L’Algérie met en garde contre une intervention étrangère en Afrique du Nord
Le ministre des Affaires étrangères algérien a mis en garde contre les dangers d’une intervention étrangère en Afrique du Nord, avant une conférence mardi à Alger pour discuter de la crise en Libye.
Le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a déclaré à l’Independent qu’une intervention militaire étrangère « peut devenir une partie du problème et non de la solution ».
« Cela augmente la probabilité de surcroît d’activités terroristes et de déstabilisation dans les pays qui sont opposés à une intervention étrangère », a-t-il indiqué lors d’une rare interview publique.
Mardi, Alger a accueilli une conférence pour discuter de la Libye en présence des ministres des Affaires étrangères de la région, notamment les ministres égyptien et tunisien, ainsi que des représentants de la Ligue arabe, de l’Union européenne, et du nouvel émissaire de l’ONU en Libye Martin Kobler.
Lamamra a souligné que l’instabilité dans les pays voisins de l’Algérie « concerne notre propre sécurité ».
« Chaque fois que vous contribuez à résoudre ce genre de problèmes dans le territoire de votre voisin, vous protégez et améliorez votre propre sécurité nationale », a-t-il expliqué à l’Independent.
L’Algérie est farouchement opposée à une intervention militaire en Libye, et ses responsables ont prévenu à plusieurs reprises que cela ne ferait qu’empirer une situation déjà complexe.
« L’intervention étrangère peut avoir empêché les Libyens eux-mêmes de s’engager dans le genre de solution que l’Union africaine proposait à l’époque, à savoir une transition pacifique », a déclaré Lamamra, faisant référence à l’intervention de l’OTAN en 2011 qui a aidé des groupes rebelles libyens à renverser Mouammar Kadhafi.
La Libye est plongée dans le chaos depuis la révolution de 2011 ; cette nation africaine riche en ressources s’est embourbée dans la guerre civile et est rongée par des milices armées qui cherchent à prendre le contrôle des plus grandes réserves de pétrole du continent.
Le groupe État islamique a profité du vide politique libyen pour prendre le contrôle de la ville côtière de Syrte et de nombreuses attaques extrémistes régionales semblent avoir été planifiées sur le territoire libyen, y compris le récent attentat-suicide dans un bus en Tunisie.
Cela a conduit l’autoritaire Algérie à s’inquiéter davantage de la sécurité de ses frontières et à voir d’un mauvais œil les interférences dans la transition démocratique des pays voisins, dont la Tunisie.
Middle East Eye a rapporté lundi que les autorités algériennes ont prévenu leurs homologues tunisiennes au début de novembre que les Émirats arabes unis les avaient approchées et leur avaient proposé une collaboration visant à déstabiliser la Tunisie.
L’Algérie, qui a récemment remplacé son chef des renseignements, pense que toute tentative de déstabilisation de la Tunisie – ou de tout autre de ses voisins – entraînera une montée du terrorisme et donc de son impact négatif sur la sécurité intérieure.
Lamamra a déclaré à l’Independent que l’Algérie favorise la médiation discrète, plutôt que l’intervention militaire ou la diplomatie publique.
« L’Algérie croit que la discrétion est toujours la clé de la réussite de la médiation », a-t-il indiqué, se référant à un accord négocié par l’Algérie plus tôt cette année au Mali.
La conférence de mardi à Alger visait à revigorer les efforts pour conclure un accord de paix en Libye afin de former un gouvernement d’unité nationale.
Elle intervient après que le précédent émissaire de l’ONU Bernardino León a quitté son poste suite à une controverse selon laquelle il aurait travaillé pour le compte des Émirats arabes unis en prenant partie dans la guerre civile libyenne.
Lamamra a encouragé le nouvel émissaire de l’ONU, Martin Kobler, à donner à la région un plus grand rôle dans le processus de paix en Libye, arguant que les voisins de la Libye « sont les mieux placés pour comprendre sa culture, ses habitudes, ses traditions. »
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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