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La cité antique de Palmyre est à 80 % en « bon état », selon un expert syrien

Le directeur des Antiquités de Syrie a indiqué qu’une grande partie du site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO est intacte, selon les premières enquêtes menées suite à la défaite du groupe État islamique
Vestiges de l’Arc de triomphe de Palmyre, photographiés le 27 mars 2016 (AFP)

D’après le directeur des Antiquités de Syrie, la cité antique de Palmyre est à 80 % en « bon état », mais plusieurs années seront nécessaires pour restaurer les bâtiments touchés, selon les premières enquêtes menées sur les ruines depuis que l’armée syrienne a chassé les militants de l’État islamique.

Maamoun Abdulkarim a indiqué à l’AFP ce lundi que son service aurait besoin de cinq ans pour restaurer le site suite aux dégâts causés par le groupe.

« Quatre-vingt pour cent des ruines sont en bon état », a-t-il affirmé.

« Si nous avons l’approbation de l’UNESCO, il nous faudra cinq ans pour restaurer les bâtiments endommagés ou détruits par l’État islamique », a-t-il précisé, formulant l’espoir que les travaux puissent démarrer dans un délai d’une année.

Abdulkarim a décrit les destructions à Palmyre comme un « crime de guerre », ajoutant que le monde « aurait pu perdre complètement Palmyre... La joie que je ressens est indescriptible. »

La directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a salué la « libération » de Palmyre et annoncé le déploiement par l’agence d’experts pour évaluer les dégâts sur le site, en coordination avec des responsables du gouvernement syrien.

De nombreuses personnes de par le monde ont célébré la reconquête de la ville antique emblématique ce dimanche, un événement majeur pour lequel le maire de Londres Boris Johnson a écrit un article d’opinion dans le Telegraph de dimanche soir intitulé « Bravo for Assad » (« Bravo Assad »), dans lequel il a fait l’éloge du « succès militaire d’un des régimes les plus infâmes de la planète ».

Cette avancée n’a cependant pas été saluée unanimement, les membres de l’opposition syrienne accusant les forces pro-gouvernementales d’avoir coordonné la reprise de la ville avec l’État islamique.

Asaad Aoun al-Zaabi, chef du bloc de négociation de l’opposition à Assad, a affirmé ce lundi que l’État islamique avait accepté de se retirer de Palmyre pour donner au gouvernement davantage de poids lors des pourparlers de paix à venir.

Ces propos ont été formulés après que l’armée syrienne a vaincu l’État islamique à Palmyre ce dimanche, point culminant d’une offensive de trois semaines soutenue par une campagne intensive de frappes aériennes russes dans la ville et aux alentours de celle-ci.

L’État islamique a envahi Palmyre en mai dernier et s’est servi de son amphithéâtre pour procéder à des exécutions publiques, assassinant notamment l’ancien directeur des antiquités de la ville, Khaled al-Assaad, âgé de 82 ans.

Le groupe a détruit le sanctuaire de Baalshamin, démoli le temple de Baal vieux de 2 000 ans, fait exploser l’Arc de triomphe datant du IIe siècle et détruit une douzaine de tours funéraires parmi les mieux conservées de la cité.

Les zones résidentielles de la ville moderne adjacente, où 70 000 personnes vivaient avant la guerre, étaient désertes et largement endommagées, a indiqué le correspondant.

« Tout le monde s’enflamme parce que Palmyre est "libérée", mais il ne faut pas oublier tout ce qui a été détruit », a déclaré Annie Sartre-Fauriat, membre d’un groupe d’experts de l’UNESCO pour le patrimoine syrien.

« Je suis très perplexe sur la capacité de rebâtir le site de Palmyre, même avec l’aide internationale. Il y aura peut-être d’autres priorités avant de reconstruire des ruines. »

Les forces syriennes profitent de leur avantage

Les forces gouvernementales se sont attaquées ce lundi à des villes voisines contrôlées par l’État islamique, dont al-Qaryatain, au sud-ouest de Palmyre, et Sokhné, au nord-est.

« L’armée était concentrée autour d’al-Qaryatain, et aujourd’hui, les opérations militaires ont commencé », a déclaré à l’AFP une source militaire à Palmyre.

« C’est le prochain objectif de l’armée syrienne, qui a également les yeux rivés sur Sokhné. »

Au moins 400 combattants de l’État islamique ont été tués au cours de la bataille pour la ville, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Du côté du gouvernement, 188 soldats et miliciens ont été tués.

La cité antique, située au nord-est de Damas, attirait 150 000 touristes par an avant la guerre civile en Syrie et est connue des Syriens sous le surnom de « Perle du désert ».

La télévision d’État syrienne a diffusé des images prises depuis l’intérieur du célèbre musée de Palmyre, montrant des morceaux déchiquetés de sculptures jonchant le sol et recouverts de poussière.

Le président Bachar al-Assad a salué une victoire « importante » à Palmyre.

L’État islamique subit une pression croissante des forces syriennes et irakiennes déterminées à reprendre les bastions de son « califat » auto-proclamé.

Jeudi, l’armée irakienne a annoncé le lancement d’une offensive dont le but final est de reprendre Mossoul, contrôlée par les militants depuis juin 2014.

Les forces russes, qui sont intervenues en septembre dernier pour soutenir Assad, leur allié de longue date, ont été fortement impliquées dans l’offensive de Palmyre malgré un retrait majeur annoncé la semaine dernière.

Les avions de combat russes ont procédé à 40 sorties de combat autour de Palmyre au cours des 24 dernières heures, frappant 117 « cibles terroristes » et tuant 80 combattants de l’État islamique, a déclaré ce dimanche le ministère de la Défense de Moscou.

Poutine a téléphoné à Assad pour féliciter le dirigeant syrien, ajoutant que « les succès tels que la libération de Palmyre seraient impossibles sans le soutien de la Russie », a indiqué un porte-parole du Kremlin.

Assad a déclaré que la victoire était « une nouvelle preuve de l’efficacité de l’armée syrienne et de ses alliés dans la lutte contre le terrorisme ».

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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