Cancer en Palestine : les enfants se battent contre la maladie et l’occupation
Hana est une fillette de 8 ans de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. Quand elle est tombée malade, sa famille l’a emmenée chez le médecin, en vain. Ils ont fini par se rendre dans chacun des hôpitaux de Gaza, mais ce n’est que lorsque son état s’est détérioré au point que la petite ne pouvait plus marcher que ses médecins ont finalement ordonné son transfert dans un hôpital palestinien de Jérusalem. Dans la journée, on lui a diagnostiqué une leucémie et elle est actuellement soignée à l’hôpital Augusta Victoria de Jérusalem-Est.
Les infrastructures médicales ont été dévastées par les guerres récurrentes et les services de santé pour les patients atteints d’un cancer à Gaza sont par conséquent nettement insuffisants.
Actuellement, il n’existe qu’un seul service d’oncologie pédiatrique dans la bande de Gaza assiégée : il est situé au sein de l’hôpital pour enfants al-Nasr. Il ne comprend que quatre médecins de garde et treize lits et l’équipement de base nécessaire pour effectuer un examen complet fait défaut.
Il y a encore deux ans, pas un seul hôpital de toute la Palestine n’était en mesure de diagnostiquer les patients. Leur seule option était d’aller à Jérusalem ou en Israël.
Remarquant les dramatiques lacunes du système de santé publique, une ONG américaine de secours médical, Palestine Children’s Relief Fund (PCRF), a entrepris de construire un service public d’oncologie pédiatrique de grande qualité dans la bande de Gaza, ce qui signifie que les enfants atteints de cancer n’auront plus à endurer d’onéreux voyages à l’étranger pour recevoir un traitement.
L’ONG est en train de lever les dizaines de millions de dollars nécessaires pour construire le service de 200 m² dans l’hôpital spécialisé de la ville de Gaza. Steve Sosebee, directeur général du PCRF, explique : « Outre les énormes moyens financiers, le ciment constitue le principal défi puisqu’en faire parvenir dans la bande de Gaza assiégée et dévastée est impossible depuis l’attaque de l’été dernier. Ainsi, nous devons passer par un processus de longue haleine et demander des quantités spécifiques aux autorités israéliennes, puis tout faire vérifier pour obtenir les autorisations. Mais personne ne sait si cela peut être fait ou même quand. »
Malgré les obstacles redoutables, le PCRF a réussi, le 6 avril 2013, à ouvrir le premier et unique service d’oncologie pédiatrique publique en Cisjordanie, à l’hôpital gouvernemental de Beit Jala, près de Bethléem, offrant des soins spécialisés à des centaines de jeunes patients et ce dans le cadre de leur propre système de santé publique. « Depuis l’ouverture, nous avons augmenté le taux de survie de 50 à 85 % pour la plupart des cancers », a annoncé le Dr Mohammed Najajreh, le chef du service.
En raison des fréquentes pénuries de médicaments, liées en partie à la situation financière complexe de l’Autorité palestinienne, la radiothérapie est prescrite aux patients même dans les cas où la chimiothérapie pourrait être la meilleure solution. Les équipements de radiothérapie ne sont plus disponibles dans les Territoires palestiniens depuis qu’Israël prétend qu’ils pourraient être utilisés dans des attaques terroristes.
Le ministère de la Santé estime qu’il y a environ 230 nouveaux cas pédiatriques chaque année : les deux tiers en Cisjordanie et un tiers dans la bande de Gaza. Aujourd’hui, 20 % des patients cisjordaniens et près de 100 % des patients de Gaza sont orientés vers les hôpitaux israéliens en vue d’une radiothérapie ou d’une transplantation de moelle osseuse en raison des pénuries de médicaments.
« Nous avons attendu l’approbation de mon autorisation d’entrer à Jérusalem pendant un mois », a expliqué la grand-mère d’Hana, Fatma. « Ses parents ne pouvaient pas venir parce que les autorités israéliennes empêchent les Gazaouis âgés de moins de 30 ans d’obtenir une autorisation. En outre, le coût de la vie est beaucoup plus élevé en Israël. Nous ne pouvons rien acheter ici. »
« Le fait que les mères ne peuvent pas accompagner les enfants pendant leur traitement est un problème majeur », déclare Mohammed Rajah, chef des infirmiers du service d’oncologie pédiatrique à l’hôpital Augusta Victoria. « La mère est la seule personne qui connaît parfaitement les symptômes. En outre, dans ce cas, la grand-mère est malade et a elle-même besoin de soins. »
Les préoccupations sécuritaires d’Israël prennent régulièrement le pas sur les besoins médicaux des Palestiniens. Les problèmes d’autorisation, les interminables embouteillages aux checkpoints, la barrière de la langue, les coûts de vie plus élevés et l’isolement font du voyage à Jérusalem ou en Israël un fardeau logistique et économique pour les familles. Le PCRF espère que ses efforts soulageront les familles et les patients, mais un long chemin reste encore à parcourir.
Traduction de l’anglais (original).
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