Rencontre entre le chef religieux chiite Moqtada al-Sadr et le prince héritier saoudien
Moqtada al-Sadr, influent chef religieux, a rencontré le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dimanche, à l’occasion d’un voyage inhabituel au royaume.
Peu d’informations ont été diffusées sur les raisons de ce voyage que le bureau de Moqtada al-Sadr décrit comme le premier depuis onze ans.
« Nous avons été très satisfaits par ce qui nous apparaît comme une avancée positive dans les relations entre l’Arabie saoudite et l’Irak, et nous espérons que cela marque le début d’un recul des dissensions confessionnelles dans la région arabo-islamique », a souligné un communiqué du bureau de Moqtada al-Sadr après la rencontre à Djeddah.
Moqtada al-Sadr a d’abord été vu dimanche en train de saluer Thamer al-Sabhan, l’ancien ambassadeur d’Arabie saoudite en Irak, remplacé en février après avoir critiqué les Unités de mobilisation populaire (UMP) dominées par les chiites.
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« Son éminence Moqtada al-Sadr, que la miséricorde de Dieu soit sur lui, va se rendre en Arabie saoudite sur invitation officielle », a précisé son bureau dans une déclaration en amont de sa visite.
Selon Kurdistan24, Salmane el al-Sadr ont parlé du futur de l’Irak et de l’impact du référendum sur l’indépendance du Kurdistan prévu le 25 septembre. Tous les deux ont mis l’accent sur la nécessité d’un Iran unifié, tout en reconnaissant des tensions croissantes entrer Erbil et Bagdad.
Farouche nationaliste irakien, al-Sadr s’est récemment montré très critique au sujet de l’influence de l’Iran, rival régional de l’Arabie saoudite, en Irak et dans la Syrie voisine.
En avril, il a rompu avec d’autres leaders chiites du Moyen-Orient, appelant le président Bachar al-Assad à démissionner.
« Je considèrerais raisonnable pour le président Bachar al-Assad de renoncer et de quitter le pouvoir, permettant au cher peuple de Syrie d’éviter le fléau de la guerre et l’oppression terroriste », a-t-il déclaré.
L’Iran est le plus fervent soutien d’Assad dans la région et de nombreux combattants irakiens des UMP ont voyagé jusqu’en Syrie pour combattre le groupe État islamique et les groupes opposants cherchant à renverser Assad.
Un conseil de coopération
En avril, Moqtada al-Sadr a déclaré à Middle East Eye que les milices confessionnelles n’avaient pas leur place en Irak.
Depuis sa maison à Nadjaf, il a expliqué à MEE être en faveur d’un dialogue urgent avec les responsables politiques sunnites irakiens afin de prévenir les affrontements entre sunnites et chiites ainsi qu’entre Arabes et Kurdes une fois que le pays n’aura plus l’EI comme ennemi commun.
« Je crains que la défaite de Daech ne soit que le début d’une nouvelle phase. Ma proposition est inspirée par la peur de conflits confessionnels et ethniques après la libération de Mossoul », avait-il affirmé.
« Je considèrerais raisonnable pour le président Bachar al-Assad de renoncer et de quitter le pouvoir »
-Moqtada al-Sadr
« Je veux éviter cela. Je suis très fier de la diversité de l’Irak mais j’ai peur que nous n’assistions à un génocide de certains groupes ethniques ou confessionnels. »
Les relations entre l’Arabie saoudite et l’Irak ont été rompues après l’invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1990 et ont seulement été rétablies en 2015.
Le mois dernier, le Premier ministre irakien Haïder al-Abadi a rencontré le roi Salmane en Arabie saoudite dans une tentative de renforcer les liens entre les deux pays.
« Les pays se sont mis d’accord pour mettre en place un conseil de coordination pour améliorer les relations au niveau stratégique espéré et ouvrir de nouveaux horizons pour la coopération dans différents domaines », a souligné un communiqué diffusé par l’Agence de presse officielle saoudienne.
Le communiqué ajoute que les deux pays ont réalisé « une avancée prodigieuse » dans la relation bilatérale et a mis en avant l’importance de nouvelles visites officielles.
L’Irak souhaite ne pas être perçue comme ayant pris partie dans le conflit entre l’Arabie saoudite et le Qatar, dans lequel plusieurs États arabes ont imposé un blocus à l’émirat.
Toutefois, certains ont laissé entendre que l’Irak et le Qatar se sont rapprochés depuis que la crise a éclaté.
Le ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Mohammed ben Abdulrahmane al-Thani, s’est rendu en Irak en mai et a promis que le Qatar ouvrirait une ambassade à Bagdad dans un futur proche.
Traduit de l'anglais (original).
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