Cinq ahmadis condamnés à de la prison ferme en Algérie
« Cinq prévenus ont été condamnés à un an de prison ferme et six mois avec sursis, alors qu'un sixième a été condamné à six mois de prison avec sursis », a déclaré à l'AFP Salah Dabouz, avocat des cinq fidèles de l'ahmadisme, mouvement messianique et réformiste de l'islam, considéré comme une secte en Algérie.
La Cour d'appel de Batna, à 435 km au sud-est d'Alger, a néanmoins réduit les peines prononcées fin mars en première instance, qui allaient de deux à quatre ans de prison ferme pour les six prévenus, âgés de 30 à 50 ans, selon maître Dabouz.
Les cinq prévenus condamnés à de la prison ferme ont été reconnus coupables de « collecte de dons non autorisée, activité dans une association non autorisée et distribution de documents portant atteinte à l'intérêt national ».
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Le sixième n'était poursuivi que pour les deux derniers chefs, dont il a été reconnu coupable.
« Tout cela est infondé, c'est pourquoi nous allons nous pourvoir en cassation », a affirmé leur avocat, ajoutant défier « quiconque de prouver que [ses] clients ont collecté le moindre sou ».
Les six condamnés restent libres, leur pourvoi suspendant l'exécution de la décision de la Cour d'appel, a-t-il souligné.
Le Parquet de Batna n'était pas joignable mercredi.
Les ahmadis, dont le nombre est estimé à 2 000 en Algérie, sont depuis 2016 dans le collimateur des autorités qui ont arrêté et poursuivi au moins 280 d'entre eux, immédiatement après avoir rejeté une demande d'enregistrement d'une association au nom du mouvement, selon Amnesty International.
Plusieurs ont été condamnés à des peines allant jusqu'à deux ans de prison ferme.
Quelque 2 000 ahmadis en Algérie
L’organisation a demandé à l’Algérie, dans un communiqué diffusé le 19 juin, de « mettre un terme à sa campagne de répression contre l’ahmadisme ».
« La répression qui s’est abattue sur les ahmadis l’année dernière est alarmante. Cette vague d’arrestations et de poursuites visant des ahmadis montre clairement que les autorités renforcent les restrictions à la liberté d’expression dans le pays », a déclaré Heba Morayef, directrice des recherches sur l’Afrique du Nord à Amnesty International en s’appuyant sur une série de déclarations officielles.
En juin 2016, le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a estimé que la présence des ahmadis en Algérie s’inscrivait dans le cadre d’une « invasion sectaire préparée ». En février 2017, il a déclaré que les ahmadis n’étaient « pas musulmans ». En avril 2017, Ahmed Ouyahia, le directeur de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika, a appelé les Algériens à « préserver le pays des sectes du chiisme et de l’ahmadisme ».
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Ce mouvement, qui revendique des millions de fidèles dans le monde, a été fondé par Mirza Ghulam Ahmad à la fin du XIXe siècle au Penjab (nord-ouest de l'Inde).
Les ahmadis sont convaincus que Mirza Ghulam Ahmad est le « messie des derniers temps », cité dans le Coran et annoncé par le prophète Mohammed, une croyance jugée hérétique par les courants majoritaires sunnites et chiites de l'islam.
L'ahmadisme a été déclaré secte non liée à l'islam en 1973 par l'Organisation de la coopération islamique (OCI), basée à Djeddah et dont l'Algérie est membre.
L'islam est religion d'État en Algérie où domine la doctrine malékite sunnite. L'exercice de tout culte est conditionné à l'obtention d'un agrément du lieu de culte et du prédicateur.
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