopiennes et que le Soudan et l’Égypte ont acceptée », rapporte le quotidien algérien Liberté.

Le méga-barrage, d’une contenance totale de 74 milliards de mètres cubes d’eau, est construit depuis 2011 dans le nord-ouest de l’Éthiopie, près de la frontière avec le Soudan, sur le Nil bleu, qui rejoint le Nil blanc à Khartoum pour former le Nil.

Avec une capacité de production d’électricité de 5 000 mégawatts, revue à la baisse par rapport aux 6 500 initiaux, il devrait devenir un des plus grands barrages hydroélectriques d’Afrique.

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Depuis son lancement, le projet constitue une pomme de discorde entre l’Éthiopie, qui le juge indispensable au développement de ses infrastructures énergétiques, et le Soudan et l’Égypte, tous deux tributaires du Nil pour leurs ressources hydrauliques. 

Le Conseil de sécurité des Nations unies s’était saisi de l’affaire le 8 juillet pour négocier un accord, mais l’Éthiopie a diplomatiquement repoussé cette initiative en jugeant « regrettable de constater que l’avancement des négociations a[vait] été freiné et politisé ». 

Le barrage de la Renaissance est une « question mondiale qui a été le thème d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU et abordé dans plusieurs tribunes de par son importance. Nous devons apporter des vues et des idées à ce sujet », a déclaré Ramtane Lamamra lors d’une conférence de presse avec son homologue égyptien Sameh Chokri, le 31 juillet.

Le chef de la diplomatie algérienne a précisé qu’il avait réuni les points de vue des différentes parties pour les soumettre au président Abdelmadjid Tebboune afin de concevoir la forme que prendrait cette médiation.

Khartoum salue l’initiative d’Alger

Lors de sa rencontre, le 28 juillet, avec la présidente éthiopienne Sahle-Work Zewde, cette dernière a salué le rôle de l’Algérie et ses contributions majeures au service de la paix et de la stabilité en Afrique, notamment sa médiation réussie entre l’Éthiopie et l’Érythrée.

De 1998 à 2000, Addis-Abeba et Asmara s’étaient livré une guerre frontalière qui avait pris fin grâce à la médiation de l’Algérie. En décembre 2000, une médiation algérienne avait abouti à la signature d’un accord de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée. Alger présidait alors l’Organisation de l’unité africaine, qui a précédé l’Union africaine (UA).

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« L’ancien ministre adjoint des Affaires étrangères d’Égypte pour les Affaires africaines, l’ambassadeur Ali Hefni, a estimé que ‘’la visite du ministre algérien des Affaires étrangères dans les trois pays [était] importante, en mettant l’accent sur son expérience”. Selon lui, Lamamra peut réussir là où les autres initiatives ont échoué, en raison du réseau étoffé de ses relations et de son expérience dans le domaine de la sécurité et la paix sur le continent africain », note encore Liberté.

Pour sa part, le Soudan, à travers le Conseil souverain de transition, a déclaré que « les dirigeants soudanais [avaient] salué l’initiative algérienne appelant à une réunion directe entre les trois pays pour parvenir à une solution à leurs différends sur le barrage de la Renaissance ».

Pour Tarek Fahmi, professeur en sciences politiques à l’Université du Caire, « l’Algérie possède les données pour jouer un véritable rôle au sein de l’Union africaine et de la communauté arabe ».

Il a ajouté que « son pays a[vait] épuisé tous les efforts et initiatives au sein de l’UA concernant le dossier du barrage de la Renaissance, estimant que l’UA ‘’n’a[vait] plus rien à offrir au regard des pressions exercées par l’autre partie sur les parties concernées ».

Des discussions entamées sous l’égide de l’Union africaine n’ont pas permis aux trois pays de parvenir à un accord tripartite sur le remplissage du barrage et les modalités d’opération des retenues d’eau. 

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