Istanbul procède à son premier allumage public des bougies de Hanoukka
Istanbul a connu son premier allumage public des bougies de Hanoukka alors que la fête juive tirait à sa fin lundi.
Dimanche soir, une foule s’est réunie à Ortaköy Square, près des rives du Bosphore, pour célébrer cette fête par des chants, des prières et l’allumage des bougies d’une hanoukka géante.
L’événement a été organisé par la municipalité de Beşiktaş et son maire Murat Hazinedar, issu du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP).
Parmi les fonctionnaires présents figuraient des représentants de la municipalité métropolitaine d’Istanbul, du bureau du gouverneur d’Istanbul, du ministère des Affaires étrangères et du bureau du Grand Mufti d’Istanbul. Les représentants des ambassades des États-Unis, d’Espagne et d’Israël étaient également présents.
Le chef de la communauté juive de Turquie, İshak İbrahimzadeh, a « remercié vivement » l’État et les citoyens turcs ainsi que sa « chère Turquie dans son ensemble », et a appelé à l’unité de la nation turque.
Les bougies de la hanoukka sont allumées en souvenir de la victoire sur l’empereur gréco-syrien Antiochus par les Israélites et de la remise en état du Temple de Jérusalem.
Selon la tradition religieuse juive, lorsque le temple a été récupéré, les Israélites ont cherché de l’huile pour allumer la menorah, mais n’en ont trouvé que pour une nuit – cependant, après avoir été allumé, la flamme a brûlé pendant huit jours.
Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, a souhaité un joyeux Hanoukka à tous les juifs de Turquie au début des huit jours de fête la semaine dernière, citant les progrès de son pays dans l’établissement d’une société multiethnique et multiconfessionnelle.
« Les réformes que nous avons mises en œuvre, en particulier au cours des treize dernières années, ont permis à tous nos citoyens de vivre librement leur foi, de renforcer le sentiment d’unité, de solidarité et d’appartenance à notre précieuse nation », a-t-il indiqué dans un communiqué.
« Nos citoyens juifs constituent un élément indispensable de notre société et c’est fort de ces pensées que je souhaite à tous les juifs la paix, le bonheur et le bien-être à l’occasion de Hanoukka. »
La population juive de Turquie est la plus grande du Moyen-Orient hors d’Israël et remonte à un afflux important de juifs dans l’Empire ottoman au XVe siècle suite aux pogroms en Europe.
Bien que beaucoup aient émigré en Israël dans les décennies suivant sa création, il reste encore au moins 26 000 juifs vivant en Turquie.
Cependant, certains groupes juifs ont exprimé leur inquiétude à propos d’allégations de montée de l’antisémitisme au sein de la république, en montrant particulièrement du doigt un certain nombre de journaux, certains liés au Parti de la justice et du développement (AKP), publiant des théories du complot antisémites en une.
Malgré ses paroles cordiales, Erdoğan a aussi été accusé par le passé d’utiliser un langage antisémite.
Suite aux critiques de son gouvernement par le New York Times dans la période qui a précédé les élections législatives de juin, il a affirmé que le journal était soutenu par le « capital juif ».
« Maintenant, ils crachent la même haine sur moi… il est clair qui sont leurs patrons. C’est le capital juif qui est derrière, hélas », avait-t-il déclaré lors d’un rassemblement de ses partisans.
Une grande partie de la controverse est due à une très forte identification de l’opinion publique turque à la cause palestinienne et à son hostilité envers Israël.
« Erdoğan et l’AKP utilisent une flagrante rhétorique anti-Israël pour obtenir des voix et cela nous revient en tant que haine antisémite », a rapporté Denis Ojalvo, un expert juif des relations internationales vivant à Istanbul, au magazine juif américain Forward.
« Les Turcs ordinaires sont incapables de faire la distinction entre Israël et les juifs. »
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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