La torture est toujours employée dans les prisons de Bahreïn, selon un rapport
Les forces de sécurité bahreïnies torturent des détenus pendant les interrogatoires, tandis que les organismes de réglementation mis en place après le soulèvement de 2011 « manquent d’indépendance » et que les autorités ne sont pas tenus responsables, a indiqué Human Rights Watch ce lundi.
Le Bahreïn, allié clé de l’Occident, est secoué par un soulèvement depuis février 2011 et des revendications allant de l’établissement d’une monarchie constitutionnelle au renversement complet de la dynastie al-Khalifa au pouvoir.
Plusieurs dizaines d’opposants bahreïnis ont été détenus et un grand nombre d’entre eux ont subi un procès, tandis que d’autres personnes condamnées pour avoir participé à des violences se sont vu infliger de lourdes peines, dont la révocation de la citoyenneté et des peines d’emprisonnement à perpétuité.
Dans son rapport de 84 pages, HRW a indiqué avoir interviewé 10 détenus « qui ont déclaré avoir subi des interrogatoires coercitifs » des autorités.
Le groupe basé à New York a cité quatre autres détenus de la prison de Jaw « qui ont affirmé avoir été torturés par les autorités en mars 2015 », quatre ans après les réformes qui ont été annoncées suite à l’écrasement de la révolte initiale.
Parmi les violences physiques, les détenus ont indiqué « avoir subi des chocs électriques ; avoir été suspendus dans des positions douloureuses, notamment par les poignets, alors qu’ils étaient menottés ; avoir été forcés à rester debout ; avoir été soumis à un froid extrême ; et avoir subi des abus sexuels », a rapporté HRW.
La Commission d’enquête indépendante de Bahreïn (BICI), mise en place par le roi Hamed pour enquêter sur les allégations d’actes répréhensibles commis par le gouvernement, a écrit dans un rapport daté de novembre 2011 que la police avait eu recours à une « force excessive » et torturé des détenus lors de la répression lancée cette année-là contre les opposants.
Plus de quatre ans plus tard, la situation reste inchangée malgré la création de trois organes par le gouvernement pour mettre fin à la torture au cours des interrogatoires et dans les centres de détention, selon HRW.
« [Bahreïn] ne peut pas se targuer de progrès sur la torture, alors que ses institutions anti-torture manquent d’indépendance et de transparence, et tant qu’il n’aura pas pris de mesures sérieuses pour lutter contre le total manque de responsabilisation en ce qui concerne les abus contre les détenus », a soutenu Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW.
« Bahreïn et ses alliés ne sont tout simplement pas crédibles quand ils affirment que les autorités ont mis fin à la torture de détenus. »
« Toutes les preuves dont nous disposons indiquent que les nouvelles institutions n’ont pas lutté efficacement contre ce que le rapport de la BICI décrivait comme une “culture de l’impunité” au sein des forces de sécurité. »
Ces institutions, contrôlées par le ministère de l’Intérieur et le procureur général, fournissent « peu » d’informations sur « les plaintes, les enquêtes et les poursuites judiciaires », a indiqué l’organisme de défense des droits de l’homme.
HRW a recommandé aux autorités de ce minuscule royaume d’une importance pourtant stratégique de veiller à maintenir la neutralité de ces organismes et de former à cette fin un comité civil composé d’experts indépendants.
L’organisme a exhorté Bahreïn à « adresser une invitation immédiate et ouverte au Rapporteur spécial de l’ONU sur la torture afin qu’il puisse se rendre dans ce pays, et lui donner accès sans entraves aux détenus et aux lieux de détention ».
Bahreïn abrite la Cinquième flotte des États-Unis, et des travaux ont également été entamés dans le royaume le 31 octobre pour construire la première base militaire britannique permanente au Moyen-Orient depuis 1971.
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation
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