Les forces syriennes lancent un important assaut au sol sur les quartiers rebelles d’Alep
Mardi, l’armée syrienne et ses alliés ont violemment affronté les rebelles dans les zones d’Alep contrôlées par l’opposition, alors que le gouvernement a commencé ce qui semblait être une attaque au sol sur trois fronts après des jours d’attaques aériennes dévastatrices contre des zones civiles.
Les forces gouvernementales syriennes auraient pris la zone d’al-Farafra, qui fait partie de la vieille ville dans le centre. « Après avoir neutralisé de nombreux terroristes… les unités procèdent maintenant au déminage de la zone », a déclaré une source militaire à l’agence de presse AFP.
L’armée syrienne a également avancé autour des quartiers des « 1070 appartements » et d’al-Hamadania, dans le sud-ouest de la ville.
Les « 1070 appartements » sont situés près de Ramouseh, la porte sud d’Alep. La prise de cette zone permettrait au gouvernement d’accéder plus facilement à la ville, tout en consolidant le siège sur les quartiers contrôlés par les rebelles.
Des forces syriennes ont également été signalées dans le camp palestinien largement déserté de Handarat, au nord d’Alep.
Ces combats surviennent quelques jours après que le gouvernement syrien a annoncé qu’il allait lancer une « offensive globale » contre la ville, avec des bombardements aériens suivis d’une avancée majeure des forces terrestres, en réponse à l’effondrement d’un cessez-le-feu négocié par la Russie et les États-Unis.
Les forces pro-gouvernementales se mobilisaient également dans deux autres zones à proximité du quartier de Sheikh Saeed, tenu par les rebelles, dans la banlieue sud de la ville.
« Ils cherchent à étendre toute ouverture qu’ils créent », a expliqué à Reuters un responsable d’une faction rebelle basée à Alep, citant des rapports de ses combattants. « Aujourd’hui, l’autre chose notable est l’utilisation massive d’hélicoptères et de bombes à fragmentation. »
Par ailleurs, un commandant de milice irakienne soutenant le gouvernement a déclaré à Reuters qu’une importante force armée, dirigée par une unité d’élite connue sous le nom de Nimr (Tigres), avait commencé à se déplacer dans des véhicules blindés et des chars pour une attaque à l’est d’Alep.
Le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que les attaques aériennes sur des zones civiles au cours des derniers jours étaient « totalement inacceptables sur le plan moral » et a exhorté la Russie à prendre des mesures concrètes pour rétablir un cessez-le-feu.
« Les effroyables attaques sur Alep nous ont tous ébranlés, la violence et les attaques dont nous avons été témoins, notamment sur un convoi humanitaire, sont totalement inacceptables sur le plan moral et constituent une violation flagrante du droit international », a déclaré Stoltenberg aux journalistes mardi.
Une source à l’intérieur d’une zone contrôlée par les rebelles a rapporté à Middle East Eye que les forces aériennes syriennes et russes avaient poursuivi leur bombardement acharné de la ville – dévastant des parties du quartier de Mashhad dans le sud de la ville.
« Les hélicoptères ainsi que des avions de combat nous survolent, ils bombardent presque constamment », a déclaré notre source. « Le quartier de Mashhad qui a été bombardé ce matin est terriblement dévasté. »
« Les gens continuent à sortir pour chercher de la nourriture tous les jours, les écoles sont toutes fermées malgré le début du trimestre. Les hôpitaux sont bondés de patients et ils appellent tous les jours pour les dons de sang. »
L’AFP a rapporté qu’un immeuble de cinq étages à al-Shaar avait été rasé avec une famille coincée à l’intérieur.
Une fillette, son corps enveloppé dans les décombres, figurait parmi les victimes. Son père, en état de choc tandis que les secouristes enlevaient son corps inanimé, s’est évanoui à côté, disant : « Elle dort simplement. Elle a juste l’habitude de dormir. »
Le gouvernement syrien a également commencé à lancer des tracts sur les zones tenues par les rebelles dans l’est de la ville, avertissant les rebelles qu’ils seraient anéantis, et les civils qu’ils devaient aller vers les zones tenues par le gouvernement ou faire face à l’offensive à venir.
Le premier dépliant met en garde les combattants rebelles sur le fait qu’ils seront les prochains et montre les portraits de chefs rebelles tués récemment lors d’affrontements, barrés d’une croix rouge.
Le deuxième dépliant, du « ministère d’État de la réconciliation nationale », assurait les habitants des zones tenues par les rebelles qu’« il n’y a pas de frontières entre nous, surmontez vos peurs et revenez à une vie normale… vous êtes un partenaire de notre pays, nous vous attendons. »
Le dépliant comporte un numéro de téléphone que les civils doivent contacter pour organiser leur évacuation.
Il n’y a pas eu de rapports de civils rejoignant les zones gouvernementales, en dépit des conditions intolérables et des jours de bombardements incessants.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a quant à elle demandé mardi à ce que les malades et les blessés se trouvant dans les parties orientales de la ville soient évacués par des corridors de sécurité pour être soignés.
« L’OMS appelle à la mise en place immédiate de corridors humanitaires pour évacuer malades et blessés de la partie orientale de la ville », a déclaré sa porte-parole, Fadela Chaib, à Genève.
« Nous parlons de seulement 35 médecins dans l’est d’Alep pour prendre en charge des centaines de blessés et ce nombre augmente », a-t-elle ajouté.
Des médecins syriens ont déclaré lundi qu’ils avaient un besoin urgent de fournitures médicales et chirurgicales pour traiter des centaines de blessés au sein d’une population de quelque 300 000 habitants pris au piège.
Les médecins syriens ont indiqué qu’au moins 40 blessés devaient être évacués de l’est d’Alep, mais la plupart voulaient être envoyés dans des zones tenues par les rebelles ou à l’étranger, pas dans l’ouest de la ville qui est contrôlé par le gouvernement.
Reportage additionnel de Zouhir al-Shimale
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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