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En Libye, l’islamophobie française épouse la contre-révolution arabe

Incapables de rechercher, avec les forces consacrées par les urnes du Printemps arabe, une transaction réaliste au centre du corps politique, les pompiers pyromanes de la « lutte contre le terrorisme » et « l’islamisme » se sont engagés, et nous avec, dans l’engrenage de la pire montée aux extrêmes
Des Libyens manifestent contre le général Khalifa Haftar en brandissant le portrait du président français Emmanuel Macron avec l’inscription « laissez-nous tranquilles », place des Martyrs, dans la capitale Tripoli, le 19 avril 2019 (AFP)

La tentative lancée depuis deux mois par les Émirats arabes unis (EAU), l’Arabie saoudite et l’Égypte, mais également par la France, d’imposer militairement à la Libye un régime autoritaire présenté comme « anti-islamiste », sur le mode de celui d’Abdel Fatah al-Sissi en Égypte, a peut-être bien fait long feu.

Cet épisode de la longue crise libyenne – qui a vu l’Armée nationale libyenne (ANL) commandée par le général Khalifa Haftar lancer une offensive sur la capitale Tripoli, où siège le Gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj, créé sous l’égide de l’ONU pour mettre fin à la guerre civile – est venu expliciter en 2019 une tendance qui a vu – comme en Syrie puis au Yémen – les acteurs internationaux prendre irrésistiblement l’ascendant sur leurs homologues locaux, dont la marge d’initiative s’est considérablement rétrécie.

Aux côtés des Émirats de Mohammed ben Zayed et de l’Arabie de Mohammed ben Salmane se trouve très logiquement Abdel Fatah al-Sissi, à la tête du premier des régimes qu’ils ont tous deux largement contribué à faire naître en sabotant l’expérience démocratique égyptienne de 2011. D’autant plus concerné que l’Égypte a une importante frontière commune avec la Libye, Sissi est donc à la fois l’allié actif et le modèle de référence de l’entreprise saoudo-émiratie.

De la fumée s’élève du centre de la capitale libyenne suite à des affrontements le 26 mai 2017 (AFP)
De la fumée s’élève du centre de la capitale libyenne suite à des affrontements le 26 mai 2017 (AFP)

Sans trop se soucier de la couleur des milices qui constituent l’essentiel des troupes de Haftar, la rhétorique française puise, pour se joindre à l’aventure, dans le réservoir de « la lutte contre le terrorisme », en dénonçant à demi-mot la proximité du gouvernement de Tripoli avec certains groupes dits terroristes.

Bien sûr, Paris, tout comme au Yémen, semble être plus directement inspiré par sa proximité commerciale et stratégique avec les Émirats et l’Arabie.

La France, qui défend un peu partout – contre Donald Trump – les exigences du multilatéralisme, cautionne ainsi à Tripoli son désaveu en protégeant Haftar de toute réaction du Conseil de sécurité, de l’Allemagne ou de l’Italie. Haftar a ainsi pu se permettre d’afficher son mépris cinglant vis-à-vis de l’ONU en choisissant d’attaquer Tripoli le jour même de l’arrivée en Libye de son secrétaire général, António Gutteres. 

Au plan international, ce quatuor bénéficie d’abord du soutien, pour l’heure essentiellement diplomatique, du président russe Vladimir Poutine, qui n’hésite pas à piétiner en Libye ce « respect du droit international » dont il se targue pour justifier son ingérence décisive en Syrie.

Le second allié global de poids est le président américain. Washington soutient d’autant plus naturellement la personne du maréchal Haftar que depuis 1987, au lendemain de la déroute des troupes libyennes qu’il commandait à la bataille de Ouadi Doum, au nord du Tchad, ce natif de la ville de Syrte s’est mis au service de la CIA, avec l’aide de laquelle il a attendu pendant près de quinze ans l’opportunité de renverser Mouammar Kadhafi.

Les objectifs des Émiratis et de leurs alliés arabes sont simples. Ils ont tout à voir avec une « stabilité » qui se résume en fait à celle de leurs intérêts – à savoir leur capacité à contenir toute revendication démocratique dans leurs « royaumes » respectifs

Plus structurellement, Donald Trump reproduit en Libye une alliance nouée au Yémen à la fois avec son plus gros client régional, l’Arabie saoudite, mais également, sur le terrain politique cette fois, avec un tandem saoudo-émirati aussi convaincu que son allié israélien de la nécessité de mettre en œuvre un strict endiguement des ambitions territoriales iraniennes au Proche-Orient.

Le camp du gouvernement de Tripoli et des espoirs de la révolution arabe bénéficie certes pour sa part du soutien du Qatar et de la Turquie. Mais en 2019, avant que la Turquie ne reprenne très récemment ses livraisons d’armes, tous deux, pour des raisons liées à leurs situations internes et régionales respectives (embargo contre le Qatar et crise syrienne pour la Turquie), semblaient avoir considérablement réduit leur implication libyenne.

Tripoli bénéficie également de la bienveillance de l’ancienne puissance coloniale, l’Italie, qui se pose aujourd’hui en rivale de la France. Enfin, il faut considérer que l’ONU, à défaut de soutenir inconditionnellement le gouvernement de Tripoli, cautionne, sans hostilité excessive à l’égard du clan Haftar, le processus de dialogue politique auquel le camp émirati, tout en s’en réclamant, a bel et bien tenté de mettre un terme.

Les Émiratis, chefs d’orchestre de la contre-révolution

Dans une tribune adressée à la presse française et américaine (Le JDD et l’International Tribune),  Anwar Gargash, ministre des Affaires étrangères et idéologue des Émirats arabes unis, a pris acte des contretemps que les « milices extrémistes » ont infligés aux « efforts de paix » qu’il dit avoir déployés depuis toujours « aux côtés de Ghassan Salamé », représentant spécial du secrétaire général à la tête de la Mission d’appui des Nations unies en Libye.

Les termes de l’exposé de Gargash, si soigneusement peaufinés aient-ils été par ses communicants, éclairent aujourd’hui crûment ce qui s’est tramé en Libye depuis le début du mois d’avril. Ses propos sont en effet révélateurs de la hiérarchie des horizons d’attente du camp de ceux qui, de Paris à Washington en passant par Le Caire, ont uni leurs efforts.

« Les EAU agiront toujours avec de bonnes intentions et avec des partenaires comme la France, qui partagent la même vision, afin de protéger au mieux les intérêts de la région et de ses peuples », a clairement explicité Anwar Gargash.

Le prince héritier d’Abou Dabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane (2e à gauche) et le souverain de Dubaï, Mohammed ben Rachid al-Maktoum, à Abou Dabi (Émirats arabes unis) le 17 février (Reuters)
Le prince héritier d’Abou Dabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane (2e à gauche) et le souverain de Dubaï, Mohammed ben Rachid al-Maktoum, à Abou Dabi (Émirats arabes unis) le 17 février (Reuters)

Derrière la cosmétique de la communication qui prétend en euphémiser la teneur réelle (« S’il y a une chose que nous avons apprise sur le Moyen-Orient moderne, c’est que la région réussit rarement ses transitions politiques et ses révolutions »), il est important de connaître cette ligne d’action. Car tout porte à croire qu’elle reste plus que jamais celle que, pas seulement en Libye, le camp de la contre-révolution arabe va continuer de chercher à imposer.

Les objectifs des Émiratis et de leurs alliés arabes sont simples. Ils ont tout à voir avec une « stabilité » qui se résume en fait à celle de leurs intérêts – à savoir leur capacité à contenir toute revendication démocratique dans leurs « royaumes » respectifs – et à ceux, clientélistes mais également électoralistes, de leurs clients et partenaires européens.

La France et le retour à l’option des « Pinochet arabes »

La stratégie du président français et de son ministre des Affaires étrangères est désormais dépouillée de ses fragiles justifications. Son affichage multilatéraliste a en effet volé en éclats sous les coups de multiples révélations.

L’agenda de Paris apparaît aujourd’hui dans toute la terrifiante trivialité de l’option du court-terme autoritaro-clientéliste qui le porte : contre la promesse de gros contrats, la France a soutenu l’imposition violente par Haftar d’un régime aussi prometteur de paix et de coexistence régionale que celui d’Abdel Fatah al-Sissi

Lorsqu’il s’avéra en juillet 2016 que trois agents du service Action de la DGSE avaient péri dans un accident d’hélicoptère en Libye, Paris avait expliqué que « la France ne soutenait Haftar que dans les limites étroites de sa lutte contre le terrorisme ».

Pour quiconque avait alors pris le temps de considérer que l’acception du terme de « terrorisme » adoptée par l’intéressé, très proche de celle de son allié et modèle Abdel Fatah al-Sissi, tendait à englober ni plus ni moins que la totalité de ses rivaux politiques, l’explication peinait à convaincre.  

En avril 2019, un incident survenu à la frontière tunisienne a révélé cette fois la présence d’une dizaine de porteurs de passeports diplomatiques français transportant divers matériels militaires, ce qui laisse penser que les forces spéciales françaises étaient bien au sol pour guider l’offensive de Haftar sur la capitale.

La duplicité de Paris a enfin été explicitée une ultime fois lorsqu’à son retour de Paris le 8 mai, le Premier ministre Fayez al-Sarraj, « partenaire » tripolitain d’Emmanuel Macron, s’est empressé, en représailles à ce qu’il considérait comme la complicité du président français dans l’offensive de Haftar contre Tripoli, de faire suspendre l’activité de plusieurs sociétés françaises (dont Total, Siemens et Alcatel) exerçant en Libye.

A posteriori, l’agenda de Paris apparaît ainsi aujourd’hui dans toute la terrifiante trivialité de l’option du court-terme autoritaro-clientéliste qui le porte : contre la promesse de gros contrats, libyens et émiratis, pas seulement pétroliers, la France a soutenu l’imposition violente par Haftar, sur les cendres des espoirs révolutionnaires des Libyens, d’un régime aussi prometteur de paix et de coexistence régionale que celui d’Abdel Fatah al-Sissi.

Mais comme rien n’interdisait à Macron de songer à de gros contrats dans l’hypothèse d’une victoire de Sarraj, c’est bien la variable idéologique (« anti-islamiste ») qui lui fait soutenir un camp plutôt qu’un autre.

L’islamophobie européenne au service de la contre-révolution arabe

Les conséquences internes de cet épisode demeurent aujourd’hui très incertaines. Il est prématuré en effet de parler d’un échec de Haftar dans la mesure où les milices tripolitaines qui ont pour l’heure réussi à repousser son offensive l’ont moins fait en raison de leur soutien à Sarraj que pour faire bloc contre « l’homme des Américains ».

Néanmoins, cet épisode de l’histoire libyenne apparaît aujourd’hui comme l’une des facettes d’une dynamique centrale au Maghreb et au Proche-Orient qu’il est particulièrement important de décrypter : face à la séquence printanière de 2011, c’est bien avec le soutien plus ou moins explicite des Occidentaux qu’une dynamique de restauration autoritaire ou, plus simplement, de contre-révolution est en train de se déployer.

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Sous l’inusable label de la « lutte contre le terrorisme » en particulier, ou plus largement de cette « lutte contre l’islamisme » dont raffolent plus encore les électeurs de leurs alliés occidentaux, la stratégie des adeptes de la contre-révolution arabe est focalisée ainsi tout particulièrement contre un courant politique, les Frères musulmans, dont ils considèrent à juste titre (y compris dans l’hypothèse aujourd’hui très éloignée d’une compétition électorale) qu’il est le seul susceptible de défier l’assise de leurs régimes respectifs.

Depuis 2011 de façon voilée, très explicitement depuis juin 2017, leur cible englobe l’émirat du Qatar pour le soutien qu’il a effectivement apporté à la dynamique printanière par laquelle les monarchies pétrolières ont pu se sentir menacées.

L’option retenue par les Émirats et leurs alliés occidentaux – exclure de toute solution politique le courant sorti vainqueur, en Tunisie comme en Égypte, des premiers scrutins post-printaniers – équivaut ainsi à un terrifiant désaveu (à moins qu’il ne s’agisse d’une formidable gifle) donné au principe même de l’ouverture démocratique dans le monde musulman.

C’est pourtant l’option que rêve aujourd’hui d’adopter Trump. C’est celle que réclame une large majorité de la classe politique française, à cor et à cri à droite et à peine moins explicitement d’un bout à l’autre de la gauche, animée en cela par l’islamophobie ambiante.

Du lobbying médiatique aux… bombardements aériens

Les modes d’action de cette contre-révolution arabe se déploient depuis plusieurs années maintenant sur un spectre très large. Ils incluent notamment le lobbying médiatique et politique, que les Émiratis, tout particulièrement actifs sur ce terrain, déploient dans un espace qui englobe non seulement tout le Maghreb, Tunisie en tête, mais également la France et une large partie de l’Europe.

Les EAU ont ainsi créé en Allemagne un Centre européen pour le contre-terrorisme et les études de renseignement. En France, c’est le Centre d’étude du Moyen-Orient (CEMO) qui, sous la direction de l’ex-député égyptien thuriféraire de Sissi, Abderrahim Ali, déploie (y compris en flattant grossièrement les troupes et la responsable du Rassemblement national) la lourde rhétorique du lobbying anti-Frères et anti-Qatar.

En tête des principaux contributeurs à la revue La Référence, que publie le CEMO, on retrouve sans trop de surprise Georges Malbrunot (co-auteur du récent brûlot Qatar papers, qui s’efforce d’attribuer au Qatar une centralité dans l’islam de France qu’il n’a en aucune mesure), Ian Hamel (journaliste suisse en pointe dans la campagne de dénigrement de Tariq Ramadan, « l’homme du Qatar ») et Richard Labévière (fidèle soutien du régime syrien). Même le site Mondafrique, peu suspect de sympathie pour le Qatar, qu’il critique systématiquement, a dénoncé violemment « les impostures du CEMO, lobby pro-égyptien et pro-émirati ».

L’action de lobbying médiatique et diplomatique se prolonge non seulement par la fourniture d’armes (en violation de l’embargo adopté dès 2011 par l’ONU), mais également par des ingérences militaires directes.

Au Yémen, où ils luttent contre les rebelles houthis, les soldats émiratis ont été accusés d’avoir causé des pertes civiles et d’avoir commis des abus (Reuters)
Au Yémen, où ils luttent contre les rebelles houthis, les soldats émiratis ont été accusés d’avoir causé des pertes civiles et d’avoir commis des abus (Reuters)

Au Yémen, depuis mars 2015, cette ingérence est massive et explicite, avec les dramatiques résultats humanitaires que l’on sait. Elle n’a certes pas exactement les mêmes finalités politiques qu’en Libye ou en Égypte : l’ennemi principal y est identifié en effet sur une base confessionnelle (chiite) comme un élément du rapport de force régional avec l’Iran.

Toutefois, la rubrique de la lutte contre les Frères musulmans n’est pas moins inscrite en bonne place sur l’agenda guerrier des Émiratis dans ce pays : leur second combat yéménite, après les Houthis, est tout entier tourné contre leurs ennemis obsessionnels : les Frères musulmans, présents au Yémen dans les rangs du parti al-Islah. Ainsi n’ont-ils pas hésité à confier à des mercenaires américains recrutés par leur partenaire Blackwater l’élimination physique de plusieurs dirigeants sudistes de ce parti pourtant engagé à leurs côtés dans la lutte contre les Houthis.  

En Libye, l’ingérence militaire directe des EAU est tout autant attestée, d’abord par le recrutement et le financement des milices salafistes, qui constituent l’essentiel de l’assise militaire du camp Haftar sur le terrain.

Mais dans ce pays, les Émiratis ont franchi la ligne rouge d’une implication directe dans les combats en lançant en 2014 (lors de la première bataille pour le contrôle de Tripoli) des interventions de leur aviation de chasse depuis l’Égypte mais également depuis une base établie à al-Khadim, à 100 km de la capitale, ainsi qu’en déployant, très vraisemblablement, des drones de fabrication chinoise ou même émiratie dont l’un aurait été abattu le premier juin au-dessus de Tripoli.

Haftar… une sortie de crise ou la montée aux extrêmes ? 

Même si l’importance et le rôle exact des forces liées de près ou de loin au courant islamiste fait encore l’objet d’utiles débats tant la diversité de leurs rôles et de leurs affiliations est grande, en Libye comme ailleurs, peu d’observateurs, hors des cénacles ministériels parisiens, acceptent d’accorder le moindre crédit à la rhétorique « anti-islamiste » ou a fortiori « anti-extrémiste » du clan Haftar et des Émiratis, bien au contraire.

Les ambitions démocratiques, seules à pouvoir stabiliser la région, sont donc aussi parfaitement absentes du programme [émirati] qu’elles ne le sont des préoccupations, des pratiques et des analyses de ses alliés

Cette prétention est en réalité toute théorique si l’on prend le temps de constater que l’essentiel du potentiel militaire de Haftar est constitué par ces miliciens madkhalistes dont le radicalisme doctrinal n’a pas grand-chose à envier à celui des militants de Daech.

Ces miliciens sont issus d’un moule du salafisme saoudien spécialement concocté pour les besoins de la famille royale par le cheikh Rabi al-Madkhali : libres de faire sur le terrain social et religieux les surenchères les plus rétrogrades, les madkhalistes doivent en échange au pouvoir politique, quel qu’il soit, une soumission aveugle ainsi qu’une dénonciation de leurs concurrents de l’islam politique.

Haftar ne s’est pas privé de surcroît de combattre en Cyrénaïque certains des adversaires les plus résolus de Daech qui entravaient sa trajectoire personnelle. En dépit des allégations de son camp, les affrontements en Libye n’ont rien d’idéologique, ni à l’intérieur entre les milices ni entre les intervenants étrangers.

C’est sans doute même le vide laissé par la polarisation militaire en cours à Tripoli qui a permis à Daech de reprendre récemment l’initiative dans le Sud en prenant, à Sebha, le contrôle d’un camp tenu par les forces de Haftar.

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En tout état de cause, c’est bien une guerre contre-révolutionnaire qui est en cours. Elle va de pair avec une entreprise d’appropriation des ressources, pétrolières aujourd’hui (près de 62 millions d’euros par jour, dont la contrebande finance aujourd’hui les milices), minières demain.

Les ambitions démocratiques, seules à pouvoir stabiliser la région, sont donc aussi parfaitement absentes du programme de Gargash qu’elles ne le sont des préoccupations, des pratiques et des analyses de ses alliés.

Ni à Dubaï ou Riyad, ni à Paris, les pompiers pyromanes de la « lutte contre le terrorisme » ou « contre l’islamisme » ne prennent le temps d’accepter, pour les uns, et de comprendre, pour les autres, que cet objectif démocratique qu’ils méprisent est le seul point de passage possible vers la stabilité qu’ils appellent tous de leurs vœux.

Incapables de rechercher, avec les forces pourtant consacrées par les urnes du Printemps, une transaction réaliste au centre du corps politique, ils se sont en fait engagés, et nous avec, dans l’engrenage de la pire montée aux extrêmes.

- François Burgat, politologue, est directeur de recherches émérite au CNRS (IREMAM Aix-en-Provence). Il a notamment dirigé l’Ifpo (Institut français du Proche-Orient) entre mai 2008 et avril 2013 et le CEFAS (Centre français d’archéologie et de sciences sociales de Sanaa) de 1997 à 2003. Spécialiste des courants islamistes, son dernier ouvrage est Comprendre l’islam politique : une trajectoire de recherche sur l’altérité islamiste 1973-2016 (La Découverte).

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

François Burgat is Emeritus Research Director at France’s CNRS (IREMAN Aix-en-Provence). Among other institutions, he ran the French Middle Eastern Institute between 2008 and 2013 and the French Centre for Archaeology and Social Sciences in Sanaa from 1997 to 2003. An expert on Islamist movements, his latest book is titled 'Understanding Political Islam' by Manchester University Press (2019)
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