La crise du Qatar se répercute sur le leader islamiste tunisien Rached Ghannouchi
Le président du parti islamiste tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, a annoncé mercredi avoir porté plainte contre la télévision Sky News Arabia suite à un reportage l'accusant d'être impliqué dans l'assassinat en 2013 de l'opposant Chokri Belaïd.
Le 9 juin, sur fond de crise diplomatique dans le Golfe, la chaîne basée à Abou Dabi (Émirats arabes unis) a diffusé un sujet intitulé « L'ingérence du Qatar s'est étendue au Maghreb ».
Elle y assure que l'ancien combattant libyen Abdelhakim Belhadj « est impliqué dans les assassinats politiques en Tunisie en coordination avec le président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi, et que les Qataris étaient au courant ».
« Mensonges et calomnies », a réagi auprès de l'AFP Jamel el-Aoui, du service de presse d'Ennahdha.
M. Ghannouchi a indiqué sur sa page officielle Facebook avoir « porté plainte contre la chaîne Sky News Arabia ».
« La plainte a été déposée à Londres juste après la diffusion du sujet », a précisé Jamel el-Aoui.
« M. Ghannouchi est choqué par ces allégations », a de son côté indiqué le cabinet d'avocats chargé de la plainte, Carter-Ruck, dans un communiqué. Il « regrette d'être contraint d'agir de la sorte mais n'a pas d'autre choix pour être sûr que les faits soient rétablis ».
Ennahdha entretient des relations étroites avec le Qatar
Contactée par l'AFP, la chaîne n'était pas disponible dans l'immédiat.
Farouche critique des islamistes d'Ennahdha alors au pouvoir, Chokri Belaïd a été tué devant chez lui le 6 février 2013 à Tunis, un assassinat qui avait choqué le pays et provoqué une crise politique.
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Quelques mois plus tard, l'assassinat du député Mohamed Brahmi forçait Ennahdha à céder le pouvoir à des technocrates.
En décembre 2014, des combattants armés ralliés au groupe État islamique (EI) avaient pour la première fois revendiqué l'assassinat des deux opposants. Mais la famille de Chokri Belaïd continue de dénoncer des « zones d'ombre » et de réclamer la vérité. Son père et son frère accusent même Ennahdha d'être responsable de sa mort, ce que le parti nie catégoriquement.
Ennahdha entretient des relations étroites avec le Qatar, ce qui vaut régulièrement à l'émirat des accusations d'ingérence en Tunisie.
Début juin, l'Arabie saoudite, les Émirats, Bahreïn et l'Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar en l'accusant de soutenir des « groupes terroristes », ce que Doha a démenti.
La Tunisie s'est dite « très préoccupée » par cette crise et a appelé au dialogue. Dans la même lignée que la diplomatie tunisienne, Ennahdha, qui participe au gouvernement, a appelé à « éviter toute escalade ».
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