Dans la détresse et dans les ruines, l’Aïd « le plus triste » de Gaza
De Jérusalem, où des milliers de personnes ont bravé le froid et la pluie, à la bande de Gaza, où les enfants ont guetté la distribution des friandises traditionnelles, l’Aïd el-Fitr ne ressemble cette année à aucun autre.
Les opérations militaires israéliennes lancées depuis le 7 octobre sur la bande de Gaza ont fait plus de 33 300 morts, en majorité des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé du Hamas. (Reuters)
Quatorze personnes, dont des enfants en bas âge, ont été tuées dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 avril, lors d’une frappe sur une maison du camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.
L’armée israélienne a déclaré avoir frappé des dizaines de cibles à travers Gaza, affirmant avoir touché des sites militaires ainsi que « des lanceurs, des tunnels et des infrastructures » et tué des combattants palestiniens dans des « cellules terroristes ».
Il affirme également avoir touché des sites à Jabaliya et dans le quartier de Shujaiya, dans la ville de Gaza. (AFP)
Pour Abir Sakik, qui loge dans une tente à Rafah avec sa famille, l’Aïd signifie habituellement « une atmosphère douce, les jouets des enfants, les gâteaux, les boissons et les chocolats dans chaque maison ».
Mais « c’est un Aïd de tristesse et de fatigue. Ils ont détruit Gaza », soupire cette femme de 40 ans. « Assez, assez de guerre et de destruction », sanglote-elle, affirmant que les habitants de Gaza souhaitent désespérément une trêve. (AFP)
À la place des montagnes de pâtisseries confectionnées par les familles pour accompagner habituellement les célébrations, un habitant raconte avoir distribué à ses enfants les sucreries de rations des Nations unies.
C’est une journée sans la chaleur des réunions familiales. Faute de téléphone et d’internet, « nous ne pouvons même pas contacter nos proches », constate Mu’een Abu Ras, un Gazaoui de 44 ans. (AFP)
Plus de 60 000 Palestiniens ont effectué les prières matinales de l’Aïd à la mosquée al-Aqsa à Jérusalem-Est occupée malgré les restrictions israéliennes, selon l’agence de presse Wafa.
Le Waqf islamique – le conseil en charge des affaires de la mosquée – a déclaré qu’un certain nombre de Palestiniens avaient été expulsés de force d’al-Aqsa par les autorités israéliennes et qu’ils priaient dans les rues voisines.
« C’est l’Aïd le plus triste que nous ayons vécu. Dans la mosquée, on pouvait le voir sur les visages », témoigne Rawan Abd, une infirmière âgée de 32 ans.
« Tout le monde pense à ce qui se passe à Gaza », affirme Zaki, 37 ans, un habitant de Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël. « Cette année, il n’y a pas de réjouissances, nous allons simplement rendre visite à nos proches à la maison. Nous nous sentirions coupables si nous faisions quelque chose de joyeux ».
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].