EN IMAGES : Le vétérinaire qui sauve les chevaux maltraités et blessés en Égypte
Depuis plus de dix ans, Hatem Settin, vétérinaire du gouvernorat de Mansourah en Égypte, a sauvé de nombreux chevaux blessés et négligés. Son amour pour les chevaux remonte à l’enfance : il a été fasciné par le lien qu’il arrivait à nouer avec eux.
Avec sa famille, il a passé énormément de temps entouré d’animaux et a appris tout ce qu’il y avait à savoir à leur sujet.
« J’ai toujours aimé les chevaux », rapporte-t-il à Middle East Eye. « Déjà quand j’étais petit, je dessinais toujours des chevaux, je parlais d’eux, je voulais passer tout mon temps avec eux. »
Aujourd’hui, il prend soin de dizaines de chevaux, pour beaucoup maltraités et blessés. Il leur rend la santé à la « Ferme des animaux torturés », à Saqqarah à Gizeh, une exploitation privée détenue par un dresseur de chevaux. (Photos : Fadel Dawod)
Settin a étudié la science vétérinaire à l’université et a acquis toutes les compétences nécessaires pour devenir vétérinaire et travailler en Égypte et à l’international.
« J’ai travaillé en tant que vétérinaire international pendant plus de douze ans et je suis rentré en Égypte après avoir atteint le summum de la formation », explique-t-il.
Hatem Settin a travaillé dans divers pays dont l’Algérie, les États-Unis ainsi qu’en Europe. Bien que cela ait été difficile pour lui de faire carrière à l’étranger dans des environnements inconnus, travailler à l’étranger a été très enrichissant et formateur.
« J’ai travaillé dur jusqu’à travailler avec des chevaux à travers le monde – c’était un travail fatiguant, je manquais de sommeil et je vivais dans des conditions difficiles », ajoute-t-il.
Hatem Settin ne veut pas seulement sauver les chevaux négligés en Égypte, mais également opérer un changement culturel et d’attitude envers les soins aux animaux dans ce pays.
« Les gens pensent toujours que les vétérinaires sont stupides, et ils sont souvent considérés comme inférieurs aux médecins », explique-t-il. « Mais je considère que c’est l’exact opposé : les vétérinaires sont très importants et doivent être plus appréciés. Hors d’Égypte, les gens respectent énormément les vétérinaires, mais on est toujours à la traîne à ce sujet ici. »
À la ferme, une poignée d’employés l’aident à prendre soin des chevaux et l’assistent, tous sont rémunérés sur ses économies car il n’accepte pas les dons.
Il y a dix ans, Hatem Settin a commencé à documenter les soins qu’il portait aux chevaux à la ferme, publiant son travail et des vidéos sur internet.
« Je voulais montrer aux gens qu’il y avait un vétérinaire en Égypte qui avait des rêves, de l’ambition et un message à propos du soin aux animaux », explique-t-il.
Il précise avoir documenté le traitement de plus de 500 chevaux blessés sur internet.
Selon lui, son contenu n’a pas immédiatement touché les gens et certains se sont même moqués de lui. « Les gens ne comprenaient pas vraiment et me demandaient ce que je faisais, mais j’ai continué et mon nombre d’abonnés a commencé à augmenter progressivement », relate-t-il.
Aujourd’hui, ses efforts sont largement salués et beaucoup d’internautes suivent son travail et commentent ses efforts.
De nombreux chevaux soignés par Hatem Settin ont été grandement négligés car leurs propriétaires ne pouvaient pas se permettre les soins ou parce qu’ils ne savaient pas comment faire.
« Je n’ai jamais refusé de traiter un animal blessé, peu importe que les temps soient durs. Les gens ont souvent peur de prendre soin des chevaux parce qu’ils s’inquiètent de la propagation des maladies ou du fardeau qu’ils représentent, mais j’ai pu trouver cette ferme et aider à les soigner », rapporte-t-il.
Bien que soigner les chevaux puisse coûter cher, Hatem Settin continue à utiliser ses économies personnelles pour les soigner parfois sur plusieurs années. Il pense avoir reçu le don de se lier aux chevaux et de comprendre leurs besoins.
Settin se rend dans les villes environnantes, trouve des chevaux abandonnés et les ramène à la ferme, où il les examine et les soigne le cas échéant. Au fil des ans, il a aidé de nombreux chevaux à se rétablir et certains ont recouvré une partie de la vision, tandis que d’autres ont pu remarcher correctement.
« Les gens peuvent se plaindre et s’exprimer lorsqu’ils souffrent, mais les animaux ne le peuvent pas et la plupart des chevaux que je vois sont laissés dans la chaleur étouffante, sans eau ni nourriture », déplore-t-il.
Les chevaux dans la ferme refuge sont tous baptisés d’après des expériences qu’ils ont traversées.
« L’un des chevaux s’appelle Mansi, qui signifie ‘’oublié’’ en arabe. Je lui ai donné ce nom parce que je l’ai trouvé près des poubelles. Tous les chevaux que je trouve sont abandonnés dans les rues sans nourriture et sont gravement blessés », explique-t-il.
« Je pense que c’est profondément injuste et que nous serons tenus responsables de la façon dont nous traitons les animaux », poursuit-il.
Un autre cheval sur la ferme s’appelle Aziz, ce qui signifie « le plus précieux ». Hatem Settin explique que lorsqu’il l’a trouvé, son œil était crevé car quelqu’un l’avait surpris en train manger sur sa terre. Il a ensuite été attaché à l’arrière d’un véhicule et tiré le long de la route.
Settin dit vouloir continuer à aider les chevaux, sans chercher à en tirer un bénéfice financier, parce qu’il pense qu’il sera récompensé par d’autres façons et que c’est l’humanité qui lui commande de faire. Il soutient que les gens dans le pays ne font pas assez pour aider les animaux, bien que de nombreux cas sont facilement soignables.
« L’un des chevaux, Maksur, qui signifie ‘’cassé’’ en arabe, avait des os brisés. Tout le monde m’a dit que je devais le laisser mourir en paix. Mais je n’aime pas laisser mourir les animaux si facilement. Je vois ça comme un dernier recours, seulement si on a essayé les 500 autres options d’abord. »
Hatem Settin a réussi à sauver des dizaines de chevaux et il espère encore étendre son projet à l’avenir. L’une de ses principales ambitions est de fonder une organisation caritative qui soutiendra les animaux maltraités en Égypte afin de sensibiliser à leurs mauvaises conditions et à la façon de prendre soin d’eux.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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