Syrie : des frères siamois décèdent, le gouvernement n’ayant pas délivré leurs papiers de sortie
Selon des humanitaires, les nouveau-nés siamois évacués début août d’une banlieue de Damas contrôlée par les rebelles pour recevoir un traitement d’urgence, sont décédés mercredi dernier dans la matinée, le gouvernement syrien ne leur ayant pas délivré de papiers à temps.
Moaz et Nawras sont nés le 23 juillet dernier dans un hôpital dirigé par l’ONG Médecins sans frontières (MSF), dans une zone rebelle située dans la Ghouta orientale, assiégée par les forces gouvernementales depuis 2013.
Les nouveau-nés n’ont pas pu subir l’intervention chirurgicale qui leur était vitale, étant donné que les hôpitaux de la Ghouta orientale n’étaient pas équipés pour ce type d’opération. Autour du 13 août, les jumeaux ont finalement été déplacés à Damas par le Croissant-Rouge arabe syrien, mais les humanitaires affirment qu’un temps précieux a été perdu et que le gouvernement n’a pas fourni les titres de voyage complémentaires qui auraient permis aux nourrissons de subir l’opération d’urgence à l’étranger.
Les gouvernements occidentaux et arabes ont été nombreux à proposer leur aide pour évacuer les jumeaux et leur famille, mais les combattants de l’opposition syrienne affirment que le ministre syrien des Affaires étrangères n’a pas signé les documents.
« Le gouvernement syrien a mis longtemps à répondre car les jumeaux étaient nés dans des territoires contrôlés par l’opposition » a expliqué à Middle East Eye Mohamad Katoub, humanitaire pour la Syrian Americans Medical Society (SAMS), qui a lancé une campagne sur les réseaux sociaux visant à permettre aux nourrissons de sortir de Syrie.
« De l’aide pour faire évacuer les jumeaux nous a été offerte du monde entier, mais les gens à l’extérieur de la Syrie ne comprennent pas qu’une permission est nécessaire pour se faire soigner à l’étranger. »
« Le ministre français des Affaires étrangères a proposé de délivrer des titres de voyage français à la place des papiers syriens, tout comme les Saoudiens et les Américains qui nous ont contactés. »
Selon une ordonnance publiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) début août, ils étaient vingt patients, dont les nourrissons, à nécessiter une évacuation d’urgence de la Ghouta orientale.
« Nous avions étudié les modalités d’évacuation dans les moindres détails, il ne nous manquait que la permission du ministre syrien des Affaires étrangères », a précisé Mohamad Katoub.
« Cette affaire illustre parfaitement l’échec de la communauté internationale et du réseau humanitaire à venir en aide aux enfants syriens. »
Traduit de l'anglais par (original) par Julie Ghibaudo.
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