La politique nataliste de l’Iran « transforme les femmes en machines à bébés »
Mercredi, Amnesty International a mis en garde contre un projet de loi visant à stimuler le faible taux de natalité qui menace de réduire les femmes iraniennes à des « machines à bébés » et de faire régresser leurs droits de plusieurs décennies.
Le groupe de défense des droits de l’homme basé à Londres a déclaré qu’un premier projet de loi, qui a déjà été approuvé par le Parlement, cherche à restreindre l’accès à la contraception, forçant les femmes à recourir à des avortements clandestins et risqués.
Amnesty a ajouté que le deuxième projet de loi, qui sera présenté au Parlement le mois prochain, allait fermer la porte de nombreux emplois aux femmes qui choisissent de ne pas avoir d’enfants ou qui en sont incapables.
Le texte mettrait également un terme aux subventions de l’Etat pour les services de contraception et interdirait la stérilisation volontaire.
« Ces projets de loi vont enraciner des pratiques discriminatoires et faire régresser de plusieurs décennies les droits des femmes et des filles en Iran », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
« Les autorités encouragent une culture dangereuse, qui prive les femmes de droits fondamentaux et les considère comme des machines à bébés, et non comme des êtres humains qui jouissent de droits fondamentaux leur permettant de faire leurs propres choix concernant leur corps et leur vie. »
Ce projet de loi fait suite à un appel lancé par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui souhaite doubler la population de l’Iran pour atteindre 150 millions d’habitants d’ici 50 ans.
« Si nous continuons ainsi, nous serons un pays de personnes âgées dans un avenir pas si lointain », avait-t-il indiqué à l’agence de presse Fars en octobre 2013.
« Pourquoi certains couples préfèrent-ils avoir un ou deux enfants ? Pourquoi les couples évitent-ils d’avoir des enfants ? Les raisons doivent être examinées. »
Les responsables iraniens ont exprimé leur inquiétude face au vieillissement de la population. En avril dernier, Mohammad Nazemi Ardekani, fonctionnaire au registre des naissances nationales, avait prévenu que le taux de croissance de la population pourrait devenir nul « d’ici trente ans ».
Amnesty a déclaré que cette nouvelle loi était « malavisée » et conduirait inévitablement à une augmentation des avortements clandestins dans un pays où l’interruption volontaire de grossesse est illégale, sauf dans des circonstances très limitées.
Le deuxième projet de loi obligerait les employeurs publics et privés à donner la priorité aux hommes et aux femmes ayant des enfants lors de l’embauche pour certains postes.
Il serait également plus difficile de divorcer et l’intervention de l’Etat dans les différends familiaux serait restreinte, ce qui exposerait les femmes à des risques accrus de violence domestique selon Amnesty.
Les femmes représentent actuellement environ 60 % des étudiants à l’université en Iran et 10 % des femmes actives sont salariées, selon les chiffres officiels.
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