Expo 2020 à Dubaï : l’argumentaire high-tech d’Israël dissimule la brutalité de l’occupation
Israël participe à l’Expo 2020 de Dubaï, qui s’est ouverte le 1er octobre avec un an de retard en raison de la pandémie de COVID-19.
Cet événement survient un an après la normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis (EAU) et plusieurs autres pays arabes.
Des millions de personnes sont attendues à l’exposition universelle, qui présente les grandes innovations technologiques. Parmi elles, d’importantes personnalités du monde des affaires, du commerce et des technologies venues des quatre coins du globe.
Israël table sur 15 millions de visiteurs rien que dans son pavillon. Des dizaines de sociétés israéliennes ont conclu des contrats et accords aux EAU : le commerce bilatéral entre les deux pays s’élève à 600 millions de dollars au premier semestre 2021.
Le slogan du pavillon israélien « Demain, première étape vers l’avenir » rappelle les mots de l’ancien président Shimon Peres, qui utilisait l’image de « notre demain mutuel » pour attirer l’attention du public vers l’avenir.
Ce discours invite les Palestiniens à oublier le passé, à remiser leur droit à la terre qui leur a été volée. Israël veut que les Palestiniens oublient la Nakba, le nettoyage ethnique et le pillage de leur patrie par Israël et profitent de « l’avenir d’Israël ». Dans la même veine, il veut que le monde arabe oublie la Palestine.
« Aucun mur ni frontière »
Un clip promotionnel du pavillon israélien à l’exposition universelle souligne que son design s’inspire du concept « aucun mur ni frontière ». Et pourtant, les murs et frontières d’Israël continuent d’engloutir la Palestine, la déchirant de la Galilée à Hébron et de Gaza à la vallée du Jourdain.
Ce contraste ne serait être plus manifeste qu’aujourd’hui, alors même qu’Israël poursuit son nettoyage ethnique facilité par les colons terroristes qui sont protégés par l’État occupant et son armée. Ce projet colonial a décimé les biens, les maisons et les cheptels des Palestiniens à travers la Cisjordanie occupée.
Loin d’une simple participation à l’Expo 2020, Israël s’est également vu confier la sécurité de l’événement : les EAU ont chargé Airobotics, une société de drones israéliens, de renforcer la sécurité
Le mur de séparation et les routes de contournement d’Israël non seulement empêchent toute contiguïté géographique de la Palestine mais sont également profondément ancrés dans l’idéologie sioniste, adoptant l’approche « Homa OuMigdal » (tour et muraille) comme une affirmation de la nature coloniale et militaire des colonies israéliennes en Palestine.
Et pourtant, dans le contexte actuel d’élan en faveur de l’annexion et d’expansion des colonies qui a annihilé de fait toute perspective de futur État palestinien, Israël a l’audace de parler d’« aucun mur ni frontière ».
Loin d’une simple participation à l’Expo 2020, Israël s’est également vu confier la sécurité de l’événement : les EAU ont chargé Airobotics, une société de drones israéliens, de renforcer la sécurité. Une flotte de drones va surveiller systématiquement et en permanence l’événement.
En faisant sa promotion et celle de ses entreprises à l’exposition universelle, Israël adopte la stratégie du soft power.
L’accord conclu avec Airobotics revêt toutefois une autre dimension : les drones israéliens représentent un domaine de coopération stratégique entre les Émirats et Israël face à la soi-disant « menace iranienne ». Cette coopération précédait les accords d’Abraham et a été renforcée après leur signature.
L’utilisation d’armes totalement autonomes, surnommées « robots tueurs », est un secteur émergent à l’échelle mondiale et de profondes transformations dans ce domaine devraient survenir dans les années à venir.
Israël peut se servir d’événements tels que l’Expo 2020 pour se promouvoir en tant que superpuissance dans ce domaine. Aux EAU, elle trouve un marché riche – qui a déjà collaboré dans un certain nombre de domaines, notamment un projet de pipeline vanté comme ouvrant la voie à une alternative potentielle au canal de Suez.
Derrière l’élégance du marketing et la stratégie de soft power, Israël poursuit ses efforts acharnés pour éliminer la question de la Palestine et des droits du peuple palestinien.
Derrière son marketing des outils d’agression, Israël cherche à imposer son hégémonie sur l’ensemble de la région arabe.
- Ameer Makhoul est un activiste palestinien de premier plan et journaliste au sein de la communauté des Palestiniens de 1948. Il a dirigé Ittijah, une ONG palestinienne en Israël. Il a été emprisonné par Israël pendant dix ans.
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Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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