Les milliardaires saoudiens écartés du classement Forbes
Le magazine Forbes a exclu tous les magnats saoudiens de son classement annuel des personnalités les plus riches du monde, des dizaines d’entre eux ayant été arrêtés l’an dernier dans le cadre d’une série de mesures répressives menées par l’État contre la corruption l’an dernier.
La plupart des personnalités arrêtées ont été relâchées après un accord avec les autorités qui ont déclaré avoir saisi plus de 100 milliards de dollars (80 milliards d’euros) grâce à de telles transactions. « Il est difficile d’imaginer une méthode aussi rapide ou aussi audacieuse pour obtenir des milliards de dollars que celle employée par le prince héritier Mohammed ben Salmane, en forçant les hommes les plus riches de son pays à offrir leur fortune à leur État comme leur part d’une ‘’campagne anti-corruption’’ », commente Kerry Dolan, rédactrice en chef adjointe de Forbes.
Traduction : « Au regard de ces sables mouvants de la vérité, nous avons décidé de laisser de côté de notre classement des milliardaires dix Saoudiens, aucun d’eux n’a voulu faire de commentaire »
Mais le gouvernement a fourni quelques détails sur ceux qui ont été pris dans les filets, ce dont ils ont été accusés et combien ils ont cédé. Néanmoins, contacté par Forbes pour plus de précisions, l’attaché de presse de l’ambassade saoudienne à Washington a refusé de donner la moindre information, arguant « qu’il n’avait pas d’informations sur certaines personnes en raison des lois saoudiennes sur la vie privée », précise le magazine.
Au début de la semaine, Forbes a déclaré qu’il était « impossible de savoir vraiment qui avait abandonné combien, à qui, et quand ».
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En conséquence, le magazine a précisé qu'il avait retiré les dix milliardaires saoudiens sélectionnés l’an dernier, y compris Al-Walid ben Talal, dont la richesse était auparavant évaluée à 18,7 milliards de dollars (15 milliards d’euros) et Mohammed al-Amoudi, qui a dit posséder une fortune de 8,1 milliards d’euros de fortune.
D’autres milliardaires saoudiens ont été rayés de la liste Forbes, comme le prince Sultan ben Mohammed ben Saoud al-Kabeer (3 milliards d’euros), Mohamed al-Issa (2 milliards d’euros) ou encore Saleh Kamel (1,8 milliard d’euros).
« Avec plus de clarté sur leur richesse, certains pourraient éventuellement revenir au classement », a laissé entendre Forbes.
Le magazine Middle East Edition a déclaré jeudi que la richesse des milliardaires saoudiens aurait augmentée de 42,1 milliards de dollars l'année dernière (39 milliards d’euros) en raison de la hausse des prix du pétrole et des prix du marchés financiers dans le monde, mais qu’elle serait exclue du classement en raison des saisies qui ont été rapportées.
Al-Walid ben Talal, qui a déclaré à Reuters dans un entretien quelques heures avant sa libération en janvier qu'il ne s'attendait pas à abandonner des actifs au gouvernement, avait attaqué Forbes en 2013, accusant le magazine d’avoir sous-évalué sa fortune. Mais depuis, selon des sources de Forbes, Al-Walid ben Talal serait interdit de donner des déclarations aux médias.
Le magazine a recensé 2 208 milliardaires dans le monde en 2018, contre 2 043 en 2017.
Les plus grosses fortunes arabes
Ce qui laisse l’Égyptien Nassef Sawiris, la famille de la famille Sawaris, l'homme le plus riche du Moyen-Orient avec une fortune personnelle de 6,6 milliards de dollars (5,3 milliards d’euros), alors qu’il occupait la cinquième place du classement des fortunes arabes l’année précédente.
Quatre des membres de sa famille sont également classés sur la liste des milliardaires. Les Émiratis, Abdullah ben Ahmed al-Ghurair, Majid al-Futtaim et Hussain Sajwani occupent respectivement les deuxième, troisième et quatrième places. L’Algérien Issad Rebrab est au cinquième rang alors que le Premier ministre libanais, Saad Hariri, se retrouve à 21e place.
Selon ce classement, 31 magnats arabes se partagent une fortune de 62 milliards d’euros.
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