Alep : les civils se cachent dans les sous-sols alors que les bombes russes pleuvent
L’artillerie et les avions syriens ont bombardé les zones tenues par les rebelles à Alep vendredi matin, tandis que Damas et son alliée Moscou ont intensifié leur nouvelle offensive contre les rebelles.
Il s’agit du quatrième jour d’affilé de bombardements depuis que la Russie a déclaré mardi la fin d’une pause humanitaire d’un mois.
Les plus de 250 000 civils vivant sous le siège dans la zone est de la deuxième ville syrienne tenue par les rebelles ont passé la nuit dans des sous-sols et des abris anti bombes après l’un des bombardements les plus intensifs de la nouvelle offensive.
Des bombes barils et d’autres pièces d’artillerie sont tombées sur la ville jusqu’à minuit, pour reprendre tôt vendredi matin, selon un correspondant de l’AFP.
Ce bombardement est intervenu alors que les troupes gouvernementales préparaient un assaut sur le quartier sud de Sheikh Said, dans lequel elles sont brièvement entrées avant d’être repoussées par des combattants rebelles, a déclaré l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
S’exprimant par Whatsapp, le contributeur de MEE Zouhir al-Shimale a déclaré que vivre dans l’est d’Alep « était similaire à l’enfer » après des jours de bombardements incessants.
Zouhir al-Shimale a également expliqué à MEE que les bombardements ne s’étaient pas interrompus depuis le matin.
Des installations médicales ciblées, selon des rapports
Des rapports non confirmés font état d’hôpitaux et d’installations médicales ciblés par des avions du gouvernement syrien et russe au cours de la nuit.
Des activistes ont toutefois refusé de nommer les installations ciblées malgré le fait qu’ils utilisent des codes pour nommer les hôpitaux de l’est d’Alep, car ils craignaient davantage de représailles de la part des forces loyales au gouvernement.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a condamné plus tôt cette semaine les attaques contre les hôpitaux et autres installations médicales.
Le porte-parole de l’OMS, Tarik Jarasaveic, a déclaré : « Il est choquant que les installations médicales continuent à faire l’objet d’attaques en Syrie. Pour cette année seulement, 126 attaques sur le personnel de santé et les installations médicales ont été enregistrées par l’OMS et ses partenaires. »
Et d’ajouter : « Nous appelons tous les belligérants à arrêter de cibler le personnel de santé et les hôpitaux car c’est scandaleux, et cela prive la population civile d’accès à des soins de base. »
La Russie a confirmé jeudi avoir déployé des missiles de croisière pour cibler « des groupes djihadistes en Syrie ».
Moscou a déclaré que les frappes de jeudi ciblaient le groupe État islamique et l’ancien affilié d’al-Qaïda le front Fatah al-Sham, mais elle n’a pas spécifié où ses frappes avaient été effectuées.
La province d’Alep est principalement contrôlée par l’alliance rebelle connue sous le nom de l’Armée de la conquête, qui regroupe des factions rebelles avec des militants islamistes du Front Fatah al-Sham.
Les rebelles répliquent
Les rebelles ont répliqué en tirant une dizaine de roquettes sur les zones de la ville tenues par le gouvernement, a ajouté l’OSDH, basé à Londres. Trois civils, dont deux enfants, ont été tués dans Alep-Ouest, selon l’agence de presse d’État syrienne SANA.
Au moins 65 civils ont été tués depuis la relance de l’offensive mardi, a déclaré l’OSDH.
Aucune aide humanitaire n’a atteint les quartiers est de la ville depuis que les troupes gouvernementales les ont encerclés à la mi-juillet, et les organisations humanitaires ont déclaré cette semaine que l’aide alimentaire s’était épuisée.
Autrefois ville principale de commerce et centre industriel, Alep a été dévastée par les combats depuis que les rebelles ont pris l’est de la ville en 2012.
Les 1,2 millions de civils qui vivent dans les zones tenues par le gouvernement se sont retrouvées sous les attaques répétées des rebelles.
Traduit de l’anglais (original).
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