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Après ses remarques sur la burqa, Boris Johnson face aux réprimandes de son parti

L’ancien ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, pourrait faire l’objet d’une enquête pour avoir violé le code de conduite de son propre parti après avoir fait des commentaires sur les musulmanes qui portent la burqa
Les remarques de Boris Johnson ont choqué dans son propre camp politique (AFP)

Le London Evening Standard, citant des sources anonymes du Parti conservateur, a indiqué qu'une décision de renvoyer l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson devant une commission d'enquête du parti dirigée par un avocat était imminente.

Selon le code de conduite du Parti conservateur, ses représentants ne devraient pas « utiliser leur position pour intimider, abuser, victimiser, harceler ou discriminer illégalement les autres ».

Boris Johnson a comparé les femmes qui portent le voile intégral à des « boîtes aux lettres » et à des « braqueurs de banque »

Lundi dernier, dans le quotidien Daily Telegraph, l'ancien ministre, connu pour ses dérapages et ses déclarations parfois provocantes, a plaidé contre l'interdiction du voile intégral dans l'espace public tout en qualifiant la burqa de « ridicule » et « bizarre ».

Il a comparé les femmes qui portent ce voile intégral dissimulant les yeux derrière un tissu à des « boîtes aux lettres » et à des « braqueurs de banque ».

Face à l'indignation provoquée, le président du Parti conservateur, Brandon Lewis, a annoncé sur Twitter qu'il avait demandé au ministre qui a démissionné de son poste le 9 juillet dernier, de s'excuser. Il a été rejoint par le Premier ministre britannique Theresa May.

Traduction : « Boris a blessé » avec ses remarques sur la burqa, a déclaré Theresa May

« Les propos de Boris Johnson ont clairement blessé », a déclaré Theresa May, interrogée en marge d'un déplacement en Écosse. « Donc je suis d'accord avec Brandon Lewis ». « Je crois que les femmes devraient avoir le droit de choisir comment elles s'habillent », a-t-elle ajouté.

De son côté, l'entourage de Boris Johnson a fait savoir que l'ex-ministre ne comptait pas s'excuser. « Il est ridicule que ces points de vue soient attaqués, nous ne devons pas tomber dans le piège d'empêcher le débat sur des questions difficiles », a ajouté cette source.

Des excuses, un « minimum »

Pour Sayeeda Warsi, ancienne vice-présidente du Parti conservateur, l'ex-ministre a agi de manière calculée pour s'attirer le soutien de la droite du parti.

« Ce sont des commentaires insultants mais une stratégie intelligente », a-t-elle déclaré, et, selon elle, Boris Johnson mesure « l'effet » et « l'impact » que peuvent avoir ses propos.

Pour Sayeeda Warsi, « c'est littéralement le style bigot de Bannon [ex-conseiller du président américain Donald Trump] et les tactiques de Trump qui font leur chemin dans la politique britannique ».

À LIRE ► Les femmes musulmanes sont les premières à subir les conséquences de l'islamophobie en Europe

Le Conseil musulman du Royaume-Uni (MCB) a estimé qu'« en choisissant intentionnellement ces mots », repris dans un journal national, Boris Johnson a « léché les bottes de l'extrême-droite ». Des excuses sont le « minimum » mais le Parti conservateur doit aussi s'interroger sur l'islamophobie en son sein, estime le Conseil.

Sahar al-Faifi, responsable régional de l'ONG anti-islamophobie Muslim Engagement and Development (MEND), a déclaré à Middle East Eye que les commentaires de Johnson avaient déshumanisé et criminalisé les femmes musulmanes qui choisissaient de porter la burqa.

« Les femmes musulmanes sont confrontées à une triple discrimination autour de la foi, de la couleur et du genre »

- Sahar al-Faifi, responsable régional de l'ONG anti-islamophobie Muslim Engagement and Development (MEND)

« Nous en avons eu assez », a-t-elle dénoncé. « Les femmes musulmanes sont confrontées à une triple discrimination autour de la foi, de la couleur et du genre. Boris Johnson doit s'excuser pour ses commentaires car il sera maintenant responsable de tous les crimes haineux. »

Boris Johnson s'est déjà plusieurs fois fait remarquer par des sorties peu diplomatiques, comme en mai 2017 lorsqu'il avait prôné les exportations de whisky vers l'Inde dans l'enceinte d'un temple sikh, religion qui bannit sa consommation.

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