EN IMAGES : Faïlaka, l’île koweïtienne chargée d’histoire(s)
En raison de sa position stratégique, Faïlaka est habitée en continue depuis l’âge du bronze. De tout temps, cette île a constitué un centre culturel et historique, comme en témoignent ses treize sites archéologiques d’époques différentes. Alimentée en eau douce et située sur les voies commerciales vers la Chine ou l’Inde, elle était déjà habitée en 2500 av. J.-C.
Son histoire s’est accélérée avec la guerre du Golfe. Le 2 août 1990, les troupes de Saddam Hussein s’emparent de cette île et les 2 000 habitants qui s’y trouvent (principalement des pêcheurs et des villageois) sont expulsés vers la capitale, Koweït. Les plages sont minées et les monuments et bâtiments servent de stands de tirs, comme cette banque. (MEE/Fanny Arlandis)
L’île possède encore des traces de cette guerre. On y trouve de vieux chars rouillés, des mitrailleuses et d’autres engins militaires près desquels des visiteurs se font parfois photographier. (MEE/Fanny Arlandis)
L’année suivante, en 1991, les forces américaines reprennent Faïlaka et les 1 400 soldats irakiens qui en ont fait leur base sont à leur tour expulsés. L’île devient ensuite le camp d’entraînement des Marines américains avant qu’ils ne rejoignent la guerre en Irak (2003) et des batailles comme Falloujah. Le 8 octobre 2002, un soldat américain se fait tuer à Faïlaka lors d’une attaque menée sur l’île par deux Koweitiens liés à des réseaux islamistes armés afghans. (MEE/Fanny Arlandis)
La très grande majorité des habitants qui ont fuient en 1990 ne sont jamais revenus. Leurs maisons ont été rachetées par les autorités ou laissées à l’abandon. Les infrastructures se sont elles aussi peu à peu délabrées, comme en témoigne cette ancienne école. (MEE/Fanny Arlandis)
Seules quelques personnes sont revenues. Une communauté de pêcheurs s’est installée dans de petites baraques près de la plage. Des travailleurs immigrés, principalement venus du Bangladesh, tiennent les rares commerces, une poignée de fermiers possèdent des bêtes et des militaires y effectuent leurs missions. (MEE/Fanny Arlandis)
On trouve aussi une ferme de tôles jaune, bleue et verte. Elle est occupée par Abou Ali, un Soudanais de 45 ans qui prend soin d’une partie des dromadaires de l’émir actuel, le cheikh Sabah al-Ahmed al-Jabir al-Sabah. Abou Ali vit à Faïlaka depuis 1990 et veille sur environ 150 bêtes. Il affirme connaître le nom de chacune d’elle, qu’il choisit selon ses humeurs. Il sort les dromadaires tous les matins à 7 heures et part à leur recherche pour les ramener à la ferme à partir de 15 heures. (MEE/Fanny Arlandis)
Depuis quelques années, les autorités koweïtiennes et les promoteurs ont un nouveau projet pour l’île : développer le tourisme. Des ferrys font l’aller-retour entre la ville de Koweït et Faïlaka mais les touristes ne sont pas au rendez-vous et les structures, comme ces locations de pédalos, sont généralement désertes. (MEE/Fanny Arlandis)
Les archéologues représentent presque la population la plus nombreuse sur l’île. Ceux de la mission franco-koweïtienne travaillent sur deux sites, dont celui du monastère chrétien d’al-Qusur, au centre de l’île.
Ce dernier est passionnant car il fournit la preuve inédite d’une présence chrétienne dans la région et d’une cohabitation entre chrétiens et musulmans après les conquêtes de l’islam au VIIe siècle, contrairement à ce qu’ont pensé les historiens pendant des décennies. Le site comprend deux églises, un réfectoire et quelques habitations. Cependant, le mur d’enceinte et les cellules des moines, qui viendraient confirmer la fonction monastique du lieu, n’ont toujours pas été retrouvés. (MEE/Fanny Arlandis)
Les autorités de l’émirat financent plusieurs missions chaque année pour fouiller le passé de l’île. D’octobre à mai, 95 archéologues de diverses nationalités (français, danois, polonais, slovaques, italiens ou encore géorgiens) défilent sur l’île. Selon Julie Bonnéric, responsable de la mission franco-koweïtienne (photographiée ci-dessus), le département koweïtien des antiquités a fait fouiller presque tous les sites de Faïlaka. (MEE/Fanny Arlandis)
Un quart du budget national de la culture au Koweït est consacré à l’archéologie. Elle permet à ce pays de 4,1 millions d’habitants de s’inscrire dans une histoire plus vaste et de se donner une consistance et une profondeur historiques. Toujours pour montrer son ouverture et sa richesse historique, le Koweït a effectué, en 2013, une demande d’ajout de deux sites de Faïlaka à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce développement sans précédent de l’archéologie s’inscrit dans un mouvement général des pays du Golfe en ce sens, désormais tous attentifs à leur passé. (MEE/Fanny Arlandis)
Aucun de ces chantiers de fouilles ne verrait le jour sans les dizaines d’ouvriers venus d’Égypte – comme Ahmad sur cette photo, qui travaille sur les deux sites de la mission franco-koweïtienne : la forteresse hellénistique (photo d’ouverture) et l’ensemble chrétien d’al-Qusur. (MEE/Fanny Arlandis)
Parfois, certains ouvriers ont besoin de soin, c’est le cas des diabétiques. Ils sont alors emmenés au dispensaire qui ne possède qu’un seul soignant. Originaire du Bangladesh, car le Koweït dispose d’accords de coopération avec ce pays, le médecin Ruhul Amin soigne les cas les moins graves et fait venir un hélicoptère pour transférer les autres. (MEE/Fanny Arlandis)
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