EN IMAGES : L’ancien artisanat égyptien des cruches en argile ollal
Partout en Égypte, des pichets orangés et marron sont laissés à disposition des passants sur des stands de rue pour que ces derniers puissent se servir un verre lorsqu’ils ont soif. Ces récipients en argile, connus localement sous le nom d’olla (pluriel : ollal), sont produits depuis des siècles et reconnus pour leur capacité à garder l’eau fraîche plus longtemps que les autres. Produites depuis l’Antiquité, ces carafes étaient également utilisées pour stocker des aliments et des liquides, tels que des huiles et des parfums, utilisés lors de cérémonies religieuses. Aujourd’hui, l’olla typique contient environ un litre d’eau et ressemble à un vase qui se caractérise par un col étroit, évasé au milieu et doté d’une base légèrement moins large. L’argile utilisée pour fabriquer ces pichets provient d’Assouan, dans le sud de l’Égypte. (Toutes les photos sont de Fadel Dawod)
La fabrication d’ollal a diminué ces dernières années en raison de l’abondance d’alternatives en plastique moins chères. Cependant, la tradition est maintenue vivante dans le village de Jeries (gouvernorat de Menoufia), où ils sont fabriqués dans des ateliers traditionnels.
La cruche est façonnée à partir d’un bloc d’argile, puis mise à sécher à la chaleur du soleil pendant une journée. Une fois sèche, elle est cuite au four pendant deux jours, puis laissée au repos pendant une journée pour la rendre plus résistante et solide. Malgré le temps nécessaire pour le fabriquer, le produit final est vendu seulement 15 livres égyptiennes (environ 50 centimes d’euro) sur les marchés.
Ces cruches en argile sont uniques car elles sont cuites à basse température et ne sont jamais vernissées. Cette qualité permet à l’eau plus chaude de s’évaporer de la cruche tout en maintenant la température du liquide restant au frais. En règle générale, les pots en argile sont décorés d’une peinture de couleur plus claire, tandis que certains présentent des versets religieux ou des motifs géométriques simples.
Rabea al-Sabbagh, 50 ans, fabrique des ollal depuis 35 ans. Il estime que les cruches en argile sont meilleures que toutes les alternatives. « Ce sont les meilleures car contrairement au plastique, elles ne se dégradent pas et ne sont pas dangereuses pour l’environnement », déclare-t-il à Middle East Eye. Sabbagh a appris le métier de son père, qui l’avait appris du sien. « Les ollal sont parfaits pour l’eau parce que c’est une façon saine de la stocker, les médecins recommandent toujours de s’en servir pour boire », ajoute-t-il.
Najah Ghoneim, 32 ans, travaille dans l’industrie des ollal depuis une vingtaine d’années. Sa femme et ses enfants participent également à la fabrication des cruches. Selon lui, les dommages causés à l’environnement pendant le processus de fabrication sont limités, dans la mesure où le four à poterie fonctionne à l’aide de coton et de maïs et que l’argile provient de l’environnement de manière naturelle.
Malgré l’omniprésence des ollal en Égypte, leur fabrication est un art en voie de disparition face à l’afflux d’alternatives modernes. Khaled, fabricant d’ollal âgé de 32 ans, le déplore : « Les gens utilisent désormais beaucoup plus le plastique que les cruches en argile, il est donc plus difficile de les vendre. » Néanmoins, il pense qu’avec quelques changements, l’industrie de la poterie pourrait éventuellement suivre le rythme. « Nous avons commencé à acheter des machines et des fours modernes à gaz pour fabriquer des objets à partir d’argile, que les clients achètent pour décorer leur maison », explique-t-il.
Cependant, tout le monde n’est pas optimiste quant à l’avenir de cet ancien artisanat. Ali Hammad craint que la profession ne s’effondre prochainement en raison d’un manque de demande. Comme d’autres, il souhaite que l’État intervienne pour aide à la développer.
Traduit de l’anglais (original).
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