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France : la ville de Grenoble relance la polémique sur le burkini

En quelques semaines, et alors qu’approchent des élections législatives les 12 et 19 juin, le débat sur le burkini a viré à la tempête politique
Le voile est un sujet de crispation récurrent pour la société française (AFP/Saeed Khan)
Le voile est un sujet de crispation récurrent pour la société française (AFP/Saeed Khan)
Par AFP

Autoriser le port du burkini dans les piscines publiques : la ville de Grenoble, au pied des Alpes françaises et dirigée par les écologistes, relance lundi à l’approche de l’été la polémique en France sur un sujet ultra-sensible et clivant.

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La mairie de cette ville de quelque 158 000 habitants, dirigée par l’écologiste Éric Piolle, souhaite modifier le code vestimentaire dans les piscines et y autoriser le burkini (un maillot de bain couvrant le corps et la tête), et le monokini.

Le sujet, qui polarise depuis plusieurs mois la classe politique française, figure à l’ordre du jour d’un conseil municipal lundi à partir de 13 h, en vue de la réouverture des piscines municipales, mi-juin.

Plusieurs manifestations pour ou contre le burkini sont d’ores et déjà annoncées en marge de cette réunion.

Modifier le règlement intérieur des piscines municipales

Concrètement, il s’agit de modifier le règlement intérieur des piscines municipales, notamment son article 12, qui exige des usagers une « tenue décente » et « une attitude correcte ».

Le maire écologique Éric Piolle n’a de cesse de répéter que le burkini est un « non-sujet » et que la modification du règlement intérieur des piscines municipales ne vise qu’à « lever les interdits vestimentaires aberrants » et à aller à l’encontre « des injonctions sur le corps des femmes ».

« La question n’est pas d’être pour ou contre le burkini spécifiquement », a-t-il affirmé récemment. « Cela concerne les seins nus, les maillots couvrants pour se protéger du soleil ou pour raison de conviction. »

En France, le burkini est autorisé dans les piscines d’une seule autre grande ville, à Rennes (ouest) depuis 2018.

Mais pour ses opposants, le burkini constitue un symbole flagrant d’oppression de la femme et s’apparente au voile intégral que les talibans viennent de réimposer à la gent féminine en Afghanistan.

En quelques semaines, et alors qu’approchent des élections législatives les 12 et 19 juin, le débat sur le burkini a viré à la tempête politique, les deux camps s’affrontant à coups de tribunes, pétitions et prises de position musclées.

L’État français s’en est aussi mêlé en faisant savoir dimanche qu’il demanderait à la justice d’annuler cette autorisation du burkini si elle devait être adoptée.

L’« objectif manifeste est de céder à des revendications communautaristes à visées religieuses », selon un communiqué du représentant local de l’État qui ajoute que le texte « paraît contrevenir au principe de laïcité posé par la loi de 1905 ».

Appel contre la stigmatisation des musulmanes

Le maire de Grenoble fait « du mal » aux « valeurs républicaines » avec ce projet « absolument grave », a estimé pour sa part lundi une porte-parole du parti du président Emmanuel Macron.

« Quand on rentre dans une piscine municipale, tout citoyen doit respecter les règles », a ajouté Prisca Thévenot. Or, « là, on viendrait déroger à la règle pour répondre à une volonté politique religieuse ».

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Début mai, un haut responsable conservateur local Laurent Wauquiez, avait accusé le maire de Grenoble de « soumission à l’islamisme », dans un pays terrassé par plusieurs attentats islamistes et où la question communautaire fait rage. 

Dans l’autre camp, une centaine de personnalités dont des féministes de renom, ont publié une tribune de soutien : « les femmes musulmanes ont autant leur place à la piscine » que les autres citoyens et « personne ne doit être stigmatisée jusque dans les bassins en raison de son choix de maillot ».

Le texte a été rédigé par la controversée association Alliance Citoyenne, organisatrice de plusieurs opérations coup de poing dans les piscines grenobloises en faveur du port du burkini, depuis mai 2019.

Fondée en 2012 à Grenoble, Alliance Citoyenne est aujourd’hui présente dans d’autres villes françaises, et soutient le collectif de joueuses de football voilées les « Hijabeuses », mobilisées contre la Fédération française de football (FFF), qui interdit le port du voile en compétition.

Le voile est un sujet de crispation récurrent pour la société française, alors que la population de confession ou de tradition musulmane sur son territoire métropolitain a très fortement augmenté depuis l’après-guerre, pour atteindre près de 9 % de la population.

Par Amélie Herenstein.

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