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Alep dévastée : les armes de guerre qui anéantissent la ville

La Russie et la Syrie sont accusées d’avoir recours aveuglément à des munitions interdites contre des civils. MEE passe en revue leurs terribles effets
Les attaques aux bombes-barils ont détruit des maisons et tué des milliers de personnes à Alep (AFP)

Les attaques aériennes syriennes et russes sur Alep ont suscité des accusations de crimes de guerre et de « barbarie » du fait qu’elles impliqueraient des armes sophistiquées qui peuvent avoir un effet dévastateur dans les zones résidentielles.

On ne sait pas exactement quelles armes ont été déployées mais le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a évoqué des rapports d’armes incendiaires et des bombes antibunker, alors que des bombes-barils et des munitions à fragmentation ont également été utilisées précédemment en Syrie.

Quelles armes pourraient avoir été utilisées ?

* Bombes antibunker : elles tirent leur nom de leur utilisation pour pénétrer des cibles fortifiées telles que des quartiers généraux militaires souterrains.

* Armes incendiaires : utilisées pour déclencher des incendies, composées de substances telles que le napalm et le phosphore blanc, qui peuvent causer de graves brûlures si elles entrent en contact avec la peau. Le phosphore blanc a une fonction légitime consistant à provoquer des écrans de fumée.

* Bombes thermobariques : également connues sous la désignation « explosifs combustible-air », elles déclenchent des incendies qui consomment l’oxygène des espaces souterrains et brûlent tout sur leur passage.

* Munitions à fragmentation : armes interdites au niveau international qui libèrent de plus petites sous-munitions, ou « minibombes », sur une large zone, qui peuvent ne pas exploser jusqu’à leur déclenchement par un mouvement.

* Bombes-baril : armes improvisées et non guidées ayant un large impact, souvent fabriquées à partir d’un baril de pétrole rempli d’explosifs et de fragments de métal et larguées depuis les airs.

Un cratère de bombe à Qadi Askar, Alep, le 26 septembre 2016 (Reuters)

Pourquoi seraient-elles controversées à Alep ?

« L’utilisation d’armes dans les conflits armés relève du droit international humanitaire, lequel interdit le ciblage direct des civils et interdit les attaques aveugles et disproportionnées », a déclaré Hannah Bryce, directrice adjointe des questions de sécurité internationale au think tank Chatham House.

« Le problème avec la plupart des armes explosives utilisées en Syrie et à Alep tient à leur utilisation dans les zones résidentielles où il y a une forte population civile. »

Elle a ajouté : « La question est néanmoins complexe lorsque des objectifs militaires sont situés dans des zones civiles. »

Bryce a cité un rapport de l’ONG Action on Armed Violence qui concluait que, lorsque des armes explosives sont utilisées dans des zones peuplées, 92 % des personnes tuées et blessées sont des civils.

Par ailleurs, elles détruisent souvent les infrastructures essentielles, comme les infrastructures de soins de santé, d’assainissement, d’eau et d’alimentation.

Ben Goodlad, spécialiste des armes chez IHS Jane’s, a déclaré : « Les bombes antibunker et les explosifs combustible-air sont conçus pour être utilisés contre des cibles fortifiées difficiles à atteindre. »

« Le taux élevé d’explosifs et les effets de souffle causés par ces munitions auraient un effet dévastateur sur une zone bâtie, les dommages collatéraux étant presque inévitables. »

Stephen Rapp, ancien ambassadeur américain chargé des crimes de guerre, a déclaré : « tous les dispositifs incendiaires ne vont pas être [utilisés] dans une situation où ils peuvent faire une distinction entre [des cibles militaires et civiles]. »

« Ils vont causer d’horribles pertes civiles. »

 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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