Conclusion d’un accord avec les rebelles, les civils vont quitter la ville syrienne de Daraya
Selon un chef rebelle, les rebelles et l’armée syrienne ont convenu d’un accord ce jeudi pour évacuer tous les habitants et les combattants de Daraya, banlieue assiégée de Damas, mettant ainsi fin à l’une des plus longues impasses de ces cinq années de conflit.
L’armée syrienne encercle les rebelles et les civils et bloque l’approvisionnement en vivres de Daraya depuis 2012 ; la zone, située à quelques kilomètres du siège du gouvernement de Bachar al-Assad, est régulièrement bombardée.
Ce fut l’un des premiers endroits à voir des manifestations pacifiques contre le régime d’Assad. Tandis que le conflit dégénérait en guerre civile, la ville a repoussé les tentatives répétées des forces gouvernementales de la reprendre.
« Nous sommes parvenus à un accord sur l’évacuation de toutes les personnes, civils et combattants, présentes à Daraya », a déclaré le capitaine Abu Jamal, le chef de Liwa Shuda al-Islam, le plus grand des deux principaux groupes rebelles à l’intérieur de Daraya.
L’évacuation commence ce vendredi et durera deux ou trois jours, a-t-il ajouté.
Des sources de conseil locaux ont déclaré qu’environ 5 000 personnes seraient évacuées de cette banlieue qui, avant la guerre civile, abritait 250 000 personnes.
Une source militaire a déclaré à l’AFP que l’armée entrerait dans Daraya, qui est assiégée par les forces pro-gouvernementales depuis quatre ans, après l’évacuation de la ville tenue par les rebelles.
Un convoi de camions transportant de la nourriture a atteint Daraya en juin, approvisionnant les civils pour la première fois depuis la fin de l’année 2012.
Au cours des dernières semaines, l’armée a intensifié ses bombardements de ce bastion rebelle, utilisant davantage de bombes barils et incendiaires. La semaine dernière, son seul hôpital a été touché.
Un appel à l’aide
Ce lundi, Middle East Eye a publié un fervent appel, rédigé par 42 femmes vivant dans et hors de la ville assiégée, qui exhorte la communauté internationale à intervenir et à mettre fin à l’utilisation du napalm sur Daraya par les forces pro-gouvernementales.
La lettre, intitulée « On napalm and starvation: An open letter to the world from the women of Daraya » (Napalm et famine : lettre ouverte au monde des femmes de Daraya), raconte comment le gouvernement syrien a assiégé et bombardé la ville, utilisant notamment du napalm, une arme chimique interdite par le droit international. Les auteures décrivent son utilisation contre des civils, notamment une attaque au napalm contre un hôpital qui l’a rendu « complètement hors d’usage ».
Outre les attaques au napalm, les femmes ont également raconté comment le gouvernement a bombardé et coupé l’accès aux nécessités de base comme la nourriture et l’électricité pendant des années, utilisant « la famine comme une arme ».
« Au début de l’année 2013, le régime a coupé l’accès de Daraya à tous les services de base – électricité, eau potable et à usage domestique, et communications. Tout au long du siège, les forces du régime ont utilisé la famine comme une arme. Aujourd’hui, les enfants comme les adultes souffrent de malnutrition sévère », indique la lettre.
« Depuis plus de deux mois, les habitants de Daraya vivent quotidiennement sous le bombardement continu des forces du régime. Nous avons compté les armes utilisées : 1 805 bombes barils et 729 missiles balistiques hautement explosifs. Ceux-ci ont mis le feu à des terres agricoles et des cultures qui représentaient la seule source de nourriture pour les habitants assiégés de la ville », poursuit la lettre.
Au vu de ces abus commis par le gouvernement, concluent les femmes, la communauté internationale doit intervenir et arrêter Assad.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].