L’Iran met en garde contre la « résistance armée » après la déchéance de nationalité d’un chiite
Un général iranien haut-placé a prévenu Bahreïn que sa décision de déchoir le chef spirituel chiite de cet État du Golfe de sa citoyenneté attisera une rébellion armée dans le royaume à majorité chiite.
L’avertissement du général Qassem Soleimani, chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, la Force al-Qods, est survenu après que Washington a également vivement critiqué la décision de son allié arabe du Golfe.
« Ils doivent savoir que l’agression contre l’ayatollah cheikh Issa Qassem est une limite à ne pas franchir […] qui ne laissera d’autre choix au peuple que de recourir à la résistance armée », a déclaré Soleimani aux médias officiels lundi soir.
Les dirigeants de Bahreïn « en paieront le prix et ne récolteront que la destruction de ce régime sanguinaire », a-t-il ajouté.
Ce fut l’une des rares prises de position publiques de Soleimani. Alors que l’Iran a intensifié son engagement militaire en Irak et en Syrie voisins, le général iranien a été de plus en plus médiatisé mais il s’exprime rarement sur les questions politiques.
L’Iran défend depuis longtemps les droits de la majorité chiite de Bahreïn contre la famille sunnite qui règne autocratiquement sur le royaume.
Cependant, il rejette les accusations de Manama selon lesquelles il a incité à la violence dans le royaume.
Le ministère de l’Intérieur de Bahreïn a fait allusion à ces accusations dans sa déclaration annonçant la décision prise contre le chef spirituel chiite lundi.
Le cheikh Qassem a abusé de sa position pour « servir des intérêts étrangers et promouvoir […] le sectarisme et la violence », a-t-il indiqué.
La décision prise à l’encontre du cheikh Qassem intervient après la suspension du principal groupe chiite d’opposition de Bahreïn, al-Wefaq, dont le chef politique, le cheikh Ali Salman, purge une peine de prison de neuf ans pour incitation à la violence.
Al-Wefaq était la plus grande faction au Parlement avant que ses membres ne démissionnent en signe de protestation contre la répression de 2011.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a critiqué les mesures « extrajudiciaires » de Bahreïn qui « ruinent l’espoir de réforme par le dialogue et d’ouvertures pacifiques ».
Il a exhorté les dirigeants de Bahreïn à « éviter de détruire tous les ponts les reliant avec le peuple et les dirigeants modérés » en « acceptant les réalités du pays et en organisant un dialogue national sérieux ».
Washington a également vivement critiqué la décision prise par Bahreïn, un proche allié qui accueille la Cinquième flotte américaine.
« Nous sommes préoccupés par la décision du gouvernement bahreïni de déchoir de sa nationalité le renommé cheikh chiite Issa Qassem », a déclaré le porte-parole du département d’État John Kirby.
« Nous demeurons profondément troublés par cette pratique du gouvernement bahreïni qui consiste à arbitrairement déchoir de leur nationalité ses citoyens. »
Les protestations à Bahreïn et dans les zones à majorité chiite de l’Arabie saoudite voisine ont exacerbé les tensions entre l’Iran chiite et les États arabes du Golfe gouvernés par les sunnites, lesquelles étaient déjà fortes en raison des conflits en Syrie et au Yémen.
En janvier, les autorités saoudiennes ont exécuté le religieux chiite cheikh Nimr al-Nimr, une personnalité importante des manifestations de 2011 dans l’est du royaume qui ont suivi les manifestations à Bahreïn.
Son exécution avait suscité des protestations à Téhéran et Machhad (deuxième ville d’Iran) au cours desquelles des missions diplomatiques saoudiennes avaient été incendiées et les relations diplomatiques rompues.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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