EN IMAGES : Les vestiges du palais de Hicham, un château omeyyade au cœur de la Palestine
Le palais de Hicham est un château omeyyade datant du milieu du VIIIe siècle et l’un des sites archéologiques les plus importants de la Cisjordanie occupée. Sa construction aurait été initiée sous le règne du calife omeyyade Hicham ibn Abd al-Malik (691-743). Situé dans la ville de Jéricho, il se caractérise par sa conception structurelle complexe et ses espaces intérieurs élaborés, inspirés des souverains byzantins préislamiques de la région. Le palais, qui comporte l’un des plus vastes sols en mosaïque du monde, était utilisé par les Omeyyades comme lieu de repos durant les mois d’hiver. (Photos : Atef Daglas)
En 749, un séisme a frappé la vallée du Jourdain et détruit une grande partie du palais. Néanmoins, depuis une vingtaine d’années, les autorités palestiniennes travaillent à la restauration du site dans le but de lui redonner son lustre d’antan, avec l’aide de donateurs internationaux. Le palais à deux étages s’étendait autrefois sur une superficie d’environ 30 000 mètres carrés, divisée en 22 sections. Les installations comprenaient un grand hammam, une mosquée, une fontaine et des murs d’enceinte.
Sous le dôme du hammam se trouve l’une des plus grandes fresques en mosaïque au monde, composée de pierres de 21 couleurs différentes. La fresque décorative représente un panier de fleurs entouré de formes géométriques, constituant une rose qui s’étend vers l’extérieur.
Eyad Hamdan, directeur du bureau du ministère du Tourisme à Jéricho, explique à Middle East Eye que pour créer une mosaïque aussi vaste, des pierres ont été collectées dans toute la Palestine. « Pour réaliser un mètre carré de mosaïque, il fallait 10 000 petites pierres, certaines d’un centimètre carré. On peut donc imaginer l’ampleur du travail que constitue une surface de 827 mètres carrés. Il y a même des pierres qui sont plus petites que ça », affirme-t-il.
« Les pierres provenaient de villes et de régions de toute la Palestine – les pierres blanches étaient de Hébron, les jaunes de Bir Zeit et les noires de Nabi Moussa, près de la mer Morte. Les pierres rouges sont de Jérusalem et de Bethléem. »
Le hammam, deuxième plus grand bâtiment du site, couvre une superficie d’environ 30 mètres carrés et se trouve au nord du palais. Les arches arrondies ont été conçues pour soutenir la structure du bâtiment et ses briques ont été fabriquées à partir d’argile cuite. Des pierres sculptées, des statues et des fresques ornaient le hammam et la salle de réception.
L’un des éléments les plus remarquables et les plus célèbres du palais est l’arbre de vie, une fresque située dans le diwan du calife, où il recevait ses invités. La fresque est truffée de symboles philosophiques et reflète la nature de la vie. À la droite de l’arbre, un lion dévore une gazelle, tandis qu’à gauche, deux autres gazelles broutent paisiblement. Ces images symbolisent la dualité de la vie : le bien et le mal, la guerre et la paix. Le diwan contenait à l’origine un certain nombre de statues, qui ont depuis été déplacées au Musée palestinien de Jérusalem, également connu sous le nom de Musée archéologique Rockefeller.
De nombreuses sculptures en stuc étaient utilisées sur l’ensemble du site, notamment pour décorer les murs, les arches, les plafonds, les niches, les fenêtres et les balcons. Certains des motifs et sculptures les plus impressionnants ont été trouvés dans le diwan et dans la salle de réception. Les sculptures représentaient des êtres humains, des animaux et des plantes, ainsi que des motifs géométriques. La salle de réception et l’entrée comprenaient des sculptures humaines quasiment grandeur nature. Nombre de ces statues sont encore visibles aujourd’hui au Musée palestinien de Jérusalem.
La photo ci-dessus montre une modélisation située sur le côté nord du palais. Elle a été édifiée dans le but d’illustrer ce à quoi ressemblait le palais avant qu’il ne soit défiguré par le séisme.
Au fil des ans, de nombreux efforts ont été déployés pour récupérer et restaurer certaines parties du palais, parfois sans succès. Le ministère palestinien du Tourisme a également érigé un toit pour protéger les mosaïques du palais, grâce à un financement de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). D’une superficie de 2 500 mètres carrés, le toit couvre également la salle de réception et le hammam. Eyad Hamdan affirme que les efforts de restauration sont entravés par les restrictions imposées par les autorités d’occupation israéliennes, qui rendent difficile l’entrée du matériel sur le site.
« L’occupation israélienne a bloqué de nombreux matériaux et équipements nécessaires à la construction du toit, qui avaient été donnés par le Japon. Cependant, une grande partie a été autorisée par la suite, après des pressions du gouvernement japonais », précise Eyad Hamdan.
« Le toit, en forme de tente, recouvre le sol en mosaïque et le protège des températures extrêmes, de l’humidité et de la pluie. Il permet aux gens de venir le voir sans le piétiner ou l’endommager. Cela a permis de beaucoup mieux organiser les visites des touristes. »
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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