« Il n’y a pas d’espoir » : les habitants d’Alep disent que le monde les a abandonnés
Alep, SYRIE – Les habitants des régions d’Alep contrôlées par les rebelles disent que les efforts déployés avec peine par les Occidentaux pour négocier un accord de paix en Syrie ne sont d’aucune importance pour des personnes confrontées à l’assaut quotidien des frappes aériennes russes et qui se préparent à faire face à l’avancée des forces pro-gouvernementales.
Les forces gouvernementales ont pris la semaine dernière un certain nombre de villages au nord d’Alep, menaçant de couper les voies d’approvisionnement depuis la Turquie et d’encercler les combattants de l’opposition et environ 400 000 personnes vivant encore dans les quartiers orientaux de la ville contrôlés par les rebelles.
La férocité de l’offensive, qui a été appuyée par des centaines de frappes aériennes russes à Alep et ses environs, a conduit à l’ajournement d’une troisième série de négociations de paix sous l’égide de l’ONU à Genève, où les délégués de l’opposition ont déclaré qu’ils ne discuteraient pas avec les représentants du gouvernement tant que les bombardements n’auront pas cessé.
Cependant, les habitants d’Alep auxquels Middle East Eye a parlé ont dit qu’ils avaient déjà renoncé à ce processus de paix et n’avaient « aucun espoir » concernant une fin imminente à la guerre de Syrie.
« L’ensemble de la conférence de Genève est un échec. Nous n’attendons rien de cette conférence », a déclaré un homme qui s’est présenté comme Faris, un habitant du quartier de Sukkari.
« Je crois qu’il n’y a pas espoir, pas le moindre », a déclaré Abu Umar, un autre habitant.
Umm Layla, une vendeuse de rue, a également confié qu’elle pensait qu’un accord de paix était impossible.
« C’est et cela restera impossible. Vous ne pouvez pas faire confiance à ces gens, ce sont des voleurs et des menteurs », a-t-elle indiqué à MEE.
« C’est la troisième conférence. Qu’ont fait les conférences précédentes pour nous ? Qu’ont-ils fait à part nous bombarder avec des avions. Les avions nous tuent. »
Le monde reste là à regarder le massacre se dérouler
D’autres ont également condamné la réaction internationale aux cinq ans de conflit en Syrie.
« Le massacre du peuple syrien au cours des cinq dernières années est sans précédent en ce que le monde reste là à le regarder se dérouler », a déclaré un médecin local, qui a souhaité garder l’anonymat.
Bien que le gouvernement syrien affirme avoir coupé la principale route d’approvisionnement des rebelles vers Alep et malgré les craintes d’un siège des zones contrôlées par les rebelles, MEE a pu, la semaine dernière, entrer et sortir de la ville en utilisant des routes habituelles à travers le territoire contrôlé par l’opposition.
Les routes d’approvisionnement alternatives des rebelles sont restées ouvertes, tandis que des dizaines de milliers de civils ont fui et sont maintenant coincés à la frontière turque.
Les groupes rebelles locaux se préparent également à se défendre, des combattants inondant la ville depuis la campagne environnante.
Certains civils prennent également les armes, d’autres effectuent des gardes la nuit et travaillent dans la journée.
« Les gens sont en train de mourir publiquement », a déclaré un combattant rebelle allemand qui n’a pas voulu être identifié. « Je suis venu ici pour aider quand personne d’autre ne l’a fait. Pourtant, si je voulais rentrer pour une raison quelconque, je serais arrêté et mis en prison. C’est irréel. »
Les groupes d’opposition d’Alep vont des combattants opérant sous la bannière de l’Armée syrienne libre essentiellement laïque aux factions de milices islamistes comme Ahrar al-Sham, Jaysh al-Islam et le Front al-Nosra (affilié à al-Qaïda).
Les zones de l’ouest de la plus grande ville de Syrie sont restées fidèles au gouvernement, une grande partie du centre ayant été dévastée par de violents combats bien avant que le gouvernement n’ait lancé son offensive actuelle.
Beaucoup à Alep ont dit craindre que les forces pro-gouvernementales en progression n’exercent des représailles sur les habitants du territoire rebelle repris.
Ceux qui restent subissent jour et nuit des frappes aériennes, les gens guettent nerveusement le bruit du survol des avions.
« La raison de ce pilonnage est que les gens d’ici sont des révolutionnaires. Ils veulent la liberté et ils veulent mettre un terme au régime », a déclaré Abu Jafar, un homme âgé qui a parlé à MEE dans la ville de Harytan, dans la périphérie d’Alep, à quelques kilomètres au sud des villages à majorité chiite de Nubl et Zahra, où les forces gouvernementales ont mis la semaine dernière un terme à un siège de plusieurs années par les rebelles.
Tandis qu’Abu Jafar s’exprimait, deux roquettes ont percuté un bâtiment voisin, le forçant à se mettre à couvert, bien que la roquette n’ait pas explosé. Il a dit que les habitants vivaient sous la menace constante d’attaques aériennes depuis des années, mais n’avaient nulle part où aller.
« Où aller ? Un camp de réfugiés ? Ils les bombardent aussi. Il vaut mieux que ma famille et moi soyons tués dans notre propre maison. »
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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