Israël et la Palestine s’accusent mutuellement de l’échec des négociations de Moscou
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères et envoyé pour la paix au Moyen-Orient a annoncé à une délégation palestinienne à Ramallah mardi que les négociations projetées à Moscou avaient été annulées, a confié un haut responsable palestinien à Middle East Eye.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou aurait déclaré à Mikhaïl Bogdanov lors d’une rencontre à Jérusalem lundi qu’il ne souhaitait plus négocier avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
« Bogdanov nous a dit ouvertement que non seulement Netanyahou a rejeté les conditions palestiniennes pour une rencontre – telles que le gel de la colonisation et la libération des prisonniers faits avant Oslo – mais aussi qu’une rencontre avec Abbas n’est plus une de ses priorités », nous a rapporté le responsable palestinien, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat.
« Netanyahou a déclaré que la lutte contre le terrorisme et faire la paix avec les pays arabes sont désormais ses priorités », a-t-il ajouté.
Selon ce responsable, l’envoyé russe a attribué les propos suivants à Netanyahou : « Quand je ferai la paix avec les Arabes, Abbas se joindra à nous – alors laissez-le. »
« Une séance photo et rien de plus »
Malgré l’échec signalé des négociations, Bogdanov a conservé un ton optimiste face à la presse après sa rencontre avec la délégation palestinienne mardi, affirmant que le travail se poursuivait sur « la date, la forme et le contenu de la rencontre ».
Les responsables palestiniens étaient néanmoins plus pessimistes, estimant qu’une rencontre était désormais peu probable.
« Quand nous mettrons-nous d’accord avec Netanyahou sur le contenu de la rencontre ? C’est très difficile », a déclaré Jibril Rajoub, un conseiller du chef de l’Autorité palestinienne.
« Le président Abbas a été clair avec les Russes, il leur a dit que nous voulions un véritable processus, et qu’un tel processus exige une base solide, comme le gel de la colonisation, la libération des prisonniers et la reconnaissance des frontières de 1967. Sinon, cette rencontre sera une séance photo et rien de plus », a déclaré Rajoub.
Les responsables palestiniens ont accusé Netanyahou de se servir du projet de négociations de Moscou pour saper une initiative française similaire.
Ahmed Majdalani, un autre conseiller du président Abbas, a déclaré à MEE : « Netanyahou a en horreur l’initiative française parce qu’elle établit un parapluie international. Toutefois, il ne peut pas boycotter la conférence internationale française, par crainte des répercussions telles qu’une éventuelle reconnaissance française de l’État de Palestine. Il a donc fait appel au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour presser les Palestiniens de revenir aux négociations directes – puisque Sissi ne l’a pas fait, il s’est adressé aux Russes, connaissant leur grande influence sur les Palestiniens.
« Le président Abbas a dit aux Russes qu’il acceptait a priori de rencontrer Netanyahou ; mais pour une réunion fructueuse pouvant ouvrir la voie à un rôle russe dans le processus de paix, les bases doivent être posées, à commencer par le gel des colonies – une issue décidée par le Quartet pour la paix dans sa célèbre Feuille de route – et la libération des prisonniers faits avant Oslo.
« Les Russes, qui sont désireux de recouvrer leur rôle au Moyen-Orient, comprennent le point de vue palestinien. Ils sont retournés vers Netanyahou et lui ont demandé de faire quelque chose pour ramener les Palestiniens à la table des négociations, mais Netanyahou, qui dirige un gouvernement de droite, a déclaré qu’il n’était plus intéressé. »
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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