EN IMAGES – L’Algérie vue d’en bas : le « smart projet » d’un photographe conteur
ALGER – En se baladant avec son smartphone dans Alger pour prendre en photo ce qui l’étonne ou ce qui le touche, Ahmed Aït Issad, 36 ans, a fini par compiler une masse importante de clichés. Lui-même se définit comme « conteur photographique ».
« Je raconte les histoires qui m’ont le plus touché pour inspirer d’autres personnes et promouvoir une Algérie positive, authentique et dynamique. J’ai baigné dans le monde de la communication et j’ai eu la chance de côtoyer des photographes de renom. Cela m’a permis de découvrir et de tomber amoureux de la photographie », explique à Middle East Eye ce spécialiste en marketing digital qui s’est libéré des contraintes du salariat pour s’installer comme consultant indépendant et dégager ainsi plus de temps pour son projet « L’Algérie vue d’en bas ».
Le titre est inspiré du documentaire du photographe français Yann Arthus-Bertrand, « L’Algérie vue du ciel », diffusé en 2015, décliné également en beau livre. Une amie étrangère, à qui Ahmed faisait découvrir Alger, lui a suggéré ce titre qui embrasse sa démarche visant à « promouvoir une Algérie positive, authentique et dynamique », précise le photographe.
Une sorte de contre-pied, sans méchanceté précise-t-il, au gros projet du photographe de renommée mondiale : ici, pas d’hélicoptère ou de moyens impressionnants, juste un smartphone et un sourire, une discussion dans les dédales de la Casbah d’Alger, sur les hauteurs de la Kabylie ou sur les routes de l’immense Sahara.
Pour Ahmed, il est important de partager ce regard. Sur les réseaux sociaux, il commence par publier frénétiquement les photos d’Alger, puis d’Oran (ouest) et de sa Kabylie natale.
Il ambitionne de visiter les 48 wilayas (préfectures) du pays, d’autant plus que souvent, ce sont de parfaits inconnus qui, en découvrant ses photos sur Facebook ou Instagram, l’invitent chez eux, aux quatre coins de l’Algérie.
« C’est ce voyage à travers tous le pays que je vais raconter dans prochains mois », promet Ahmed. « L’Algérie vue d’en bas » sera à Oran jusqu’au 3 février pour la septième édition des Journées de la photo, après un passage à Paris.
Zouafricains. « C’est un mélange des deux mots : zoufri, ouvrier en algérois, et africain. Ces Africains subsahariens ont fui leurs pays pour un lendemain meilleur. Dans le quartier des Sources, à Alger, ils offrent leurs services de manutentionnaires, ouvriers pour les chantiers, etc. Ce sont des bosseurs qui se battent aussi en Algérie car aujourd’hui, ils sont Algériens… »
Supporteurs. « Là où le MCO jouera, on ira! ». Cris de supporters oranais qui suivent leur club, le Mouloudia club oranais, partout. Une ambiance joviale, loin de la violence à laquelle nous ont habitués certains supporteurs. »
Chez Sidi Lakhdar ben Khlouf. « Sidi Lakhdar ben Khlouf est un poète algérien du XVIe siècle, devenu célèbre grâce à ses poésies sur le prophète Mohammed. Un fidèle se rend dans le mausolée qui lui est consacré, à Mostaganem (ouest), pour s’inspirer de la sagesse et la piété d’un des plus grands poètes populaires du Maghreb, qui a marqué les esprits par ses textes et ses enseignements. »
Tranquillement au centre-ville. « Place Maurice Audin, au centre d’Alger, du nom du militant communiste qui a rallié la cause des Algériens durant la guerre de libération. Trois parfaits inconnus – un jeune homme, un vieux monsieur et une jeune fille – partagent un banc. Cette scène aurait été impossible il y a quelques années, à l’époque du terrorisme, où on se méfiait des endroits publics, souvent cibles d’attentats… »
De la joie aux passants. « Mouloud Dekkal est un artiste de rue qui donne la joie aux passants de l’avenue Didouche Mourad, une des artères centrale d’Alger. Aujourd’hui, il veut réaliser son rêve : produire ses propres compositions et textes. »
Un thé au Sahara. « Avril 2018, Tamanrasset. Nous sommes dans le grand sud algérien. Mohamed Sollah est le premier guide qui m’a fait découvrir le Tassili. Son combat pour un tourisme équitable, responsable et écolo, son amabilité et son thé délicieux m’ont marqué à jamais ! »
Racont’Art. « Dans les hautes montagnes de Kabylie, à l’occasion de la 15e édition du festival culturel Racont’Art, dans le village de Tiferoud, j’ai rencontré ces femmes. Elles m’ont replongé en enfance avec leurs récits et leur art. Racont’Art est plus qu’un festival, c’est un beau voyage dans le temps. »
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].